mardi 27 mars 2012

L’avarie de la République

« Vient un temps où le silence devient trahison ». (M. L. King)
Les marins utilisent le terme avarie, pour désigner les dommages subits par un navire en mer. Si nous devons transposer ce terme en politique nous n’hésiterons pas à dire ici que lorsqu’un Etat est incapable d’assurer ses fonctions régaliennes, il est dans la situation d’un navire avarié.

- Il ne faut pas se le cacher, la Côte d’ivoire a de la peine à payer ses fonctionnaires. 
– Personne ne peut dire aujourd’hui avec exactitude quand les universités ouvriront leurs portes pour la prochaine rentrée. 
– Personne ne peut vous dire si vous pouvez quitter Abidjan pour aller à Abengourou sans que des coupeurs de routes ne s’en prennent à vous pour vous rançonner et violer votre femme et vos filles sous vos yeux. 
- La police et la gendarmerie n’interviendront pas en Côte d’Ivoire pour vous protéger contre les bandits devant votre porte. – En ce qui concerne les FRCI, on est tenté de se demander s’ils sont là pour protéger les Ivoiriens ou pour soumettre les ivoiriens au régime politique dirigé par le Dr Alassane Ouattara ?

L’image de l’Etat déliquescent et de la république avariée est apparue dans toute sa clarté au matin du 5 août 2011, quand un accident de la circulation s’était produit sur le Pont Houphouët-Boigny et qu’un chauffeur de bus perdant totalement le contrôle de son véhicule, plonge dans la Lagune Ebrié, avec ses passagers.

La réaction naturelle des Ivoiriens fut naturellement d’appeler la marine nationale du pays à deux pas des lieux pour porter secours aux passagers du bus. Ils furent tous abasourdis de savoir que la Côte d’Ivoire n’a plus de marine car tout le matériel de la caserne fut pillé dans l’immense ivresse et la kermesse sanglante qui avait accompagné la chute du président Laurent Gbagbo.

Dans ce cas il faut appeler les pompiers. Ils arrivent sur les lieux eux aussi avec leurs sirènes hurlantes, pour constater qu’ils n’ont plus le moindre matériel de plonger. Quel est donc ce pays bizarre qui dans une sorte de cécité sans fin se dote d’une marine qui n’a aucun matériel de plongée ? La réponse est simple, il ne faut plus croire en la Côte d’Ivoire, ce n’est qu’une république cacaoyère en état d’avarie très prononcée.

Le plus ridicule est que ce sont les petites embarcations de pécheurs et surtout les pinasses qui agissent dans la navigation urbaine informelle qui ont été les premiers à porter secours aux victimes. Du côté des autorités il a fallu attendre vers 11h30 pour voir le bus sortir de l’eau grâce à une grue de circonstance. Quand, dans un pays qui prétend se respecter, c’est l’informel qui vient au secours du formel, il faut s’interroger sur la nature de l’Etat.

Les USA, le Canada et tous les pays de l’union européenne, y compris la France, qui embrassent Ouattara sur la bouche, déconseillent à leurs ressortissants de mettre les pieds en Côte d’Ivoire. Cela est vérifiable sur tous les sites des ambassades accréditées à Abidjan. En déclarant à l’étranger qu’il n’était pas au courant des exactions des FRCI, le président Ouattara, à sembler soutenir ses troupes dans le mal contre d’autres ivoiriens, cela n’a fait que raviver les vieux instincts de méfiances entre ivoiriens.

La république avariée c’est l’incapacité du gouvernement de redéployer l’administration dans le nord du pays. Car les pays voisins des frontières nord envers qui Ouattara, est redevable veulent continuer à exporter du bois, du diamant, du coton, du cacao et du café de Côte d’ivoire.

L’Etat avarié ne peut pas protéger ses propres habitants contre son insuffisance et sa propre malfaisance, il entraîne ainsi l’ensemble de la nation dans un précipice. C’est l’image de la Côte d’ivoire Moribonde et grabataire dans un constat douloureux car tous ceux qui aiment ce pays, doivent se taire pour éviter les représailles du régime très démocratique des FRCI.

Dr Serge Nicolas Nzi 
(Chercheur en communication, Directeur du centre africain d’études stratégiques, Lugano, Suisse). 

Paru dans Le Filament N°20

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