mardi 15 mai 2012

Au tableau d'honneur : Madame Nyamko Sabuni

Mme Nyamko Sabuni est une femme d’origine congolaise, née en exil au Burundi, arrivée en Suède en 1981, à l’âge de 12 ans, avec sa mère et ses frères et sœurs, pour rejoindre son père, un opposant politique plusieurs fois emprisonné au Zaïre (actuelle RD Congo) et refugié dans ce pays nordique, grâce à Amnesty International : « Mon père et ma mère sont immédiatement entrés dans la vie active (...) ; ce qui fait que, pour nous, il n’y a rien eu de bizarre. Les parents travaillaient, et nous, nous allions à l’école et la vie suivait son cours. A Kungsängen (20 km de Stockholm), nous étions la seule famille d’immigrés visible. 

L’apprentissage du suédois m’a suffi pour me fondre dans mon pays d’accueil. Et puis, le marché du travail et la société suédoise permettaient, dans les années 80, aux immigrés de s’intégrer plus facilement qu’actuellement. Aujourd’hui, la création d’emplois, des cours de langue adaptés et la lutte contre la discrimination sont les clés de l’intégration». « Je me sens congolaise, et fière d’être suédoise » Diplômée en droit et en sciences de l’information et de la communication, Mme Nyamko Sabuni dont l’intégration semble exemplaire et dépourvue de traumatisme, affirme : «Je suis très fière de mes racines, je n’ai jamais eu de problème d’identité». 

Aujourd’hui, Mme Nyamko Sabuni se retrouve Ministre de l'Intégration et de l'Égalité des genres de la Suède, en fonction depuis le 6 octobre 2004. Elle reçoit, dans son bureau coquet et sans luxe apparent, avec respect et attention, mais pas en «gentille maman»… Au-delà des différences de sexe, de couleur de la peau ou d’âge, au-delà des clichés, c’est sur le terrain des idées que Mme Nyamko Sabuni se situe et se bat : «Je ne pense pas faire mon travail très différemment de quelqu’un d’autre simplement parce que je suis noire, mais peut-être plutôt à cause de certains points de vue que j’ai (...) ; cela est plus déterminant», affirme-t-elle en suédois, la langue qu’elle parle parfaitement, tant au travail qu’en famille, parfois en alternance avec le swahili. Toujours sur le terrain des idées, Mme Nyamko Sabuni, avant d’être nommée au gouvernement, avait déjà beaucoup fait parler d’elle, en proposant, alors qu’elle siégeait au parlement, un ensemble de mesures pour combattre la "culture de l’honneur" et la politique d’assistanat : interdiction du port du voile pour les filles de moins de quinze ans, examen gynécologique obligatoire au collège permettant de prévenir et détecter les mutilations génitales, arrêt du financement par l’Etat des écoles religieuses et criminalisation des mariages forcés, etc. « J’ai du mal à voir ou à vivre des injustices sans essayer d’intervenir ». On sait que ces propositions, parmi tant d’autres, lui ont valu des critiques parfois acerbes et même d’être qualifiée d’«islamophobe». 

A ses détracteurs, Mme Nyamko Sabuni répond : «je dis avec honnêteté comment sont les choses : je crois toujours en ces propositions… J’ai joué mon rôle, j’ai initié un débat. En tant que ministre, je fais appliquer la politique sur laquelle nous sommes tombés d’accord... En tout cas, le plus important, pour moi, est que nous ayons un dialogue, un débat, et que nous décidions ensemble de ce qu’il est possible de faire... Pour moi, il est très important que les gens sachent et prennent conscience du fait que, ici, ils ont des possibilités et des avantages, mais aussi des obligations et des exigences… ». 

On comprend, par de telles propositions, que Mme Nyamko Sabuni est farouchement opposée aux pratiques culturelles ou religieuses, notamment lorsqu’elles ne respectent pas la Constitution, ni les droits de l’Homme. On note que, à l’heure actuelle, environ 100.000 filles en Suède subissent "la culture de l’honneur", une notion qui englobe, pour elle, les examens de virginité, le port du voile pour les petites filles, l’excision, les mariages forcés ou encore les violences physiques, etc. Comme vous voyez, de par la qualité et l’originalité de son parcours, de par son engagement social et politique, Mme Nyamko Sabuni mérite de figurer au tableau d’honneur. 

Puissent son background et sa réussite inspirer les jeunes générations d’Afro-suédois, et de façon générale, toutes les jeunesses africaines sur le continent et partout ailleurs dans le monde. 

Léandre Sahiri 

Source : afriquecentrale.info Paru dans Le Filament N°21

vendredi 11 mai 2012

Présidentielles françaises : le sort de Nicolas Sarkozy


Les écarts de langage et de comportement du Président sortant de la France, monsieur Nicolas Sarkozy, sont tellement nombreux que nous n’oserons pas les énumérer tous.  Les analyser en profondeur serait aussi synonyme de perte de temps.  Or, notre temps à nous est précieux. Mais, rappelons quelques faits.
Simplement, souvenons-nous du discours de monsieur Sarkozy à Dakar à l’Université Cheikh Anta Diop en juillet 2007, en présence de monsieur Abdoulaye Wade et de centaines d’enseignants et d’étudiants qui ont applaudi à grands cris.  Nous pardonnons les professeurs et leurs étudiants parce que nous croyons qu’ils n’avaient pas compris les injures adressées à toute l’Afrique à travers eux.  Monsieur Sarkozy, ce jour-là, et parmi tant d’autres choses, a dit de l’Africain : «Le drame de l’Afrique c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… ».  Est-ce de l’amnésie qui serait en train de guetter monsieur Sarkozy ou une autre façon d’étaler son ignorance ? La réponse à cette question nous a été donnée le samedi 14 avril 2012 dernier. 

Ce jour-là, l’homme politique extraordinaire (tant par sa taille que par ses idées et sa politique) que le monde ait connu, a demandé pardon à l’Algérie, au moment de la cérémonie de partage des médailles aux anciens combattants. Cette cérémonie cache sans doute un seul objectif cynique : la conquête ou reconquête de l’électorat arabe français.  Sinon, jusqu'à ce que le contraire soit prouvé, les Algériens sont des Africains. Or, ceux-ci, selon monsieur Sarkozy, n’ont pas d’histoire.  Nous reprenons ce que le tuteur  des tyrans africains dit: «Le drame de l’Afrique c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… ». 
L’autre point montrant le cynisme de monsieur Sarkozy est que c’est sous sa présidence que la France est devenue un état où seule la chrétienté a de la place.  La France a perdu sa laïcité.  Il a banni le port du voile.  Des femmes ont été arrêtées.  Certaines ont été menacées de perdre la nationalité française. D’autres ont été publiquement humiliées.  Et, le peuple français, très attaché à sa liberté, a regardé les choses suivre leur cours « normal ». 
En France, le prix des denrées, y compris la baguette de pain, ont en ces temps de crise ou le chômage est à son point culminant et la zone Euro durement secouée.  Toute la France se versera dans la rue pour crier : « réparation et arrêt de travail parce que famine ».  Mais, cette France qui chante : « Liberté, Egalité et Fraternité», s’est tue devant l’abus de pouvoir de monsieur Sarkozy qui a pris sur lui la responsabilité de retirer à des millions de personnes leur droit fondamental.  Ou encore, la grande France des libertés, de toutes les libertés confondues, serait-elle restée muette si monsieur Sarkozy avait interdit le port du petit ou du grand chapeau aux Juifs français ou le port de la croix aux chrétiens dans tous les lieux ?...  

Comme les Algériens qui, en majorité sont des musulmans dont les femmes et les filles subissent les reformes de monsieur Sarkozy dans « l’affaire du voile », beaucoup de Roumains et Roumaines ont été humiliés et jetés hors du territoire français, au nom de la politique « d’une France sans déchet humain » de monsieur Sarkozy.  La question est de savoir ce que prépare le « boudeur de David Cameron » pour se racheter auprès de l’électorat roumain ?   Que fera aussi monsieur Sarkozy pour demander pardon aux Anglais résidant en France et qui voteront lors des présidentielles prochaines ?  Le connaissant, nous le voyons en train de réunir quelques « amis » journalistes et cameramen pour « une conférence de presse » pour s’adresser au peuple français dans le souci de « tout régler » comme si celui-ci n’est pas assez fatigué de le voir chaque jour sur le petit écran. 

Enfin, comme la vertu s’échappe par la cheminée lorsque la politique fait son entrée par la porte, nous sommes très convaincus que monsieur Sarkozy, spécialiste des trouvailles, inventera encore quelque chose pour éviter d’être oublié par l’histoire.   Sinon, nous lui rappelons que toutes ses simagrées et ses comédies électoralistes ont été mises à nu, que les électeurs ont déjà décidé de son sort et qu’il répondra de tous les crimes qu’il a commis.   

