mardi 25 mai 2010

De l'intérêt Général

Quand on regarde la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui et le comportement de sa population, on est forcé de reconnaître que l’un des grands problèmes qui se posent à nous, c’est notre égoïsme. Rien ne doit profiter à personne, si ça ne nous profite pas en particulier, telle est la devise. Si bien que personne ne se soucie de l’intérêt général, de l’intérêt de la Nation. Ce qui compte, c’est soi. Et, si cette crise de laquelle nous peinons à sortir perdure, c’est bien parce que, tous, nous posons des actes dans le seul souci à chacun de se satisfaire soi-même.

Et pourtant, partout où il y a un souffle de vie, s’observe un principe selon lequel chacun des éléments d’un groupe doit contribuer à la vie et à la prospérité du groupe tout entier. Car, les différents éléments sont complémentaires, interdépendants. Et chaque élément bénéficie de la participation des autres. D’où, le concept de l’intérêt général ou de la « communauté d’intérêt ».

Prenons l’exemple de l’organisme humain. Si ses différents organes fonctionnent de manière anarchique et individuelle ou singulière, au lieu de se compléter dans une logique de l’intérêt général, l’organisme, à coup sûr, ne survivra pas. Il serait privé de cohésion. Le cancer le démontre assez bien. Il s’agit d’une cellule qui se multiplie anarchiquement, ne se souciant que de son intérêt. Au bout d’un certain temps, il (le cancer) va se généraliser, c'est-à-dire occuper tout seul tout l’organisme, et enfin de compte, mourir avec l’organisme qu’il a détruit. En privilégiant, égoïstement, son intérêt, en s’opposant à l’esprit de l’intérêt commun, il (le cancer) a provoqué son autodestruction.
Autre exemple. Si nous considérons la vie d’une plante, on remarquera qu’il y a certains éléments qui vont capter l’énergie solaire, d’autres vont puiser l’eau et les aliments nutritifs : chacun de ces éléments participe à la vie et à la prospérité de la plante dans son ensemble. Il y a une organisation conçue pour coordonner les intérêts particuliers dans une logique d’intérêt commun. Aucune des parties, notamment des racines aux feuilles, n’est exclue des «bénéfices» engendrés par le «travail» de chacun. Cette organisation est, par sa nature, non-discriminatoire. Chacune des parties a donc intérêt à ne pas perdre de vue l’intérêt général, en vue de favoriser, sauvegarder le fonctionnement harmonieux du groupe.
Pour reprendre l’exemple de la plante, supposons que les éléments qui la composent soient totalement indépendants les uns des autres, il se trouvera évident que chacun de ces éléments devrait assumer seul toutes les fonctions qui étaient auparavant partagées : capter l’énergie solaire, puiser les éléments nutritifs, se reproduire, etc. Ces éléments indépendants n’auraient plus aucun motif de s’associer pour former une plante, et la plante elle-même n’aurait plus de raison d’être.
En analysant cette logique, on constate, en effet, que le principe de l’intérêt général contient implicitement les notions de solidarité, d’équité, de liberté, etc. Nous sous-estimons, très souvent, les propriétés que présente cette logique de l’intérêt général. Au point qu’elle nous paraît tout simplement «normale», au même titre que l’existence de la pluie et des arbres. A force de l’avoir devant les yeux, nous n’y faisons plus vraiment attention. Pourtant, il suffit d’imaginer une société sans ordre ni loi, une société sans organisation, pour nous rendre à l’évidence des avantages extraordinaires qu’offre l’intérêt général. Celui-ci assure une plus grande efficacité, un meilleur rendement, une meilleure survie, au contraire d’une organisation qui n’est pas régie par la logique de l’intérêt général.
Lorsque, dans un milieu, un élément évolue indépendamment des autres, il cesse de se conformer à la logique de l’intérêt général. Pareil au comportement d’une cellule devenue cancéreuse et qui n’obéit plus à la logique de l’intérêt général, ayant «choisi» d’évoluer de manière individuelle, sans tenir compte de la réalité au sein du groupe.
La logique de l’intérêt général s’oppose donc au chaos. Elle en est l’antithèse. On pourrait la comparer au principe d’une chorale. En effet, dans une chorale, le maître de chœur veille à ce que chacun des choristes joue sa partition en conformité et en complémentarité avec tous les autres, même si chaque élément de l’ensemble évolue dans une voix spécifique. Les choristes n’ont même pas besoin de s’accorder entre eux. Il suffit seulement à chacun de respecter le rythme indiqué par le maître de chœur. Et sa voix se trouve alors automatiquement en symbiose avec toutes les autres. Le maître de chœur est la référence pour tous. Cette coordination des choristes, par une référence commune, fait que l’ensemble de la chorale produit une harmonie. Au lieu d’une cacophonie. Sans maître de chœur, cette harmonie serait extrêmement difficile à atteindre. Et presque impossible à faire durer. Parce qu’il n’y aurait aucun principe de stabilité pour s’opposer aux tendances cacophoniques de chacun des choristes.
De même, l’équilibre dans un pays ne résulte pas d’un hasard. Il est organisé et coordonné par des relations de cause à effet. Chaque individu ne doit pas se préoccuper que de son intérêt personnel. Tous les intérêts de tous les individus doivent être coordonnés par une logique qui doit viser à promouvoir l’Intérêt Général. Si les Ivoiriens avaient, un temps soit peu, le souci de l’intérêt du bien public, de la Nation et du devenir de notre pays, en lieu et place de leurs intérêts personnels, égoïstes, il y a longtemps qu’on serait sorti de cette crise morale, éthique, culturelle et, finalement économique et politique qui nous consume lentement mais sûrement.

