lundi 28 mars 2011

centrafrique-france : de l'application des accords de défense



En 2002, à la demande de Laurent Gbagbo, Jacques Chirac refuse de l'aider à anéantir la rébellion venue du Burkina Faso. En 2007 pourtant la grande muette française combat aux côté de François Bozizé contre des rebelles.

Certains Africains ont affirmé qu'au regard de son nouvel activisme contre Laurent Gbagbo depuis décembre 2010, la France inaugurait une nouvelle politique en faveur de la "démocratie" en Afrique. Les présidentielles de Centrafrique du 23 janvier 2011 ont démontré tout le contraire. La France est et sera contre la démocratie en Afrique aussi longtemps que les Africains la laisseront faire.

Le document de 2007 suivant de Human Rights Watch, relu pour nous par Juliette Abandokwe, milaitante pour la démocratie en Centrafrique, est très édifiant. On chasse les présidents démocratiquement élus par les peuples, pour installer par les armes, des laquais. Qui s'étonnera alors que l'Afrique demeure le musée mondial de la misère, des maladies et de l'analphabétisme?

Relu pour vous


Le rôle trouble de l'armée française en Centrafrique


19 septembre 2007
Human Rights Watch


L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch vient de publier un rapport dénonçant les exactions commises en République centrafricaine par l’armée gouvernementale et par certains mouvements rebelles.

Elle accuse l’armée et plus spécialement la Garde présidentielle d’avoir exécuté des centaines de civils, d’avoir incendié des villages entiers et d’avoir causé de ce fait le déplacement d’environ deux cent mille personnes. Les groupes rebelles sont quant à eux accusés de rançonner la population locale, d’enlever des enfants pour les intégrer dans leurs troupes et de procéder eux-mêmes parfois à des exactions sommaires.

Les troubles ont débuté en 2005, peu après la victoire contestée de François Bozizé aux élections présidentielles, avec le soutien de la France. Celui-ci était lui-même arrivé au pouvoir, en 2003, en renversant son prédécesseur Ange-Félix Patassé. Deux mouvements de rébellion sont alors nés : l’APRD, dans le Nord-Ouest, regroupant en majorité des ex-membres de la Garde présidentielle de Patassé et l’UFDR, qui s’est illustré récemment en prenant le contrôle d’une partie des villes du pays. Il a fallu l’intervention de l’armée française et de ses mirages F1 pour stopper l’avancée rebelle, qui était sur le point de pénétrer dans la capitale. Signalons également que l’APRD s’est illustrée en juin dernier en tuant, par erreur semble-t-il, une volontaire française de Médecins sans frontières, alors que le véhicule de l’ONG française traversait leur zone.

Les exactions menées contre les populations civiles sont généralement des opérations de représailles subséquentes à des attaques rebelles. Les populations souçonnées de soutenir les rebelles voient leurs villages détruits et sont obligés de se réfugier en brousse, dans des conditions sanitaires souvent déplorables (pas d’accès à l’eau potable...).

Le problème principal est qu’il est impossible, étant donné les liens entre l’armée française et les forces centrafricaines, que les militaires français ignorent ce qui se passe. Ils sont même parfois aux premières loges :

"Lors de la contre-offensive de novembre-décembre, les troupes des FACA et de la GP ont commencé à mettre le feu à des habitations dans la ville gula de Ouandja en présence des soldats français et elles ont ensuite exécuté des civils après que les troupes françaises ont poursuivi leur route." (Etat d’anarchie, rébellions et exactions contre la population civile, Human Rights Watch, septembre 2007)

En résumé, l’armée française ferme les yeux sur ce qui se passe et les politiques également.

"A ce jour, les autorités françaises ont observé un silence presque absolu sur les violations des droits humains et les éventuels crimes de guerre commis par les militaires centrafricains."

Il serait donc temps que l’armée française arrête de fermer les yeux sur les violations des droits de l’homme commises par une armée qu’elle soutient et forme en vertu des accords de défense conclus avec le régime centrafricain.

Pour triompher, le mal n'a besoin que de l'inaction des gens de bien.

Edmund Burke

Source : www.juliette.abandokwe.over-blog.com

in Le Filament N°14

En attendant le vote des betes sauvages...




Un écrivain, Ahmadou Kourouma, Ivoirien de surcroit, raconta en paraboles et comme de manière prémonitoire, dans son livre sarcastique En attendant le vote des bêtes sauvages « le côté ubuesque voire même grotesque des dirigeants mais aussi des peuples face à cette procédure de sélection politique très particulière qu’est le vote .. Sur quoi repose-t-il en dernière instance ? Il caricaturait et expliquait combien les forces en présence utilisent, les unes comme les autres, des artifices pour gagner. Mais, dans le cas précis de cette élection ivoirienne, il y a plus qu’une caricature : les enjeux sont si énormes que tous les moyens ont été mis en œuvre pour conduire à l’impasse actuelle.