Sylvain de Bogou

jeudi 10 mai 2012

Nos politiciens sont des ignorants


En attendant de parler plus tard de ceux qu’on appelle «militants» et des abus dont ils sont victimes, intéressons-nous, pour l’heure, à ces personnes qu’on appelle les “politiciens” et interrogeons ce qu’ils savent vraiment. Alors, que savent-ils donc ces animateurs de la vie politique ? Posez-leur de petites questions d’actualité nationale et internationale et vous verrez. Je vous en propose une courte sélection.

a) Questions d’actualité nationale :
Bonjour Monsieur, Madame. C’est quoi une institution étatique? C’est quoi le PIB et/ou le PNB d’un pays? Qu’en est-il de ceux de notre pays ? A quelle réalité se réfère le taux d’intérêt? Comment mesure-t-on l’indice de la pauvreté dans un pays? Quelle est la densité de la Côte d’Ivoire? A quel taux d’intérêt sommes-nous aujourd’hui et quelles sont les prévisions de votre parti pour l’avenir de notre pays?...

b) Questions d’actualité internationale :
Monsieur, Madame, quelle est, selon vous, la solution à terme pour l’Afrique? Quel regard jetez-vous sur le Proche et Moyen Orient? Que faut-il faire pour plus de justice en matière d’échange Nord/Sud?...

 c) Les réponses :
Aussitôt que vous avez posé ces questions, détendez-vous et écoutez les réponses. Vous n’aurez absolument rien comme réponses, parce que ces “politiciens” ne savent rien eux-mêmes. Ils n’ont aucune culture, aucune expérience et ne peuvent offrir aucune réponse correcte, ni aucun bilan en la matière.
 Leur spécialité, c’est la propagande, le mensonge et le culte de la personnalité. Ceci est surtout le problème qui ronge la Côte d’Ivoire. Et, si on nomme ces gens-là des “politiciens” et non des “politiques”, c’est parce que cela convient mieux et comporte tout le sens du raisonnement.  

Bamba Abdoul Karim

mercredi 9 mai 2012

Il pleut sur mon Gbagbo
















En ce début de printemps,
Il pleut sur mon Gbagbo.                      
Pas de giboulée de printemps,
Il pleut  sur mon Gbagbo.                                      
Pas de crachin sur mon Gbagbo,                                                        
Il pleut sur mon Gbagbo.                                                                         
Il pleut ce matin du onze avril,                                                                
Il pleut ce onzième avril.                                                                         
Depuis l’an deux mille,                                                                           
Il pleut, pas d’eau,  mais de mille ;                                                         
Voire de  millions d’éclats de feu.                                                        
Ils tombent des cordes de feu
Traitreusement  lâchées par L’ennemi.
Il tombe du ciel,  à n’en plus finir Des  bombes.
Les poitrines des patriotes comme des tombes,
S’offrent en holocauste au sol.
Des avis émis
A l’unanimité, disent  qu’il pleut sur mon Gbagbo
Il pleut sur Cocody
Il pleut sur la résidence
A cet  endroit mien, bien sûr, 
Mon cœur saigne quand
Sur  ce onze avril 2011, revient
Le funeste souvenir  de  sang
A nouveau ma plaie de sang
S’ouvre et la douleur revient
Parce qu’à ce triste anniversaire
Sous cape,  rit l’adversaire.                                                   

Julius Blawa Gueye 

(Extrait de « Larmes de patriote »)

samedi 5 mai 2012

Au nom de la vérité


Faut-il enfin briser la glace qui, jusque-là recouvrait l’histoire de la reine Pokou d’un pudique et protecteur manteau de Noé ? Et cela, au nom de la vérité devant l’histoire. Pendant deux siècles environs un pan de l’histoire de la reine Pokou a été volontairement ou involontairement coupé. Pourquoi ? En tout cas, beaucoup d’Ivoiriens aujourd’hui se posent la question et, se la posant, montrent indirectement du doigt ces intellectuels qui suscitent et développent dans l’esprit de la population, des allergies face à la vérité.

Il y a comme une espèce de complicité nationale sur les limites de ce qu’il faut dire et de ce qu’il ne faut pas dire sur l'histoire de la reine Pokou. Des scientifiques et non des moindres ont déjà donné leur version de l’histoire de la reine Pokou. Mais avec les « pièces » que Brou Jean-Paul verse au dossier, force ne serait-il à ces historiens et anthropologues de (re)poser, sur cette histoire de notre héritage culturel national, un nouveau regard ? Sans clichés politiques. Sans catalogue.

Des faits historiques dont l’authenticité a été mise en doute, ont fait l’objet de polémiques pendant longtemps. Notamment « Les manuscrits de la mer morte », « Le suaire du Christ ». Mais, la vérité a fini par éclater un jour. Sans qu’il n’y ait aucun cataclysme.

Quel est donc alors ce pacte secret sur l’histoire d’Abla Pokou ? Il est temps. Il est même grand temps que les intellectuels Ivoiriens rompent ce long et lourd silence suspect pour dire à la face du monde où la reine Abla Pokou a vécu jusqu’à sa mort. Où a-t-elle été inhumée ? Où se trouve son sépulcre ? Ceci dans un seul objectif : l’éclatement de la vérité. Et la restitution des faits de l'histoire. De notre histoire. Rien d’autre. 

Serge Grah

Paru dans Le Filament N° 21

vendredi 4 mai 2012

Ce jour-là, le 6 avril 1964, Ernest Boka est mort.


Ernest Boka est un homme politique ivoirien, décédé le 6 avril 1964 dans des conditions tragiques non clarifiées.

Diplômé en droit latin, docteur en Droit et avocat, il a été Chef de cabinet du gouverneur général de Côte d'Ivoire en 1957, ministre de l'Éducation nationale en 1958, ministre de la Fonction publique en 1959. En 1960, il a été nommé président de la Cour suprême de la Côte d'Ivoire. Ernest Boka a été chef de la délégation ivoirienne à l'ONU en 1960.

C’est sans doute eu égard à ces distinctions, entre autres raisons, que le président Henri Konan Bédié lui a érigé un mausolée dans son village natal de Grand-Morié, à une quinzaine de kilomètres d'Agboville.
En hommage à sa mémoire, nous invitons nos lecteurs à méditer deux témoignages qui éclairent les circonstances réelles de sa mort et la lourde responsabilité de ceux qui ont tué ou qui ont fait tuer Ernest Boka. Les deux documents qui suivent font la démonstration que, après l'avoir tué, on a lâchement calomnié Ernest Boka.

Vaine tentative de salir à jamais la mémoire d'un homme libre, droit et fier !

Au moment où d'aucuns, qui se réclament disciples de Félix Houphouët, affirment qu'ils veulent en finir avec l'impunité, souvenons-nous et rappelons-leur que le meurtre d'Ernest Boka dans la prison illégale d'Assabou (Yamoussoukro) est resté impuni jusqu'à ce jour.

 
Marcel Amondji
 
Document n° 1
L’enterrement d’Ernest Boka

«... Le corps était déjà dans le cercueil placé dans une voiture avec des inspecteurs de police et des gendarmes qui devaient l'accompagner à son village natal, Grand-Morié, dans la Sous-préfecture d'Agboville. La famille est donc partie avec le corps, le 8 avril. Ils ont pris la route de N'Douci-Agboville. Ils se sont arrêtés à Agboville, car on devait renforcer la garde de gendarmes. Ils sont arrivés à Grand-Morié, dans la nuit du 8 au 9 avril. Les inspecteurs ont dit qu'ils avaient reçu des ordres, qu'il fallait enterrer Boka immédiatement, dans la nuit, sans ouvrir le cercueil. Les parents ont argué des coutumes qui exigent que l'on voie le corps avant de l'enterrer, ainsi que les rites de l'exposition du corps, de sa toilette, etc. (…).
 Les gendarmes s'y sont opposés formellement, mais les parents n'ont pas cédé. Ils ont donc ouvert le cercueil. Ils ont sorti Boka qui présentait des écoulements sanglants des narines, de la bouche, des oreilles, le nez très enflé, et, chose curieuse, pour un soi-disant suicidé par pendaison, la langue ne sortait pas de la bouche. Boka avait également un enfoncement des os du crâne vers la nuque, le dos complètement écorché, la clavicule gauche cassée, des fractures au membre supérieur gauche, les dents cassées, les côtes fracturées. Son sexe était œdématié (très enflé), des suites de violences. Il présentait aussi des fractures aux membres inférieurs. Seuls les pieds paraissaient solides, alors que les autres membres paraissaient de caoutchouc. On a d'ailleurs trouvé son corps nu dans le cercueil avec un simple tricot de peau et un drap de lit. D’où, la famille a procédé à la toilette du corps. Ils ont bien voulu l'exposer, mais le sang coulait encore : on l'a donc remis dans le cercueil, et on l'a laissé dans sa maison natale jusqu'au 9 avril à 16 heures, puis on l'a enterré, entouré d'un peloton de miliciens, d'inspecteurs, et de gendarmes qui ont empêché les gens d'assister à l'enterrement, disant qu'ils avaient reçu cet ordre du Président de la république, M. Félix Houphouët-Boigny, et que seul son père pouvait l'enterrer.
 Mais, malgré ça, les gens qui étaient au village se sont rendus quand même à l'enterrement ». 

(Extrait d'un document de source confidentielle daté du 17 mai 1964).
 . 
 La question demeure : Pourquoi tant de précautions pour son enterrement et dans quelles conditions est décédé Ernest Boka ? Samba Diarra a répondu à cette interrogation préoccupante dans son livre « Les faux complots d'Houphouët-Boigny ». Ce sera notre document n° 2. A lire dans notre parution. 


jeudi 3 mai 2012

Le Mali : 50 ans de mensonge, c'est fini : La France redécoupe son empire colonial noir.