Serge Grah
(Journaliste, Ambassadeur Universel pour la Paix).

Un article paru dans La chronique sous l'art à palabres du Filament N°4



mercredi 19 mai 2010

Tidjane Thiam

Premier Noir dans le cercle des géants des assurances mondiales, Premier Noir à la tête de la plus importante multinationale de Grande-Bretagne.


Au tableau d'honneur de ce numéro 5 du Filament, nous vous présentons M. Tidjane Thiam, un chef d'entreprise ivoirien,. Actuellement PDG de Prudential Plc, principale compagnie d'assurance du Royaume-Uni présente aux Etats-Unis, en Asie et en Grande-Bretagne, cet homme mérite de figurer au tableau d’honneur. Parce que, au-delà des controverses et autres accusations dont il est, à tort ou à raison, l’objet, il a, selon l’expression de Charles Bambara, un « destin étonnant ». Jugez-en vous-même.

«Je suis noir, africain, francophone et je mesure 1,93 mètre». Voilà comment cet ex-polytechnicien franco-ivoirien, M. Tidjane Thiam, né le 29 juillet 1962 à Abidjan, se décrit lui-même. Sans oublier que, avec ses petites lunettes et son sourire en coin, il séduit plus d’un. Alors âgé de 40 ans, il travaillait pour le cabinet international d'études McKinsey. Auparavant, il avait été échaudé, contrarié par toutes les difficultés qu'il rencontrait pour trouver un poste à la hauteur de ses compétences et de ses ambitions en France. Pourtant, son CV était censé ne pas laisser les recruteurs indifférents. En outre, non seulement il est issu d'une famille de haut standing, en tant que neveu d’Houphouët-Boigny et fils de l'ancien ministre ivoirien de l'Information (M. Amadou Thiam), mais de plus, il a intégré la crème des écoles française, l'Ecole Polytechnique de Paris, où il a fait un parcours sans faute et décroché un diplôme d'ingénieur civil des Mines de Paris, en étant majeur de sa promotion, en 1986. La même année, il a complété ce parcours, déjà non moins brillant, par un MBA à l'INSEAD. Muni de ces diplômes, il prend une année sabbatique pour suivre le Programme des jeunes professionnels de la Banque Mondiale. Un programme de formation conçu pour attirer les meilleurs jeunes talents de part le monde.

Eu égard à certaines difficultés, liées principalement à la couleur de sa peau, il s’engage dans la lutte contre la discrimination qu'il a personnellement vécue, comme bien d’autres intellectuels ou diplômés africains. Ce combat, il le raconte dans un texte intitulé «Qu'est-ce qu'être français», écrit pour le think-tank «L'Institut Montaigne». M. Tidjane Thiam y relate sa «frustration», quand l'un de ses camarades d'école devenu « chasseur de têtes » lui annonce avoir rayé son nom de la liste «parce que la réponse invariablement était : « profil intéressant et impressionnant, mais vous comprenez…». Il se dit fatigué de heurter sans cesse ce «plafond de verre», image économique qui désigne les difficultés d'une catégorie de personne à accéder à un poste de très haute responsabilité....