La balle est maintenant dans le camp des Ivoiriens, y compris M. Gbagbo et M. Ouattara en premier lieu : ceux-ci se laisseront-ils imposer la suite de leur histoire par les circonstances des autres ? C’est à eux d’en juger... Mais, qu’ils sachent ceci : l’Afrique toute entière, l’Afrique des novateurs, l’Afrique des femmes et des jeunes, les regarde ! Comme tous les patriotes. Car, si le sang des patriotes est une semence du patriotisme, comme le dit Ernest Ouandié, trop de sang coulé finit par rendre exsangue toute forme de patriotisme. Alors, l’heure est venue : il faut se ressaisir et reprendre les élections, sans attendre le vote des bêtes sauvages.

Suzanne Kala Lobé,

Source : La Nouvelle Expression, Douala, Cameroun.

Paru dans le Filament N°14

il ne s'agit pas d'etre pro-Ouattara ou pro-Gbagbo

« Nos journaux n'ont pas besoin d'être pro-ouattara ou pro-gbagbo pour traiter de l'actualité ivoirienne. En tant qu'instrument d'information, ils devront être en faveur de la vérité, de la legitimité et de la justice. Ces éléments, s’ils sont respectés, seraient capables, à eux seuls, de justifier des articles en faveur du nouveau président élu… et d’un autre demain (dans 5 ans, j'espère bien). Il ne s'agit pas ici de défendre un individu, mais de défendre nos institutions, nos lois et notre démocratie, aujourd'hui pris en otage par un individu qui se croit le futur de notre pays… ».


Albert Kouakou Kan,

in Le banco.net, 10/02/2011

in Le Filament N°14

La Cote d’Ivoire : Hirondelle du printemps africain ?


Communauté internationale et consorts, me direz-vous un jour de quel charme improbable, de quelle virginité soudaine, vous habillez Alassane Ouattara l’ancien Premier Ministre dont on peut dire, sans méchanceté aucune, qu’il incarne un passé bien peu démocratique dont furent d’ailleurs victimes des Ivoiriens coupables d’opposition, et son âme damnée le rebelle Guillaume Soro, improbable faiseur de rois, qui promet des châtiments à tire-larigot !

Me direz-vous un jour ce que vous récompensez en eux (pour Salomé, fille d’Hérodiade, ce furent ses talents de danseuse) pour leur offrir sur un plateau comme jadis celle de Jean-Baptiste, la tête de la Côte d’Ivoire qui ne vous appartient pas !

Quels intérêts – permettez-moi une naïveté passagère, ponctuelle – vous poussent à la diabolisation subite d’un homme, Laurent Gbagbo, qui fut le seul leader ivoirien à mener une opposition impossible mais pacifique à Félix Houphouët-Boigny, à accepter la prison et l’exil, à briguer la magistrature suprême, à la gagner en venant de l’opposition, sans jamais avoir compromis son combat par l’acceptation d’un maroquin corrupteur ;

Qui peut dire avec Rabemananjara «mes doigts sont clairs comme le printemps, mon cœur est neuf comme une hostie».

Dans une chronique récente, j’interpellais les intellectuels africains, afin qu’ils prennent position, qu’ils embarquent dans ce train de la renaissance qui passe devant leur porte. Parodiant Aimé Césaire, je leur intimais de parler, afin d’attaquer à leurs bases, oppression et servitude pour rendre possible la fraternité. Quelques-uns l’avaient déjà fait. D’autres m’ont écouté, notamment Calixthe Bayala, Olympe Bhêly-Quenum, Tierno Monenembo, Achille Mbembe, etc. Lequel a tissé le moindre laurier même en papier recyclé à la «communauté internationale» ? Lequel a salué Barack Obama ou encensé Nicolas Sarkozy ? Combien ont reconnu la légitimité de Ouattara ? Lequel n’a pas apporté son soutien explicite ou implicite à Laurent Gbagbo, les plus minimalistes demandant comme lui, que l’on respecte les textes d’un état souverain ; que l’on arrête les bruits de bottes et les rodomontades grotesques – incontournable pléonasme –, que cette affaire soit laissée à la discrétion des Ivoiriens ! Quel homme politique africain a envoyé le plus petit courriel de félicitation à Ouattara ?

Qui pourrait comprendre que, au lendemain de la célébration du cinquantenaire des indépendances des anciennes colonies françaises d’Afrique, ce continent soit encore regardé avec les yeux du documentaire récemment diffusé par France télévision sur la Françafrique, documentaire inattendument prophétique, qui annonçait la victoire de Ouattara –, les explications alambiquées du réalisateur n’y pourront rien – alors qu’il avait été produit des mois avant les élections ivoiriennes ? Qui peut accepter qu’un certain Monsieur Choi se comporte encore comme un commandant de cercle ?

Nos enfants ne nous mépriseraient-il pas, à juste titre, s’ils savaient que nous étions restés muets devant le spectacle grotesque d’une furtive proclamation de la victoire d’un candidat par les ambassadeurs étrangers dans son Quartier Général.

Gaston Kelman,

(Extrait de « Pouvais-je rester sourd à tant de souffrances bafouées ? »).

in Le Filament N°14
 

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