La Côte d'Ivoire a servi de laboratoire. On a beaucoup palabré sur la zone de confiance qui a partagé en deux le pays d'Houphouët-Boigny, le monde entier sait maintenant que la partition de ce pays n'est plus qu'une affaire d'opportunité politique. 

Tout comme la Guinée de Sékou Toure. Le Nigeria est condamné, à court terme, à la partition territoriale. La Libye finira en trois Etats indépendants : Tripolitaine, Fezzan, Cyrénaïque. Pour détruire la Libye, vaincre l'armée libyenne et, finalement, faire assassiner Kadhafi, le leadership politique français a souscrit aux revendications séparatistes des Touaregs laïcs ou religieux. 

Le coup d'Etat au Mali est une diversion maçonnique. Il est même savoureux. On voit qu'il n'y a plus d'autorité qui incarne l'unité ou l'intégrité territoriale du Mali. Tous les symboles d'Etat sont violés. La loi fondamentale caduque. Les putschistes l'ont abrogée. Toutes les institutions culturelles, politiques, sociales, administratives et économiques paralysées. 

Le Mali de Modibo Keita est désormais un sympathique souvenir! On peut le dire. Avec sérieux et sans dévoiler un secret d'Etat. Touaregs et autres minorités nationales peuvent alors négocier d'égal à égal la partition du Soudan français ! Kabako! En tout cas, c'est ce que je retiens de toutes les explications lues ici et là. Le jour se lève toujours. 

Lettê naa Lettê  

Paru dans Le Filament N°21

mercredi 2 mai 2012

Les ténèbres et les luminaires d’Alassane Ouattara


Après avoir, avec une brutalité inouïe, cassé les baraques et les locaux des opérateurs économiques au bord des artères de quelques quartiers et villes, sans une campagne de sensibilisation et sans mesure d’accompagnement, le nouveau régime a choisi d’embellir Abidjan, en semant des luminaires. J’en ai entendu parler et j’ai été voir ces luminaires.

Un acte de cécité politique et de laideur morale
J’ai vu les luminaires d’Abidjan. Ils sont beaux pour les yeux, mais seulement pour les yeux non exercés. Ils paraissent, en effet, beaux pour les yeux profanes ! Mais, ils ne le sont pas pour le cœur et pour l’âme. Car, ils ne riment pas avec le bon et le bien. Parce que le véritable Beau plaît au cœur et à l’esprit. Parce que le véritable Beau est bon et bien. Ainsi, les luminaires d’Abidjan ne sont pas beaux ; n’en déplaisent aux nouveaux flagorneurs et aux plumes converties à la cajolerie des nouveaux princes. Les luminaires d’Abidjan sont laids et c’est ce que je vais démontrer.
Entre électrifier les villages et inonder Abidjan d’un excès de lumière, où se trouve la priorité ? Pour une simple question de bon sens et de sagesse, la priorité, n’est-ce pas d’apporter de la lumière dans ces quartiers malfamés, abandonnés, empêtrés dans la gadoue de l’impécuniosité ? La priorité n’est-ce pas d’apporter un peu de cette lumière dans ces villages plongés dans la terreur des ténèbres où même les lucioles ont peur de s’aventurer ?...
Notre pays a besoin, surtout dans ses entrailles les plus reculées, d’électricité, de lumière. De lumière tout court et tout simplement, pour ne pas « se perdre » dans l’obscurité.  La priorité dans ce pays où pleuvent des milliards, dit-on, à chaque instant, et à contre saison, n’est-ce pas de doter de nombreux quartiers d’eau potable et d’électricité ?
Je vous le dis les luminaires d’Alassane Ouattara sont laids !
Hier, c’étaient Gonzagueville et Adjouffou qui rageaient d’être privés de lumière. Demain, sûrement, ne seront-ce pas les sous-quartiers d’Abobo, de Koumassi, d’Attiékoubé, d’Adjamé qui souffrent des coupures électriques intempestives qui crieront leur soif de reconnaissance ?
Le nouveau pouvoir, si sensible aux pleurs des indigents, lui, a remarqué que Cocody et Plateau souffraient d’un déficit de lumière… (Ah, la cécité de l’âme orgueilleuse ! ) Alors, à coup de milliards, Abidjan vient donc, grâce au nouveau régime d’être parée de luminaires.
Oui ! c’est vrai, ces indigents des quartiers périphériques, de leurs cases obscures, de leurs yeux meurtris, perchés sur leurs estomacs aplatis, se sont extasiés de loin de ce déploiement de lumière, de ce flot de luisance insolente (Ah, le pathétique des yeux non-initiés !) Mais, ils savent au fond de leur cœur que cette lumière n’est pas leur lumière. 

Les luminaires d’Alassane Ouattara préservent les ténèbres
Cette lumière qui gicle effroyablement des luminaires, cette lumière qui éclabousse arrogamment les rues et les murs des abidjanais frustrés de leur soif de liberté de sa luisance blafarde…, c’est la messe fade des nouveaux princes grisés, c’est la bamboula insipide des experts de l’apparence, c’est la danse frénétique des virtuoses du tape-à-l’œil,  c’est l’exhibitionnisme pervers de ceux qui sont incapables de comprendre et de savoir où se trouve la priorité.
Contrairement à la rhétorique des encenseurs et autres complimenteurs du nouveau chef d’Etat, Abidjan, avec ces luminaires impudiques, Abidjan vient de tomber dans les ténèbres. Avec tout le pays d’ailleurs. Les luminaires et la lumière qu’ils prétendent produire ne mettent pas fin aux ténèbres qui nous causent tant d’effroi et nous paralysent de frayeur. Bien au contraire.
Oui, nous sommes de plain-pied dans les ténèbres. Et pour cause.
Les ténèbres, ce sont ces ignares galonnés qui hantent les nuits abidjanaises, les nuits des provinces et des hameaux en quête d’âme à écraser, de bourgeon de vie à piétiner, des billets de banque à chaparder. Les ténèbres, ce sont ces chasseurs rustiques sortis des profondeurs de la géhenne, armés de fusils qui jouent à jouer aux gendarmes et aux policiers sous les yeux effrayés de nos pauvres paysans. Les ténèbres, ce sont les journalistes qu’on jette en prison, les écrivains qu’on bastonne (Bernard Dadié, Serge Grah), les écoles qu’on bombarde à coups de canon. Les ténèbres, ce sont ces universités fermées, ces bibliothèques fermées, ces livres fermés, ces étudiants désemparés réduits à infester les salons des leurs par leur oisiveté contagieuse.
Et la lumière, ce ne sont pas des luminaires aux formes géométriques grossières et suspectes, ensemencées ou accrochées, ici et là.
La lumière, la véritable, ce sont ces villages qui après quarante ans d’indépendance ont été électrifiés par les soins du détestable Laurent Gbagbo. « C’est qu’aucune personne, dotée de bon sens, n’aime l’obscurité imposée. Le laid, tout comme l’obscur, procure inconfort et malaise ». Mais, c’est vrai, mon cher ami ! Et pourtant, des centaines de villages sur lesquels passent les câbles de la haute tension électrique sont encore les otages des ténèbres, pendant qu’Abidjan la prostituée se goinfre comme une truie gloutonne des excès de lumière des luminaires.
Vous convenez avec moi : la Côte d’Ivoire ne se limite pas à Abidjan.
Mais, diantre ! La Côte d’Ivoire, est-ce seulement Abidjan et surtout Plateau et Cocody ? On me dira qu’Abidjan est la vitrine. Oui la vitrine ! Parlons-en ! La vitrine, c’est un espace aménagé dont le rôle est d’exposer ce qu’un magasin par exemple a de plus beau. Et, le rôle de la vitrine, c’est de donner une image publique et favorable. La fonction de la vitrine, c’est de plaire au regard, au regard extérieur. Au regard des visiteurs, des touristes, des occidentaux. Oui ! Plaire à tous ceux-là, à coup de milliards, en sacrifiant les pauvres populations englouties dans l’obscurité.
Mais, la Côte d’Ivoire n’est pas une boutique. La Côte d’Ivoire serait une boutique qu’on saura trouver des raisons de nous consoler. Car, ces derniers temps, la Côte d’Ivoire ne vend plus ; c’est elle qui a été achetée, (que dis-je ?) qui a été prise, cueillie.
L’Afrique a besoin de chefs qui sont aux soins de leurs populations surtout les plus pauvres, et non de ces chefs qui s’évertuent à vouloir plaire aux maîtres du monde. L’Afrique a plus besoin de chefs qui partagent, ne serait-ce que le minimum à la plus grande majorité que de chefs porte-faix d’autres chefs de territoires lointains. Notre pays a plus besoin de chefs qui se soucient de doter les villages d’éclairage public, plutôt que de pseudo chefs qui, au mépris des fourbus, s’évertuent à rassasier ceux qui sont déjà repus.
La fonction des luminaires de Ouattara : aveugler les Ivoiriens
Abidjan, écrit-on, serait devenu Las Vegas par de simples de jets saccadés de lumières. Il faut que je le dise net : Ces luminaires sont une architecture de mirage. Ils luisent, mais n’éclairent pas et ne peuvent éclairer et ne sauraient éclairer. Ces luminaires relèvent du cosmétique inutile, de l’habillage, du maquillage pour voiler les laideurs d’un pouvoir brutal, inimitable en inhumanité, incomparable en sectarisme, intraitable en intolérance.
Il faut ouvrir plus l’esprit que les yeux pour comprendre cette vérité : La lumière qui gicle de ces luminaires est une lumière aveuglante. La lumière, à un certain degré d’acuité, aveugle. Et, c’est la fonction voilée, secrète, ésotérique, obscure, sibylline de ces choses luisantes.
Ces luminaires sont là pour aveugler les Ivoiriens, de sorte qu’ils ne voient pas l’essentiel des choses. De sorte qu’ils ne voient pas le fond des choses. De sorte qu’ils ne voient pas l’intérieur des choses. De sorte qu’ils ne voient pas la profondeur des choses…
La lumière de ces luminaires a pour vocation de séduire, d’envoûter, de captiver aux fins de distraire les Ivoiriens et les détourner de ce qui est essentiel à leur bonheur, de les détourner vers le superficiel : les fadaises, les pacotilles, les niaiseries, les âneries, les fariboles, les inutilités.
Cette profusion de lumière vise à voiler les ombres que ce pouvoir produit, les ombres que ce pouvoir déverse sur le pays.
Abidjan ville de lumière comme Lucifer porteur de lumière
La lumière n’évoque pas toujours le Beau ou la Vérité. Satan se déguise en prince de lumière. Et, le prince de lumière s’appelle Lucifer. C’est l’ange porteur de lumière. Les Francs-maçons se font appeler les « frères de lumière ». Le hasard n’existe pas. Ces luminaires sont la métaphore du mirage que ce pouvoir fait miroiter à ses partisans pour les berner.
Non ! Abidjan n’est pas une fiancée fardée allant à une nuit de noces, mais bien une prostituée fanée qui s’est fardée pour voiler la laideur de ses rides. Des rides qui ne sont pas dues à la vieillesse, mais à une vie de perversion, de compromission, de génuflexion, d’agenouillement, d’abaissement, d’indignité, de pactes mauvais de tout ordre.
Les Ivoiriens ont besoin de consolation, de baume, de paroles et d’actes qui réconcilient, qui rapprochent et non de scintillements maladroits, de miroitements vilains, de feu d’artifice et de mirages trompe-l’œil.

