samedi 20 novembre 2010

A propos de « Deuxième épitre à Laurent Gbagbo » de Tiburce Koffi

Contradictions et dérives.

« Deuxième épitre à Laurent Gbagbo ». Tel est le titre du « courrier offert à la curiosité du public », du moins de la lettre ouverte publiée par M. Tiburce Koffi dans le Nouveau réveil du samedi 30 octobre dernier, notamment à la veille de l’élection présidentielle. Cette lettre ouverte, je l’ai fait suivre à d’autres compatriotes et amis. Je l’ai lue avec un intérêt certain et avec une juste et bienveillante attention. Et, comme à mon habitude, je vais ici saisir l’occasion pour l’analyser, du moins pour dire ce que j’en pense. J’ai pu recevoir cette lettre ouverte grâce à la bienveillance d’un ami résidant en Côte d’Ivoire, que je remercie, et dont je voudrais, d’abord et avant tout, vous faire partager le point de vue.

Des propos à la limite de l'injure

« Je voudrais faire une petite remarque et cela n'engage que moi… Les mots utilisés par Tiburce Koffi sont à la limite de l'injure proférée à l'égard de M. Laurent Gbagbo. Or, il se trouve que, jusqu'à ce jour, celui-ci est encore le président de la république, grâce au bon vouloir des Ivoiriens qui l'ont élu en octobre 2000. A ce titre, nous lui devons un minimum de respect pour la fonction qu'il occupe, même si nous sommes déçus de l'homme ou même si nous ne l'aimons pas. De la même manière que nous devrons du respect au prochain président... Mais, Tiburce Koffi, c'est aussi ça. Et, c'est pour ça que, soit nous l'aimons, soit nous ne l’aimons pas. C'est un jusqu'au-boutiste qui parle avec son cœur et qui met au grand jour ses émotions. Mais, ce n'est pas parce que M. Laurent Gbagbo se vautre dans la fange que nous devons faire pareil. Nous devons nous montrer plus éduqués que M. Laurent Gbagbo et plus respectueux que lui de sa propre fonction. Si un président ne connaît pas sa place, nous devons le lui faire savoir, tout en pesant nos mots... ».

Ainsi donc, M. Tiburce Koffi « parle avec son cœur et met au grand jour ses émotions », comme le dit si bien notre ami. C’est de ce point de vue que cette lettre ouverte qui est, selon Tiburce Koffi lui-même, un « appel, tyrannique, lancinant et tragique comme l'étreinte dernière que se donnent ceux qui partent pour ne plus se revoir ni plus revenir » nous intéresse. Je veux dire que je vais en parler du point de vue psychocritique ou psychanalytique, laissant place aux autres d’user des autres méthodes, notamment stylistique, thématique, linguistique, ethnosociologique…, pour éclairer les autres points, comme l’a fait, à juste titre et à bon escient, cet ami.

Pourquoi la psychocritique ?

La psychocritique est la méthode d’analyse inspirée par la psychanalyse et illustrée par Charles Mauron, à partir des thèses de Roger Fry. C’est une méthode d’analyse qui consiste à étudier une œuvre ou un texte pour relever des faits et des relations issus de la personnalité inconsciente de l'écrivain ou du personnage. En d’autres termes, la psychocritique a pour but de découvrir les motivations psychologiques inconscientes d’un individu, à travers ses écrits ou ses propos.

La psychocritique se veut une critique littéraire, scientifique, partielle, non réductrice. Littéraire, car ses recherches sont fondées essentiellement sur les textes ; scientifique, de par son point de départ (les théories de Freud et de ses disciples) et de par sa méthode empirique (Mauron se réclame de la méthode expérimentale de Claude Bernard) ; partielle, puisqu’elle se limite à chercher la structure du phantasme inconscient ; non-réductrice, car Mauron attribue au mythe personnel une valeur architecturale, il le compare à une crypte cachée sous une église romane. Mauron a, par ailleurs, esquissé une théorie sur la liberté créatrice de l’homme et la valeur de l’art… D’où, l’intérêt, pour moi, de recourir à cette méthode qui permet d’aller au-delà des autres méthodes traditionnelles d’analyse et d’en révéler plus, tant sur le texte que sur l'auteur, puisque c'est, bien entendu, le rôle du critique que d'en savoir davantage et d’en dire plus. Sur ce point, toute la nouvelle critique s'accorde.

De ce fait, la méthode psychanalytique ou la psychocritique nous fera comprendre la personnalité inconsciente de M. Tiburce Koffi et les fondements, ou les mobiles de l’obsession de certains thèmes et concepts récurrents, à savoir : le scandale, la provocation, à la limite de l’offense ou de l’insulte, la révolte, la rupture… Pourquoi procède-t-il ainsi ? Que recherche-t-il ?... La psychocritique nous fournira également les clefs pour expliquer pourquoi il est attiré et séduit par M. Houphouët Boigny, et pourquoi M. Henri Konan Bédié ne saurait l’intégrer dans son cercle politique. La psychocritique nous révélera également le fondement des « relations pleines de sous-entendus, de malentendus, de non attendus et d'énigmes » entre Tiburce Koffi et Laurent Gbagbo. La psychocritique nous dira aussi pourquoi Tiburce Koffi ne ménage pas Laurent Gbagbo, alors que tout le monde sait qu’il a énormément bénéficié des largesses de celui-ci qu’il traite, à tort ou à raison, de sanguinaire devant répondre de « ses 10 années de règne anarchique et criminel devant le TPI (Tribunal Pénal International) ou la potence de l'Histoire »…

En tout cas, il semble évident que c’est par l’explication psychanalytique que l’on peut comprendre les contradictions, du moins l’attitude « dialectique » de Tiburce Koffi vis-à-vis de MM. Henri Konan Bédié, Houphouët Boigny et Laurent Gbagbo. Cette attitude « dialectique » est, d’ailleurs, identique et constante face à tous ses choix et toutes les « fatalités » dont il cherche à s’évader et pour lesquelles il éprouve ces sentiments tout à fait confus et contradictoires ou opposés.