M. Tidjane Thiam a débuté sa carrière en 1986 comme consultant chez McKinsey, où il participe, au sein des bureaux de Paris, New York, et des principaux pays de l’Union Européenne, jusqu’en 1994, à des missions de restructuration opérationnelle ou financière, d’acquisition, de fusion internationales et de stratégie pour le compte de grandes entreprises dans les secteurs financier et industriel. En 1989, il a pris un congé sabbatique d’un an pour travailler comme « Young Professional » à la Banque Mondiale, à Washington, dans un programme destiné aux meilleurs jeunes talents de par le monde.

Sa carrière politique

En 1993, il revient dans son pays natal, la Côte d'Ivoire. Expliquant les raisons qui l’avaient conduit à accepter de retourner en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam a confié au Guardian : "C’est très compliqué lorsque vous êtes Africain et que vous vivez dans un pays développé. Vous voyez tous les problèmes qui existent et je dois dire que je me sentais coupable. Je me disais qu’il y avait beaucoup à faire". Et, cette même année où M. Henri Konan Bédié devient le nouveau président de la Côte d’Ivoire, à la suite du décès de Félix Houphouët-Boigny. Alors, Toujours est-il que revenu en Côte d'Ivoire, M. Tidjane Thiam entame une carrière dans la politique, avec là aussi, un parcours exemplaire : Responsable du Bureau National d'Etudes Techniques et de Développement (BNTD), en 1994 ; Sélectionné, en août 1998, parmi les «100 leaders les plus prometteurs de demain» du Forum de Davos (Young Global Leaders of Tomorrow) ; élu membre du Dream Cabinet en 1999 et du Conseil Consultatif de l'Institut de la Banque Mondiale ; ministre du Plan et du Développement dans le gouvernement de M. Henri Konan Bédié, poste qu’il occupera jusqu'au coup d'Etat de décembre 1999. M. Henri Konan Bédié est renversé tandis que le général Robert Gueï prend le pouvoir. M. Tidjane Thiam est assigné à résidence, puis finalement libéré. Il repart pour Paris et retourne chez McKinsey, puis, en 2002, accepte un poste chez Aviva, en tant que Directeur de la stratégie et du développement. Il opte pour la Grande-Bretagne qu'il dit «très tolérante et extrêmement ouverte... La Grande-Bretagne m’offre le don le plus precieux : l’indifference a ma couleur».

Un homme très talentueux et ambitieux

En 2004, M. Tidjane Thiam est coopté par M. Tony Blair, premier ministre britannique de l'époque, pour être l'un des membres de sa Commission pour l'Afrique, où il avait été très actif. Il saisit cette opportunité pour refermer la parenthèse politique et revenir aux affaires économiques. Chez Aviva, il gravit rapidement les échelons, jusqu’au poste de Directeur Général du premier assureur en Grande-Bretagne. Mais, contre toute attente, il décide de «rétrograder» au poste de Directeur financier chez Prudential, le principal concurrent de Aviva, en septembre 2007. C’était d’autant plus surprenant que, comme l’a écrit le journaliste britannique Gavin Hinks, « M. Tidjane Thiam est à l'évidence quelqu'un de très talentueux et d'ambitieux. C'est clairement quelqu'un qui est pressenti pour le sommet.. Et, puis, ce n'est pas courant. Ça n'arrive quasiment jamais de retrograder, sauf quand les Directeurs dirigent des divisions beaucoup plus petites… ». Gavin Hinks avait également pressenti et écrit : « M. Tidjane Thiam ne devrait pas rester directeur financier très longtemps». M. Hinks avait vu juste. Car, en effet, en octobre 2009, M. Tidjane Thiam est promu Directeur Général de Prudential, devenant ainsi, le premier noir à la tête d'une très grande multinationale de l'indice FTSE 100. La City, l’un des principaux centres financiers du monde, à Londres, est sous le charme et applaudit des deux mains cette promotion. La place financière de Londres a si bien accueilli cette nomination que l’action de la compagnie a fortement augmenté en bourse.
Depuis son arrivée à la tête de Prudential, les choix stratégiques de M. Tidjane Thiam font l'unanimité. Le dernier en date vers l'Asie ne déroge pas à la règle. En effet, sous son impulsion, le groupe Prudential s’est lancé, avec succès, à la conquête du plus gros marché émergent au monde. Quand M. Tidjane Thiam a officialisé le rachat des activités asiatiques d'AIG par une transaction colossale de 35,5 milliards de dollars, la nouvelle a enthousiasmé toutes les places financières, depuis les Etats-Unis jusqu’à l'Asie, en passant par l'Europe. De plus, Prudential a, toujours sous sa houlette, renoué avec les profits en 2009, avec un bénéfice net de 676 millions de livres (environ 755 millions d'euros) sur l'exercice écoulé, contre une perte de 396 millions de livres (493 millions d'euros) un an plus tôt.