Salomon Akonda, Analyste politique

Paru dans Le Filament N°21

mardi 1 mai 2012

Message à Monsieur Charles Konan Banny


Cher Monsieur Banny,

Vous avez été Premier Ministre sous Laurent Gbagbo. Votre nomination à ce poste avait fait l’objet d'un espoir renaissant  et avait créé dans les cœurs des Ivoiriens un certain enthousiasme, parce que vous êtes Ivoirien (pas d'adoption !), et de surcroît, un fils authentique du terroir akan. Alors, l'on s'attendait à voir agir un nationaliste, un patriote, pour défendre les institutions et les intérêts de notre pays, du moins de votre propre pays. Mais, hélas ! ce fut la déception totale ! Un bilan que tout le monde connaît.

Vous êtes aujourd’hui à la tête de la « Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation » (CDVR) pour, dit-on « réconcilier les Ivoiriens après de longues années de crise, d’atrocités et de barbaries ».
Vous êtes un être humain et partant de ce point, nous attendions beaucoup de vous.

Nous nous attendions à la moindre sensibilité de votre part sur le sort de tous les Ivoiriens, dont certains ont été, bon gré mal gré, contraints à l'exil et d’autres sont actuellement dans les prisons sans raison et sans jugement. Et, vous prétendez réconcilier les Ivoiriens, mais entre nous, n’est-ce pas là une moquerie ?
Nous nous attendions également, de votre part, à une condamnation vigoureuse des rebelles, des assassins, des pilleurs et leurs chefs et commanditaires, qui sont nos pires  ennemis et qui ont fait et continue de faire  tant de mal à notre pays, du moins à votre propre pays. Or, ces gens-là sont vos alliés et vos meilleurs amis.
Nous nous attendions aussi, de votre part, à une compassion pour nos compatriotes innocents qui ont été sauvagement abattus, calcinés, mutilés, égorgés, des jeunes filles violées et des femmes en grossesse éventrées, etc. Mais non ! Vous poursuivez votre « mission de réconciliation », à travers des voyages et des discours, comme si de rien n’était, parce que pour vous, on peut si facilement amener des gens dont les cœurs saignent à embrasser volontiers des criminels, n’est-ce pas ?

Vous êtes un homme politique. Et, comme l’a dit Houphouët-Boigny, « la politique, c'est la saine appréciation des réalités », ce qui veut dire qu'il faut savoir se mettre au-dessus de toute contingence. Or, ça, vous semblez l’ignorer !

Par ailleurs, dites-nous, Monsieur Banny : comment pouvez-vous concevoir une collaboration et une connivence avec des rebelles et avec l’armée française qui tuent vos propres parents pour l'intérêt économique de l'étranger, et puis verser des larmes de crocodile, à la recherche du temps perdu, votre soi-disant réconciliation? 

Monsieur Banny, comment pouvez-vous être confortable avec un tel régime qui fait la promotion des ignorants à la place de personnes instruites pour lesquelles nos parents ont consenti des sacrifices énormes pour leur formation et leurs études?

D’un avis franc, j'ai honte, très honte parce que vous êtes une honte. Je vous transmets gratuitement et sans arrière-pensée la question que se posent bon nombre d'Ivoiriens : « A quoi ont servi vos études et les expériences de la vie, pour en arriver à toutes ces bassesses d'esprit? »
Franchement, vous, Monsieur Banny, et tous les autres de votre espèce de près ou de loin, vous êtes une honte et vous méritez d'être bannis.
Le doyen Thomas Oholli Niamké

Paru dans Le Filament N°21

dimanche 1 avril 2012

FAUT-IL REGRETTER LE PARTI UNIQUE ?

Dans l’hérésie déshumanisante de la crise ivoirienne, des voix sérieuses ou considérées comme telles, se sont élevées pour dire que les nombreuses guerres qui engraissent les fosses communes d’Afrique, résultent du multipartisme et de la démocratie. Aussi, les entend-on réclamer en sanglotant le monopartisme. Et pour corroborer leur thèse, elles n’hésitent pas à citer le cas de la Côte d’Ivoire. Sous le parti unique, disent-ils, notre pays connaissait stabilité et progrès. « Il ne peut y avoir de développement sans démocratie ? Que nous a donnés pendant quinze ans, ce machin ? Partout ou presque, des conflits interminables. L’Afrique, elle-même, tue, au propre comme au figuré, ses propres enfants. Au nom d’une recherche de démocratie qui réveille nos fonds primitifs qu’on croyait, à jamais, disparus de nos rhétoriques. Hélas encore ! L’actualité ivoirienne nous en livre, à profusion » Ecrit un journaliste ivoirien dans Fraternité Matin du mardi 21 juin 2005 N° 12184). Que c’est pathétique !

A l’analyse, cette vision est erronée. Certes, c’est à partir de 1990, que l’Afrique a connu un nombre pléthorique de conflits armés. Rwanda, Burundi, Congo, RDC, Libéria, Sierra Léone, Côte d’Ivoire (ô Eburnie mienne). Mais présenter le multipartisme comme la source première de nos malheurs, c’est se fourvoyer sur les causes profondes des guerres en Afrique.

Si de 1960 en 1990, la Côte d’Ivoire a bénéficié d’une stabilité politique et sociale, fondement de son progrès économique, ce n’est pas au compte du parti unique qu’il faut la mettre. Le pays avait à sa tête un homme qui défendait becs et ongles les intérêts économiques, politiques et culturels de la France. Les accords de défense rédigés par les Français et signés par Houphouët Boigny et d’autres chefs d’Etat africains, en sont la preuve la plus probante. Houphouët défendant les « trésors » français sur le territoire africain, était assuré de la protection de l’armée française… En guinée, il y avait le parti unique sous Sékou Touré, mais la guinée est demeurée un pays pauvre et instable. Cette situation inconfortable est simplement le prix de l’outrecuidance de Sékou Touré qui a osé dire « non » à la France en 1958. Et ceux qui soutiennent que le parti unique en Côte d’Ivoire avait fait plus de progrès que le multipartisme ignorent simplement que, dans un contexte de pluralisme politique, où la liberté de la critique était consacrée, où le principe de la séparation des pouvoirs était appliqué, Houphouët-Boigny aurait pu mettre notre pays au niveau des dragons de l’Asie. La côte d’Ivoire libérée des griffes de la France, gouvernée par un régime refondateur, aurait été un pays plus riche.

Le parti unique dans son principe même ne saurait garantir la paix dans un pays, le développement encore moins. Le parti unique est l’antithèse de la liberté et du changement. C’est un régime anti-progressiste et inhumain. Souvenons-nous simplement des dégâts que le parti unique a causés dans notre pays : détournements des deniers publics, gabegie, mégalomanie, achats de conscience, tribalisme etc. Et tous ceux qui ont osé critiquer le monarque ont été diabolisés et considérés comme des ennemis de la nation. Leur destin était l’emprisonnement, la torture, l’exil ou la mort : Gbagbo, Mockey, Zadi, Memel Fôté, Kragbé Gnagbé, Ernest Boka, le Sanwi, le Guébié etc. tous ces hommes ont subi les pires traitements. Mais, Houphouët bénéficiant de la couverture totale du réseau Foccart, n’a nullement été inquiété ni par l’ONU ou ni par une quelconque organisation des droits de l’homme.

Une vérité qu’il ne faut pas ignorer est que, avant même l’instauration du multipartisme, l’Afrique a connu des coups d’Etat (au Ghana, au Togo, au Bénin, au Zaïre, en Haute Volta) et des guerres meurtrières et longues (en Angola, au Soudan, au Mozambique etc.) Force est de constater donc que les guerres en Afrique ne sont pas liées à l’instauration du multipartisme. La plupart de ces guerres ont été suscitées par l’occident. Avant 1990 et après 1990, les impérialistes occidentaux ont suscité des conflits armés sur le continent pour préserver leurs intérêts économiques en danger ou pour mieux exploiter nos richesses. Ah non ! Le multipartisme ne saurait être une cause de guerre ou de rébellion. Bien au contraire, c’est le meilleur des systèmes politiques que les hommes ont pu inventer. Sachons-le une fois pour toutes : la Côte d’Ivoire est en guerre parce que la Chiraquie s’est rendu compte que l’actuel chef d’Etat n’est pas prêt à brader les richesses de son pays. La Côte d’Ivoire est en guerre parce que Laurent Gbagbo a un programme de gouvernement qui, appliqué sereinement, va placer le pays sur la voie du développement, et affaiblir l’hégémonie de la France. La Côte d’Ivoire est en guerre parce que si l’on laisse Koudou réussir sa politique de refondation, elle va « contaminer » les autres pays africains et compromettre la mainmise de la France sur l’Afrique francophone. Gbagbo est un mauvais exemple dans le système de pensée de l’impérialisme occidental, un mauvais exemple que l’on doit arrêter à tout prix. Il est temps de prendre conscience que la stabilité d’un pays en Afrique dépend des rapports de ses dirigeants avec les anciens maîtres. Si vous laissez simplement le néo-colon puiser vos richesses comme il l’entend, vous aurez la paix. C’est le cas de Bongo qui a mis le pétrole du Gabon à la disposition de la France. Aujourd’hui il s’affuble du titre de « doyen des chefs d’Etat africains ». Si au contraire, vous cherchez à faire bénéficier vos compatriotes des richesses de votre pays au détriment de la métropole, soyez sûr d’une chose : vous serez confronté à un coup d’Etat ou à une guerre. C’est le cas de Gbagbo et de la Côte d’Ivoire actuelle. Et c’était le cas de Sankara, de Lumumba, de N’krumah, de Lissouba etc. Les exemples sont légions.

Voilà la réalité africaine. Ne regrettons donc pas le parti unique. L’Afrique, tout comme les autres continents, a besoin aussi de vivre dans un environnement de pluralisme politique, de liberté, d’égalité. Les noirs ne sont pas des sous-hommes qui ne s’épanouissent que sous un régime autocratique et despotique. Le jour où l’Afrique arrachera sa liberté, les guerres s’arrêteront et le développement sera possible. Alors, ne regrettons pas le parti unique !

Macaire Etty
source : Le Temps

Paru dans Le Filament N°20

samedi 31 mars 2012

De l’implication de Tiken Jah Fakoly dans la rébellion

Dans une interview accordée au journaliste Yacouba Gbané, et publiée le 13 Août 2010, Abdoulaye Traoré alias AB, ex-chef de guerre de Man, a déclaré, en ce qui concerne le rapport de l’artiste Tiken Jah avec la rébellion : « Notre arrestation au Mali a été menée par Tiken Jah. Nous étions en Libye lorsque Tiken Jah nous a demandé de venir le rejoindre au Mali pour parler affaire. Nous n’avons pas trouvé de problème à cela. Puisque, avant l’attaque du 19 septembre 2002, c’est lui qui était notre tuteur au Mali. Quelques jours après notre arrivée, nous avons été mis aux arrêts. Pendant notre incarcération, Tiken Jah n’a pas mis les pieds dans notre lieu de détention. C’est après que nous avons été informés que c’est lui qui a été actionné par les services de Guillaume Soro et les services secrets du Mali pour nous conduire dans ce traquenard. C’est l’un des pions essentiels de la rébellion. Il a joué un rôle très important. C’était un pion essentiel. Il était chargé d’héberger tous les éléments à Bamako. C’est lui le tuteur. Il nous a mis dans toutes les conditions. Il organisait des concerts. Les fonds recueillis étaient mis à notre disposition. Il s’est enrichi dans la rébellion. Il faisait du trafic du coton. C’est son petit frère qui était chargé de convoyer les camions vers le Mali. Il était dans un deal avec Kouakou Fofié… Tout ce que je vous dis, c’est la vérité. Il le sait. Il ne peut pas le nier. C’est lui qui était chargé de galvaniser les troupes à travers des chansons. Il nous encourageait à réussir notre mission. Lui et toutes les autres connexions ne veulent pas de la fin de la guerre. Ils mangent tous dedans. C’est pourquoi, cela nous fait sourire quand on parle de désarmement ».

Après de tels forfaits, du moins après avoir ainsi « mis son art au service de la rébellion » et s’être enrichi par le commerce de tout genre, dans la zone de non droit au nord, si l’on en croit Abdoulaye Traoré alias AB, Tiken Jah Fakoly, chantre autoproclamé de la lutte contre la Françafrique, se donne désormais pour credo la « réconciliation nationale ».

Dans ce cadre, Alassane Ouattara l’a reçu le 11 mai 2011 au Golf Hôtel. Au sortir de l’audience, Tiken Jah a déclaré : «Nous avons évoqué le rôle des artistes dans le processus de réconciliation nationale. Dans les jours à venir, nous allons organiser une tournée nationale de réconciliation qui va parcourir certaines villes de l’intérieur avec l’apothéose ici à Abidjan » .

Dans son nouveau rôle, Tiken Jah Fakoly organise des concerts, anime des conférences de presse, réhabilite l’hôpital Félix Houphouët-Boigny, offre des matelas et des moustiquaires imprégnées. Ne nous laissons pas distraire par de tels actes. Nous savons qu’il joue là au pompier, après avoir joué au pyromane. Nous l’avons entendu claironner : « C’est une manière pour nous d’amener les populations à oublier, un tant soit peu, les affres et les meurtrissures de la guerre, et à s’inscrire dans la réconciliation, car il est dans l’intérêt de toutes les filles et fils de la Côte d’Ivoire de se réconcilier » .

Que Tiken Jah Fakoly se détrompe ! Ce ne sont pas ses tintamarres et autres fadaises qui feront oublier…, qui feront se réconcilier les Ivoiriens. Car, se réconcilier, c’est dialoguer ; et dialoguer signifie qu’on communique. Mais alors, peut-on communiquer sans être sur la même longueur d’ondes? Peut-on aller à la réconciliation quand le peuple n’a pas fini d’enterrer ses morts, n’a pas fini de les pleurer, encore moins de faire le deuil ?... Même si on peut obliger une personne à applaudir, saurait-on l’obliger à être contente ?…

Que Tiken Jah Fakoly se détrompe ! Les Ivoiriens ont compris son double jeu, comme le confirme le texte intitulé « Le double “je” de Tiken Jah » que nous vous proposerons à lire ou relire dans notre prochaine parution.

Léandre Sahiri et Julius Blawa Gueye.

(Extrait de « Côte-d’Ivoire : Mettre fin à la tyrannie et restaurer la démocratie »).

mardi 27 mars 2012

L’avarie de la République

« Vient un temps où le silence devient trahison ». (M. L. King)
Les marins utilisent le terme avarie, pour désigner les dommages subits par un navire en mer. Si nous devons transposer ce terme en politique nous n’hésiterons pas à dire ici que lorsqu’un Etat est incapable d’assurer ses fonctions régaliennes, il est dans la situation d’un navire avarié.

- Il ne faut pas se le cacher, la Côte d’ivoire a de la peine à payer ses fonctionnaires. 
– Personne ne peut dire aujourd’hui avec exactitude quand les universités ouvriront leurs portes pour la prochaine rentrée. 
– Personne ne peut vous dire si vous pouvez quitter Abidjan pour aller à Abengourou sans que des coupeurs de routes ne s’en prennent à vous pour vous rançonner et violer votre femme et vos filles sous vos yeux. 
- La police et la gendarmerie n’interviendront pas en Côte d’Ivoire pour vous protéger contre les bandits devant votre porte. – En ce qui concerne les FRCI, on est tenté de se demander s’ils sont là pour protéger les Ivoiriens ou pour soumettre les ivoiriens au régime politique dirigé par le Dr Alassane Ouattara ?

L’image de l’Etat déliquescent et de la république avariée est apparue dans toute sa clarté au matin du 5 août 2011, quand un accident de la circulation s’était produit sur le Pont Houphouët-Boigny et qu’un chauffeur de bus perdant totalement le contrôle de son véhicule, plonge dans la Lagune Ebrié, avec ses passagers.

La réaction naturelle des Ivoiriens fut naturellement d’appeler la marine nationale du pays à deux pas des lieux pour porter secours aux passagers du bus. Ils furent tous abasourdis de savoir que la Côte d’Ivoire n’a plus de marine car tout le matériel de la caserne fut pillé dans l’immense ivresse et la kermesse sanglante qui avait accompagné la chute du président Laurent Gbagbo.