Voilà ce qui justifie que notre choix, pour le tableau d’honneur de ce mois, s’est porté, sans hésitation, sur M. Tidjane Thiam, un homme au « talent exceptionnel » reconnu, qui affiche l'un des parcours les plus atypiques de la City et qui demeure aujourd’hui, le premier patron noir d'une très grande entreprise britannique.

Vous comprenez donc que cet homme-là, M. Tidjane Thiam, qui démontre que c’est par le travail et l’expérience que, partout, on peut arriver au bout de ses ambitions et de son rêve, surtout dans les environnements où la valeur intrinsèque du professionnel compte avant tout, est exemplaire. Cet homme-là, M. Tidjane Thiam, est un des rares économistes, spécialiste de l’assurance, noir, à la tête de la plus importante multinationale de Grande-Bretagne. Il jouit d’une réputation mondiale reconnue… Quoique non exempt de reproches, il demeure, de notre point de vue, un modèle de réussite qui peut inspirer la jeunesse. A ce titre, entre autres, M. Tidjane Thiam mérite, bel et bien, de figurer au tableau d’honneur, afin de « contribuer à enlever, de la tête, de notre jeunesse, le doute et toutes sortes de complexes, du fait qu’ils viennent de l’Afrique ou du fait qu’ils sont noirs.

Léandre Sahiri

Article paru dans la rubrique Tableau d'Honneur du Filament N°5



samedi 15 mai 2010

Côte d’Ivoire : Nous en avons assez des journalistes de paille

Le fait que nous allons souligner dans les lignes qui suivent est très répandu en Afrique. Cependant, pour plus de précision et d’efficacité, nous avons décidé de focaliser notre discussion sur le cas ivoirien. Nous prenons très au sérieux le rôle des médias dans la cité et pour ce fait, nous irons là où il faut pour bien servir nos lecteurs que nous invitons au repas intellectuel servi par « Le Filament ».

De la notion de « liberté d’expression »