Dans ce cas il faut appeler les pompiers. Ils arrivent sur les lieux eux aussi avec leurs sirènes hurlantes, pour constater qu’ils n’ont plus le moindre matériel de plonger. Quel est donc ce pays bizarre qui dans une sorte de cécité sans fin se dote d’une marine qui n’a aucun matériel de plongée ? La réponse est simple, il ne faut plus croire en la Côte d’Ivoire, ce n’est qu’une république cacaoyère en état d’avarie très prononcée.

Le plus ridicule est que ce sont les petites embarcations de pécheurs et surtout les pinasses qui agissent dans la navigation urbaine informelle qui ont été les premiers à porter secours aux victimes. Du côté des autorités il a fallu attendre vers 11h30 pour voir le bus sortir de l’eau grâce à une grue de circonstance. Quand, dans un pays qui prétend se respecter, c’est l’informel qui vient au secours du formel, il faut s’interroger sur la nature de l’Etat.

Les USA, le Canada et tous les pays de l’union européenne, y compris la France, qui embrassent Ouattara sur la bouche, déconseillent à leurs ressortissants de mettre les pieds en Côte d’Ivoire. Cela est vérifiable sur tous les sites des ambassades accréditées à Abidjan. En déclarant à l’étranger qu’il n’était pas au courant des exactions des FRCI, le président Ouattara, à sembler soutenir ses troupes dans le mal contre d’autres ivoiriens, cela n’a fait que raviver les vieux instincts de méfiances entre ivoiriens.

La république avariée c’est l’incapacité du gouvernement de redéployer l’administration dans le nord du pays. Car les pays voisins des frontières nord envers qui Ouattara, est redevable veulent continuer à exporter du bois, du diamant, du coton, du cacao et du café de Côte d’ivoire.

L’Etat avarié ne peut pas protéger ses propres habitants contre son insuffisance et sa propre malfaisance, il entraîne ainsi l’ensemble de la nation dans un précipice. C’est l’image de la Côte d’ivoire Moribonde et grabataire dans un constat douloureux car tous ceux qui aiment ce pays, doivent se taire pour éviter les représailles du régime très démocratique des FRCI.

Dr Serge Nicolas Nzi 
(Chercheur en communication, Directeur du centre africain d’études stratégiques, Lugano, Suisse). 

Paru dans Le Filament N°20

A propos du « Carton rouge » de M. Aly Touré aux communicateurs d'Alassane Ouattara

Il y a quelques jours, j’ai pu lire avec attention un article de M. Aly Touré publié dans le quotidien Le Banco.net du mardi 20 décembre 2011. Comme à mon habitude, je permettrai d’émettre quelques réflexions que m’ont inspirées les propos de M. Aly Touré dans cet article intitulé : « Dénigrement de Ouattara par des Camerounais : Carton rouge aux communicateurs d'ADO ! »

Dans son article, M. Aly Touré fait remarquer que « Sur le bouquet Canal+, il y a une chaîne de télévision appelée "Vox Africa" qui s'illustre par des émissions farouchement hostiles au président Alassane Ouattara et à son régime. Selon M. Aly Touré, cette chaîne ne rate aucune occasion pour ouvrir son plateau, ainsi que ses ondes, aux détracteurs du Président ivoirien : « Des balivernes y sont distillées régulièrement », écrit-il, tout en déplorant qu’il n’y ait jamais eu aucune réaction contre cette chaîne de télévision visiblement hostile au régime, ni de la part, des membres de l’entourage du président, ni de son Cabinet, ni des agents de son service de communication, ni du RDR d'Amadou Soumahoro. Ces gens-là sont tous disqualifiés (« carton rouge »). Et ceci donne à réfléchir…

Et la réflexion, affirme-t-il, conduit à une interpellation directe du régime Ouattara, c'est-à-dire le chef de l'État lui-même et le Rassemblement Des Républicains (RDR) : « il serait temps qu'ils se réveillent et en prennent de la graine. S'ils restent là à ne couver que leurs égoïstes intérêts personnels, comme une poule couvant ses œufs, demain ils risquent d'être surpris et de n'avoir que leurs yeux pour pleurer », écrit M. Aly Touré

De tels propos nous interpellent et appellent les observations suivantes :

1°/ contrairement à ce que pense M. Aly Touré, les personnes qui participent aux émissions de "Vox Africa" ont le droit d’agir, de parler, d’écrire, de manifester librement, et en toutes circonstances, en tous lieux, leurs idées et leurs opinons. Cette libre communication des pensées et des opinions, constitue ce qu’on appelle la liberté d’expression. C’est la liberté d’expression qui autorise toute personne à s’exprimer librement, lui donne le droit de juger les paroles et les actions d’Alassane Ouattara (comme de tout autre gouvernant), du moins de porter des objections sur ses discours et les actes qu’il pose, de tenir un discours sur ses discours . En effet, c’est au nom de la liberté d’expression qu’un journaliste, en informant le public, a le droit de s’élever contre un gouvernant, de dénoncer ou mettre à nu les tares au plan social et politique. Cela ne signifie pas qu’Alassane Ouattara est attaqué, ni que l’ordre est troublé. Bien au contraire. M. Aly Touré doit s’instruire humblement de ces principes fondamentaux de la démocratie, et doit ne pas perdre de vue que la liberté d’expression est, en démocratie, l’un des droits essentiels et inaliénables et l’un des garants de l’état de droits.

2°/ M. Aly Touré, au cas où il l’ignorerait, doit simplement apprendre que, au nom de la liberté d’expression, un gouvernant est censé étouffer la démocratie et abuser de son pouvoir, dès lors qu’il s’identifie à l’ordre, aux lois et au gouvernement, dès lors qu’il censure ou interdit les libres opinions, dès lors qu’il sanctionne, condamne les journalistes, les artistes, les écrivains, les intellectuels... Agir ainsi est une absurdité qui annihile la démocratie et qui avilit. Parce qu’un tel gouvernant, empêche l’échange des idées, la diffusion des vérités nouvelles ; il rejette l’enseignement des théories contraires à sa politique personnelle ; il bannit toute action et activité susceptible d’aider au progrès de la société.

3°/ contrairement à ce que pense M. Aly Touré, les personnes qui participent aux émissions de "Vox Africa" ont le choix d’être favorables ou hostiles au régime, au nom de la liberté d'opinion qui est affirmée solennellement dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789, article 10. Rappelons que la liberté d'opinion signifie que toute personne est libre de penser comme elle l'entend, libre d’être d’accord ou en désaccord avec autrui, libre d'avoir des opinions contraires à celle de la majorité ou des autorités. La Déclaration de 1789 précise d'ailleurs que cette liberté d'opinion s'étend à la liberté religieuse, chacun étant libre d'adopter le culte de son choix, ou de n'en adopter aucun.

4°/ contrairement à ce que pense M. Aly Touré, la critique ne procède pas forcément d’une intention malveillante. La critique et les observations sur un individu, sur une idée, sur une décision sur un régime ne procèdent pas toujours d’un esprit chagrin, mais aussi et souvent du souci d’en révéler les failles, les défauts, les faiblesses, les errements, les insuffisances, en vue d’en améliorer les pratiques, les rouages, les structures, l’organisation, etc. Pouvoir critiquer librement témoigne de l’existence et de la réalité des droits et libertés des citoyens dans un pays, surtout lorsqu’il s’agit de république démocratique. S’en prendre aux défauts d’un être humain garantit son existence et témoigne de l’intérêt qu’on lui porte et, parfois participe de la volonté de voir les choses changer, évoluer différemment.

5°/ L’objectif de M. Aly Touré est clair et nous l’avons bien compris : il s’agit de tirer sur la sonnette d’alarme. Pour M. Aly Touré, il est temps, et même grand temps, que les membres de l’entourage de Ouattara et de son Cabinet, les agents de son service de communication, les militants du RDR « se réveillent et en prennent de la graine », passent à la vitesse supérieure dans la violence et la criminalité. Autrement dit, il vise à inciter les militants, véritable horde de chiens à visage humain, à aboyer et à surtout à mordre à belles dents. Et, pour que la mayonnaise prenne, M. Aly Touré dénature tout : pour lui les débats télévisés sont des « balivernes », les critiques relèvent du « Dénigrement de Ouattara » ou participent d'« une savante entreprise de dé-légitimation à terme du Président Alassane Ouattara », etc.

6°/ Par sa soi-disant « interpellation directe du régime Ouattara », M. Aly Touré voudrait-il, diantre ! nous faire revenir à vingt ans, trente ans, cinquante ans… en arrière?... Peut-il, un seul instant, se rendre compte que c’est très mal conseiller son mentor, et que c’est même indiquer à celui-ci une issue fatale, de la même façon que hier, quelques demeurés lui ont conseillé, idiotement, d'envoyer Laurent Gbagbo à la CPI. En tout cas, tout cela, comme qui dirait, est cocasse, ridicule ! On devrait en rire si ce n'était pas si triste, si nous n’entrevoyions pas le lourd tribut à payer…

7°/ Par sa soi-disant« interpellation directe du régime Ouattara », M. Aly Touré sait-il qu’il a ainsi signé le certificat de décès de la « réconciliation nationale » ? Alors, aux calendes grecques la commission de Banny ! M. Aly Touré sait-il qu’il a ainsi ouvert les vannes pour plonger notre pays dans un état permanent de guerre ? Car, ce qu’il ignore peut-être, c’est que nous n’accepterons plus d’être nargués, menacés, tués. Trop c’est trop ! Nous n’avons pas d’autres choix que de nous défendre, de nous battre, de combattre jusqu’à sa mort ce régime dont nous sommes les victimes et qui est en mission de déconstruction de la Côte d’Ivoire.

8°/ M. Aly Touré sait, ainsi que les autres, que nous avons toujours suggéré des moyens sûrs, y compris le dialogue, pour aller à un « vivre ensemble » fiable, mais cette voie est d’emblée rejetée. Par conséquent, seule reste la riposte la plus appropriée aux actes qu’ils vont être désormais posés. Nous avons mis en place une batterie de moyens pour réagir, pour nous libérer du joug d’Alassane Ouattara, pour gérer les rapports entre les pro-Ouattara et nous. La fin de la peur est déclarée et puis, le RDR n’a pas le monopole de la violence.

9°/ M. Aly Touré et les partisans d’Alassane Ouattara doivent savoir que le pouvoir de leur mentor les conduit à l’abattoir. La sagesse populaire nous instruit qu’on peut être fort le matin, puis être faible à midi ou le soir. De même Alassane Ouattara partira tôt ou tard. C’est la loi de la nature que toute chose ait une fin. Alors, M. Aly Touré et les partisans d’Alassane Ouattara doivent se poser la question de savoir quel avenir cet homme leur propose dans la désunion, pour eux-mêmes, mais aussi et surtout quel avenir pour leurs enfants ? Alors, M. Aly Touré et les partisans d’Alassane Ouattara devraient plutôt penser à l’après ADO, dès aujourd’hui même, et devraient s’abstenir de poser tous actes susceptibles d’obscurcir leur avenir.

Quoiqu'il m’en coûte, c’est ce que je pense... 

 Léandre Sahiri 

lundi 26 mars 2012

Assez de nous investir dans tout ce qui étouffe notre conscience et notre cerveau.

Dans l’écriture de l’histoire récente de notre pays, on retiendra sans doute 2011 comme une année de tous des périls de toutes les valeurs. L’inculture a suppléé la Culture dans une indifférence totale. On a vu un peuple délaissé et désespéré. Un temps tourmenté où se sont mêlés révoltes, douleur, déshumanité… mais aussi espérance et foi en Demain...

Dans cette période troublée que nous vivons, notre avenir sera déterminant par notre capacité, à lutter et à promouvoir la Culture dans toutes ses dimensions. Parce que si des motifs d’inquiétude et de colère ne manquent pas, ceux d’espoir sont en germe. A chacun de nous de les voir, de les partager pour les faire éclore et les propager.

Parce qu’un peuple inculte est dangereux pour lui-même, mais pour l’avenir aussi. C’est pourquoi, notre engagement pour le Livre doit rester inaltérable. Il doit être impérativement préservé. Parce que rien ne pourra nous sauver si, au cours de notre évolution imposée par la société moderne, nous ne parvenons pas à faire en sorte que l’Amour du Livre y soit exalté...

Parce que l’absence tragique du Livre de notre quotidien est un vrai drame. Oser le dire en 2012 peut paraître paradoxal. A l’heure où les maisons d’éditions ont poussé comme des champignons et où, partout, on détecte des talents d’écriture. Mais loin s’en faut. Car, s’est-on demandé quel avenir est réservé au livre et à l’Art en général dans une société vouée au profit immédiat ? Le nombre inquiétant de livres qui moisissent dans les rayons de librairies ou dans les tréfonds des entrepôts est là pour nous réveiller. N’y a-t-il pas plusieurs façons de « tuer » des livres ? Et la plus insidieuse est de faire en sorte que les gens ne soient plus capables de les lire.

Il est vrai que ce genre de cris d’alarme a trouvé peu d’échos dans notre pays ces dernières années… On a, de tout temps, pensé que « plus le peuple est inculte, plus il est facile à diriger ».

Notre Histoire récente ne nous a pas montré le contraire. Saurions-nous alors en tirer de grandes leçons ?…

Qu’espère notre peuple quand le livre reste désespérément absent de son quotidien ? Vecteur de valeurs, de savoirs, du sens esthétique et de l'imaginaire, le livre est avant tout une oeuvre de l'esprit, de la créativité et de la culture des hommes. Il enrichit, de ce fait, le patrimoine immatériel de l'humanité. Le livre constitue, d'autre part, dans les économies du savoir d'aujourd'hui, un instrument d'apprentissage, de partage et d'actualisation des connaissances essentielles à l'exercice de tous les métiers. Lire, c’est donc grandir en esprit. C’est devenir plus responsable de ses actes. C’est vivre les yeux grands ouverts.

Dans «Les mots», Jean-Paul Sartre raconte : « Je n’ai jamais… quêté des nids, je n’ai pas… lancé des pierres aux oiseaux. Mais, les livres ont été mes oiseaux et mes nids, mes bêtes domestiques… la bibliothèque, c’était le monde pris dans un miroir. Elle en avait l’épaisseur infinie, la variété, l’imprévisibilité ». Parce que le Livre, disons la lecture, nous donne des outils pour que nous devenions acteur de notre propre vie et nous offre des moyens qui nous permettent d'effectuer des choix judicieux pour nous-mêmes et pour notre Nation.

En cette année 2012, que les enfants voient, de temps à autre, papa ou maman lire un livre !... Car par le Livre, on pourrait donner aux enfants les armes essentielles pour comprendre la société dans laquelle nous vivons ; par le Livre aussi on pourra faire disparaître notre ignorance et notre incapacité à comprendre les choses les plus banales du fonctionnement des sociétés humaines.

Aimons les bibliothèques et les librairies, furetons dans leurs étagères, saisissons-y un livre, ouvrons-le en son milieu, parcourons-le au hasard. Et si nous pensons que les enfants de Demain méritent mieux que des gadgets, si nous pensons que l’Homme et le Citoyen ivoirien de Demain ne peuvent être réduits à être de simples consommateurs, si vous pensez qu’il est dangereux de livrer la Côte d’Ivoire aux seuls marchands de profits, semons le Livre afin de récolter la Culture. Qu’en cette année 2012, tous les journaux aient leurs suppléments de «Livre» ainsi que le font déjà Le Nouveau Courrier et Le Temps.

Qu’en 2012, nous osions soumettre nos manuscrits aux éditeurs, que nous nous battons pour que nos textes soient acceptés sans trop de modifications ! Que nous luttions pour que ces mêmes éditeurs fassent correctement leur boulot et qu’ils paient nos droits d’auteurs !

Que 2012 soit « la source d’un nouvel enracinement et d’une soif d’engagement qu’aucune médiocrité ne peut épuiser ». Que l’on rompe d’avec cette excellence nationale de toujours accorder la prime à la médiocrité. Certaines volontés se sont émoussées peu à peu au contact d’un système qui gère la stagnation au mieux de ses intérêts. Alors, il nous faut être nombreux à tirer la sonnette d’alarme car ç’en est assez de dire que les Ivoiriens ne lisent pas. Ç’en est assez d’entendre que le Livre coûte cher et de nous voir, au quotidien, nous investir dans tout ce qui étouffe notre conscience et notre cerveau.

Serge Grah

Paru dans Le Filament N°20

Appel aux scientifiques africains

Nous les Africains, nous avons souvent tendance à exhiber nos titres. Partout où nous nous trouvons, nous sommes fiers de faire voir et de faire savoir qu’on est docteur en ceci ou en cela, ingénieur en x ou y. Et pourtant, nous n’avons rien produit, ni créé, ni inventé. Ceux qui prétendent être des docteurs en chimie ou en physique ne se sont jamais signalés par leurs découvertes. De même, les soi-disant ingénieurs en agronomie n’ont jamais rien trouvé, ne serait-ce que du simple composte, pour aider l’agriculture africaine.

De même, les prétendus docteurs en économie n’ont jamais tenu de conférence publique, ni écrit des livres, ni inventé des théories économiques. Bien au contraire, ils sont les fidèles élèves du FMI ou de la Banque mondiale pour faire appliquer des « plans d’ajustement structurels » aux dépens et au mépris des populations du tiers-monde. Le pire est que, à côté de ceux qui ont mérité d’avoir fait, effectivement, des études sérieuses dans les plus brillantes institutions occidentales, il y a des « faux monnayeurs » de titres ou des trafiquants de diplômes et autres mécréants qui, avec leurs mensonges et bouffonneries, nuisent à la réputation des Africains de la diaspora…

Pourquoi certains Africains s’attachent plus aux diplômes, aux titres qu’aux réalités de l’école de la vie ? Pourquoi certains Africains pensent-ils que le diplôme fait l’homme ? Pourquoi certains Africains refusent-ils de reconnaître leur ignorance ? Pourquoi certains Africains refusent-ils d’apprendre, de s’instruire, de lire, pour améliorer leur niveau social et intellectuel, pour se faire valoir et avoir des atouts pour mieux servir au développement de nos sociétés africaines ?... Beaucoup d’Africains se font passer pour des savants et pourtant l’Afrique souffre de tous les maux et accuse du retard au développement dans tous les domaines, notamment politique, économique, social, culturel, technologique, etc. Où sont-ils donc ces grands savants qui émettent des grandes théories dans les salons et qui, pourtant, n’ont jamais fait de découvertes ? Où sont-ils ?