Prenons le temps de définir le concept de liberté sous quelques unes de ses multiples formes :
Au plan philosophique, ce concept prend deux routes ou deux orientations. A savoir, par exemple, chez les stoïciens, c’est la faculté liée à l’intelligence et à la raison. Chez Jean Paul Sartre, par contre, la liberté est vue comme un pouvoir perpétuel de dire « non » ou « oui ».
Lorsque nous progressons au sens étymologique, la liberté est synonyme d’indépendance, de libre arbitre. C’est aussi l’état d’une personne qui ne subit pas la contrainte d’une autre personne.
Au plan politique ou encore au niveau du droit national et international (voir la Charte de l’ONU et autres textes adjacents), la liberté est définie comme l’une des conditions sine qua non qui conduisent à l’épanouissement individuel et global. De toutes ces définitions, il ressort que la liberté est indissociable et source de la créativité, du développement et de l’accomplissement des rêves de chacun et de tous.
Quant au concept d’« expression » (qui vient du verbe exprimer), c’est l’action ou la manière dont nous faisons usage de notre voix et de nos gestes pour faire savoir nos états, nos réactions face à un événement, etc. Ainsi par exemple, des expressions, du fait des usages abusifs, ont fait des vagues partout dans le monde et mis le feu aux poudres, à travers les médias surtout, en Afrique et en Côte d’Ivoire en particulier. Ce que nous ne devons pas oublier est qu’il y a une grande différence entre tout concept et son application, parce que nous devons tenir compte de la société dans laquelle nous nous retrouvons.
Souvenons-nous toujours de ce vieux dicton : « Notre liberté s’arrête là où commence celle des autres ». Elle implique que, en dépit de notre liberté ou de notre indépendance, nous ne sommes pas toujours libres, par exemple notre liberté est restreinte par la loi et le contexte sociopolitique ; et ce, dans n’importe quel pays et sous n’importe quel régime politique. Ceci pour dire que le couple de mots « Liberté d’expression » ne devrait pas inciter et exciter les médias africains, et ivoiriens en particulier, à exacerber la violence et la démesure qui poussent, soit vers l’insurrection, soit vers la barbarie. La presse ivoirienne, toutes tendances confondues, donne dans le banditisme littéraire. On écrit parce qu’on est allé à l’école, mais pas pour dire du sérieux, ni critiquer avec objectivité. Nous sommes dans une course où le dénigrement, le mensonge pour le mensonge, le sensationnel, la protection aveugle d’untel par tous les moyens sont devenus la nouvelle donne de la République. Nous sommes en face d’une presse « hollywoodianisée ». L’Etat n’existe pas ou du moins s’il existe, il permet tout parce que les tenants du pouvoir eux-mêmes, à travers leurs tentacules diverses qui courent les rues, sont tombés malheureusement dans le jeu de la « vengeance journalistique ». En Côte d’Ivoire, il est très difficile de voir un journalisme objectif. « Notre Voie » est incapable de critiquer les dérives de certains membres et amis du FPI dans la gestion du bien de la République. Il faut se battre, bec et ongles, pour faire avaler aux Ivoiriens que la couleur rouge qu’ils voient tous, n’est pas rouge, mais qu’elle est plutôt blanche. Aujourd’hui, le manque de franchise ou d’objectivité dans ce canard qui avait eu l’adhésion de beaucoup d’Ivoiriens lorsqu’il était encore « la voix de l’opposition », a galvaudé le concept de « Refondation ». Ce concept qui constitue le nœud de la politique du président Laurent Gbagbo, une fois mentionné, renvoie à la gabegie, au grand vol, au viol, à l’arrogance et à tous autres maux qui rongent la République. « Le Patriote », mordicus, refuse à ce que Beugré Mambé qui a lui-même reconnu avoir hautement trahi la République, démissionne. Ce journal n’a aucune force de dire à la direction du RDR et surtout à M. Alassane Dramane Ouattara qu’il est la gangrène qui ruine la Côte d’Ivoire. De l’autre côté, « le Nouveau Réveil » est incapable de dire à M. Henri Konan Bédié d’aller s’asseoir à Daoukro ou à Cocody parce qu’il est l’un des fossoyeurs de la République et que c’est par pitié qu’il n’est pas, en ce moment, derrière les barreaux. Simplement, nous avons affaire à une presse de paille qui met la République en danger à chacune de ses parutions du premier au trente de chaque mois. Les articles de la presse ivoirienne seront analysés et critiqués, cela est une promesse, mais pour l’instant, à nos lecteurs, nous offrons une vue globale de ce qui se passe dans les colonnes des médias du côté de la Côte d’Ivoire. Dans ce pays, on n’écrit pas pour éduquer, former et construire. Le seul objectif est de détruire tout sur son passage, pourvu qu’on ait de quoi se remplir les pages et le ventre. D’ailleurs, la formation des journalistes eux-mêmes pose beaucoup de problèmes. Sont-ils réellement formés ? Connaissent-ils vraiment la déontologie de leur métier ? Ont-ils réellement conscience le journalisme est à la fois un métier dangereux, instructif, amusant et élévateur ? A voir ce qui est déversé dans les rues chaque jour, nous pouvons déjà dire qu’une poignée de personnes peuvent répondre par l’affirmative aux questions posées.

La liberté d’expression et l’Etat.

L’état est la manière d’être d’une chose, d’un être. Mais, nous n’allons pas nous attarder sur cette première définition parce qu’elle ne constitue pas notre plat du jour. Nous sommes concernés par l’Etat en tant qu’entité politique, c'est-à-dire une société organisée, avec des institutions, des organes politiques, administratifs, juridiques. Pour Max Weber, ce qui fait l’Etat, est « le monopole légitime de l’usage de la force que celui-ci a sur un territoire bien déterminé ». Selon Kant, l’Etat est « l’unification d’une multiplicité d’hommes sous des lois juridiques »1. Quant à Montesquieu, à qui l’on attribue la séparation des pouvoirs dans un Etat démocratique, combinant les concepts de Liberté et de l’Etat, il précise que « dans un Etat, c’est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir. Il faut se mettre dans l’esprit ce que c’est que l’indépendance, et ce que c’est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent : et, si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’y aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir »2.
Eu égard à ces définitions du concept de l’Etat, nous nous rendons compte que la notion de « liberté d’expression », en elle-même comporte de façon intime, les notions de retenue, de mesure et de respect des lois. Il n’est pas normal de faire usage de sa liberté pour abuser autrui. La liberté d’un individu, fût-il roi ou eût-il le privilège de s’exprimer dans les colonnes d’un journal, ne doit pas mettre la nation en péril, ni annihiler la liberté des autres composantes de la société, ne serait-ce pour garantir la paix sociale ou simplement par respect : il faut que les journaux ivoiriens se mettent dans la logique du respect des lois, du respect des autres, du respect de la déontologie du métier et surtout qu’ils sachent que les lois sont créées pour être appliquées. Et donc, s’il y a dérive, l’Etat devrait normalement sévir pour ramener l’ordre à la maison. Par ailleurs, tous les syndicats de journalistes et autres organisations des medias, notamment en Côte d’Ivoire, devraient organiser, très souvent, des cours ou séances aux fins de former leurs membres, les informer, les éduquer, leur apprendre à écrire convenablement et objectivement.
Que les syndicats des journalistes ivoiriens prennent leurs responsabilités. Car, il ne faut pas attendre l’arrestation d’un de leurs membres avant de crier « à la dictature »...
Nous nous battons tous pour plus de liberté, mais apprenons qu’une liberté absolue n’existe nulle part dans le monde. Il faut, dit-on, respecter les lois et les lois te respecteront, si, bien entendu, nous sommes d’accord avec Hegel que « l’Etat est la substance sociale qui est arrivée à la conscience d’elle-même et qui réunit en lui le principe de la famille et le principe de la société civile ».
Que les journalistes ivoiriens apprennent à respecter le métier qu’ils exercent en appliquant le minimum d’objectivité et de contrôle de soi. Sinon, qu’ils le veuillent ou pas, leur liberté individuelle disparaît en face de la « Raison d’état » ou devant la liberté de l’Etat qui donne à ce dernier l’exclusivité de l’usage de la force, à l’intérieur comme hors de ses frontières, pour se faire respecter et pour sauvegarder sa souveraineté, pour protéger sa population. Ces missions de l’Etat ne sauraient disparaître pour faire place à la liberté d’un seul de ses citoyens.
Aux gouvernants comme aux journalistes ivoiriens, et africains en général, nous disons que l’Etat ne saurait être utilisé pour sévir et éradiquer les libertés. Il doit faire la balance ; le juste milieu est conseillé ici. Cependant, les journalistes ne doivent pas voir en cette balance une sorte de faiblesse de la part de l’Etat. Car à la fin de la course, l’Etat sort toujours victorieux.

Enfin, à nos lecteurs, dans l’espoir de recevoir beaucoup plus de suggestions et de critiques de votre part et cela dans le souci de bien vous servir, nous vous disons à très bientôt.

Sylvain de Bogou, Directeur de Rédaction, Le Filament.

Un article paru dans Le Filament N°4

Édito du 15 mai 2010

Ainsi donc, il y a environ quatre mois que votre journal, « Le Filament », existe. Certaines personnes nous suivent depuis la première parution et nous ont souvent manifesté leur fidélité, leur soutien et leur intérêt. D’autres viennent de prendre le train en marche et ont aussitôt pris goût à notre style, à notre indépendance et à notre ligne éditoriale que nous continuerons, contre vents et marées, à garder.

Afin que « Le Filament » demeure à votre goût et réponde encore et toujours à votre attente, nous continuerons d’en améliorer, chaque jour davantage, la présentation et le contenu, grâce à vos critiques, à vos suggestions, à vos soutiens, à vos contributions. Encore une fois, nous vous en remercions.

A ceux et celles qui ne le sauraient pas encore, nous disons que nous avons choisi, le mot « Le Filament » comme titre de votre journal, parce que ce mot, désignant le fil conducteur dans une lampe électrique ou dans une source à décharge ou à incandescence, non seulement conditionne le temps de vie d’une ampoule, mais en plus, il est l’élément indispensable dans le phénomène de production de la lumière. Qui plus est, le filament est le symbole fondamental de la lumière ; et, la lumière, tout le monde le sait, constitue sans doute un des vecteurs et éléments essentiels de notre vie, de nos activités, de notre épanouissement et de notre évolution... C’est cela même qui justifie de notre choix.

En vous souhaitant bonne réception de cette quatrième parution, nous voudrions vous renouveler notre gratitude, à vous tous et toutes, qui nous soutenez, sous quelque forme que ce soit, vous qui nous aidez volontiers à diffuser largement « Le Filament». Nous vous en sommes très reconnaissants et espérons que vous continuerez, encore et encore, à l’offrir GRATUITEMENT, à vos amis, à vos parents, à vos connaissances, par tous les moyens, notamment par email, par fax, par photocopie, par courrier postal, etc. Bonne lecture et à très bientôt.

Léandre Sahiri, Directeur de publication.

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