Un autre fait est que nombreux sont les Africains qui se font passer pour des « intellectuels ». Et là, le mot intellectuel est galvaudé, torturé, en tous les langages. Et, il se trouve alors que, malheureusement, très peu de gens l’utilisent à sa juste valeur. On ne se rend pas compte qu’on est soi-même ridicule en prétendant être titulaire d’un diplôme qui n’est pas mérité ou qu’on n’a pas. Evitons de nous laisser éblouir par les apparences et les titres ronflants. Contempler un diplômé ne se situe point au niveau du diplôme.

Reconnaître qu’on est ignorant et qu’on a besoin de savoir, ce n’est pas un fléau. C’est plutôt faire preuve d’humilité, de grandeur d’âme qui peut nous inciter à nous enivrer de connaissances en vue de combler le vide que l’ignorance a creusé en nous.

Scientifiques africains, plutôt que de vous faire admirer dans des petits salons et dans des réunions insignifiantes, faites-vous valoir par des écrits susceptibles d’apporter des lumières aux peuples africains, de nous sortir du sous-développement, de nous permettre de mieux réfléchir aux moyens adéquats pour notre épanouissement, pour notre libération, pour la construction de la bâtisse d’une vraie collectivité africaine.

Thomas Oholli Niamké

Paru dans Le Filament N°20

samedi 10 mars 2012

De M. Henri Konan Bédié, que retiendront les Ivoiriens ? (3ème partie)

La Gestion politico- économique du président Bédié

Ceux qui mangent à  la table du président Bédié sont louangeurs sur son bilan et sa gestion politico-économique du pays sous son régime. Il faut reconnaître le service de la dette de 22 milliards de dollars et une dette intérieure presque équivalente. La dévaluation du franc CFA, la baisse des cours mondiaux du café et du cacao, associé à une dégradation des finances publiques et un reflux des investissements privés…
Le taux de croissance, un peu plus de 5% en 1998, brandi comme un trophée, ne rend que très imparfaitement compte  de la crise de confiance qui s’est installée dans le pays, amplifiée par la détérioration des relations avec les institutions financières internationales.

Les scandales financiers

Il faut ajouter à  tout cela les scandales financiers du trésor et surtout le détournement des 18 milliards de francs CFA d’aide budgétaire de l’union européenne octroyés au secteur sanitaire du pays. Ce détournement fut remboursé  par le trésor de l’Etat alors que les coupables se promènent encore librement aujourd’hui.
La Côte d’Ivoire, sur ce plan, ressemble à un pays bizarre où il n’y a pas de sanctions quand on détourne le bien public. La surfacturation des complexes sucriers en amont n’avait jamais fait l’objet de poursuites judiciaires.
La dernière observation économique, concerne le monopole de l’importation du riz aux membres de la famille du président Bédié et à leur présence dans plusieurs conseils d’Administration d’entreprises.
Tous ces éléments avaient fini par convaincre les Ivoiriens que Konan Bédié s’occupait plus de ses intérêts personnels, au lieu de leurs difficultés quotidiennes.
N’évoquons même pas ici les travaux pharaoniques, qu’il avait entrepris dans son village de Daoukro et du château de son épouse à Koukourandoumi, dans la région d’Aboisso, que les Ivoiriens sidérés ont découvert que le carrelage de la salle de bain, était fait avec des pièces de 250 f cfa.

Le coup d’Etat 

Que ceux qui entourent le Président Bédié aujourd’hui, nous donnent une explication cohérente sur les clameurs de joie et l’allégresse générale qui s’étaient emparés des Ivoiriens à l’annonce du coup d’Etat ?
Les Ivoiriens savaient tous qu’une junte militaire n’a jamais fait le bonheur d’un peuple en Afrique.
Pourquoi le coup d’Etat a-t-il été vécu comme une sorte de délivrance ? Pourquoi certains l’ont-il qualifié de « salutaire » ? Pourquoi la gendarmerie ivoirienne dont la haute hiérarchie était proche du président Bédié n’est-elle pas intervenue dès le début de la mutinerie pour rétablir l’ordre avec ses commandos d’élites?
Pourquoi le PDCI-RDA, a-t-il pris aussi rapidement acte du coup d’état ? Et pourquoi beaucoup de ses cadres se sont-ils empressés de rejoindre le général Robert Gueï et sa transition militaire chaotique ?…
Nous pensons que le président Bédié et son parti ne peuvent pas prétendre revenir au pouvoir en faisant l’économie d’un tel débat devant tous les Ivoiriens.
 
Le fameux  conseil national de sécurité
Beaucoup d’officiers supérieurs de l’armée ivoirienne continuent de dire, avec amertume, que l’idée d’un conseil national de sécurité pour coordonner les actions du gouvernement en matière de sécurité intérieure et extérieure, était une bonne chose, souhaitée par tous. Sauf que le président Bédié en avait fait un outil politique, avec des moyens à disposition pour coiffer l’Etat major général des forces armées ivoiriennes.
La création du CNS, rattaché directement à la présidence, avait suscité  la méfiance entre les officiers compétents ayant une parfaite maîtrise des dossiers sécuritaires et leurs collègues, les courtisans du régime. Cela avait balkanisé les services et les hommes, qui ont finalement travaillé en s’ignorant mutuellement. 
C’est ainsi que les renseignements militaires et les renseignements généraux, sont restés sourds et aveugles, sans voir venir le coup d’Etat de Noël 1999, dont toute la sous région ouest africaine savait qu’il était en préparation.
Rentré précipitamment de Daoukro où il était allé boire, manger, fumer son cigare et fêter son accession à la présidence de la république comme un trophée ou une médaille olympique, le président Bédié s’était retrouvé dans une situation lamentable où ni son ministre de la défense, ni ses officiers supérieurs n’étaient capables de lui dire qui étaient les mutins et de quoi il s’agissait.
Certains parlaient de mutinerie, de primes impayés des soldats, bref à un moment aussi important de la vie de la nation, le président était livré  à lui-même et avait fait le choix de sauver sa vie en allant se cacher chez l’ambassadeur de France.

Les pseudo certitudes du président Bédié

En politique, il faut se méfier des laudateurs,  des allégeances d’un jour et surtout de ceux qui vous font croire à longueur de journée que le peuple est avec vous et qu’il vous aime, et qu’il est même prêt  à mourir pour vous. Tout cela n’est que balivernes. Quand on dirige un pays, il faut toujours adopter des positions morales sur les questions relevant du vivre ensemble et de la paix sociale.
L’arrestation des dirigeants politiques du RDR, le mandat d’arrêt international lancé  contre Alassane Ouattara, le refus du PDCI et de son chef à organiser des élections transparentes, avec le bulletin unique,  ainsi que le vote  des électeurs  âgés de 18 ans, le refus des voies de l’apaisement et enfin ce maudit discours du 22 décembre 1999 à  l’assemblée nationale, discours plein de certitudes et qui fut l’illustration d’une vraie myopie politique.
En choisissant la logique de la confrontation au détriment d’un dialogue utile avec le RDR, le président Bédié  avait aggravé le climat de tension dans le pays en faisant de ses propres certitudes un projet politique. C’est certainement ce maudit discours du 22 décembre qui fut l’élément déclencheur du coup d’Etat de Noël 1999. Comme disent souvent nos parents malinkés : « L’arbre que la tempête va renverser ne voit pas l’orage qui se prépare à l’horizon, sa tête altière brave le vent, alors qu’il est près de la fin ».
Ce fut le cas de Soumangourou Kanté,  peu avant la bataille de Kirina, contre les troupes de la coalition que dirigeait, Soundjata Keïta,  en Janvier 1235.  Ce fut aussi l’Etat d’esprit du président Bédié, en cette veille de Noël 1999.

Un mot sur le PDCI-RDA 

Nous voulons rappeler au PDCI-RDA et à ses militants que, que le RDR, est sorti des entrailles de leur parti ainsi que l’UDPCI. Pourquoi sont-ils partis et pourquoi, dès le début, rien n’a été fait pour trouver un terrain d’entente avec eux. Toutes ces divisions ont été  pour beaucoup dans l’affaiblissement général du PDCI et de son président.
Comme nous l’avons dit au début de notre intervention, ce parti avait perdu son unité  dès les premières minutes du décès du Président Félix Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993.
Le regret de tous les Ivoiriens est que le parti qui a conduit notre pays à l’indépendance a été incapable de nous éviter ce fruit très amer qu’est le coup d’Etat. Pourquoi le bureau politique n’a-t-il pas fait bloc autour du successeur constitutionnel dès le décès du Premier président ivoirien ?
Pourquoi le PDCI-RDA, a-t-il cautionné la cabale de l’ivoirité ? Pourquoi les négociations entre les mutins et le président ont-elles si tardé  et échoué aussi facilement ? Si l’affaire Ouattara était un contentieux sur la nationalité, pourquoi n’avoir pas laissé  la justice trancher ? Car cela relève de la justice et non du politique.
Est-ce  vraiment sérieux aujourd’hui pour le PDCI et son chef d’aller encore solliciter les suffrages des Ivoiriens sans un début de réponses, d’explication de toutes ces questions importantes de société ?… 

 

Le Filament Magazine Copyright © 2011 -- Template created by O Pregador -- Powered by Blogger