Des sentiments contradictoires

Dans cette « deuxième épitre », Tiburce Koffi tutoie cordialement Laurent Gbagbo et l’appelle très affectueusement « Laurent », sans doute en référence à leur relation antérieure emprunte d’amitié et d’échanges chaleureux. Et, pourtant, contradictoirement, Tiburce Koffi décrit Laurent Gbagbo comme un personnage immonde et détestable, à la fois traître et couard. En effet, Tiburce Koffi écrit à l’endroit de Laurent Gbagbo : « On cherchait donc un chef, Laurent ; tu n'auras été pour nous qu'un guerrier, un personnage belliqueux, un apôtre de la violence, de l'affrontement ; un farouche adepte de la guerre, pour nourrir tes fantasmes puérils d'homme courageux, de combattant et de résistant... ».

Dans le même ordre d’idées, Tiburce Koffi parle de «résister au pouvoir d'Houphouët », de se mettre « hors de portée de la colère d'Houphouët » et, contradictoirement, il trouve anormal qu’on l’on puisse fuir, alors que normalement, dans un pays où l’injustice et l’arbitraire sont l’arme privilégiée du pouvoir, il est plus salutaire de fuir que de subir, d’abord par pur instinct animal de conservation de la vie, ensuite par sagesse. Normalement, en d’autres termes, lorsqu'on se trouve face à un tigre, inutile de raisonner trop longtemps, il faut vite choisir la fuite », nous nous enseigne le sage Lao She. En ce cas, « fuir, dit Alexandre Breffort, c’est prendre son courage à deux pieds ».

Une autre contradiction concerne le personnage d’Houphouët Boigny. M. Tiburce Koffi pose à M. Laurent Gbagbo la question suivante : « Houphouët nous a-t-il tués, nous ses opposants ? Nous qui avons écrit mille et une proses infectes sur lui, sa famille, son parti politique le PDCI-RDA ? ». Autrement dit, M. Tiburce Koffi s’autoproclame « opposant » à Houphouët Boigny et aurait, en tant que tel, écrit des textes « infectes » sur celui-ci. Mais, contradictoirement, il dit très affectueusement « Houphouët », parce que, pour lui, vaille que vaille, Houphouët Boigny demeure et demeurera à jamais, dans sa tête et surtout dans son cœur, « cet homme prestigieux, intelligent, sérieux, travailleur, inspiré, respecté, sage, instruit. Oui, INSTRUIT, car Houphouët était un homme cultivé et instruit. Rien qu'à écouter des discours (non écrits) d'Houphouët, et à écouter les tiens (le langage de l'universitaire que tu es), on mesure le fossé d'élégance, de savoir et de culture qui vous sépare. Et tu devrais même avoir honte qu'Houphouët sache s'exprimer mieux que toi, l'universitaire, au langage encombré de fautes aussi insolites que ridicules... ». Est-ce là une prose infecte ?

En fait d’opposition, on sait que les Amadou Koné, Anaky Paul, Victor Capri Djédjé, Joachim Bony, Dignan Bailly, Jean Baptiste Mokey, Camille Gris, Jean Konan Banny, pour ne citer que ceux-là, ont crucialement payé le prix de leur opposition à Houphouët Boigny, dans la prison d’Assabou, à Yamoussoukro ; cette prison ayant édulcoré l’image de “sage d’Afrique” qu’il était censé incarner, Houphouët Boigny l’avait fait dynamiter et avait pris l’habitude d’envoyer les opposants dans les camps militaires, quitte à montrer à l’opinion internationale qu’il n’y a pas de prisonniers politiques. C’est ainsi que Laurent Gbagbo arrêté en 1971, pour des raisons politiques, a passé 2 ans au camp de Bouaké, avec d’autres enseignants dont Djény Kobenan. De même, les camps de Séguéla et d’Akouédo ont accueilli plusieurs générations d’étudiants, d’enseignants et de journalistes (dont Eugène Kacou) connus pour leur anticonformisme ou taxés de « trublions » de « mégalomanes » ou d’« apprentis sorciers qui tentent de troubler le climat de paix et de prospérité auquel nous veillons comme sur la prunelle de nos yeux » (dixit H B).

Ainsi, c’est au camp militaire de Séguéla que Laurent Akoun, Kouadio Améa Jean, Tiburce Koffi, Dablé Tata, Guéi Lucien, Gonzreu Kloueu, Ndri Voltaire, Ganin Bertin et leurs camarades du SYNESCI, ont “refait leur éducation”, pour avoir refusé d’affilier leur syndicat à 1’UGTCI (organe du PDCI), pour s’être élevé contre la pratique éhontée du « recrutement parallèle », pour avoir imposé la suppression de l’enseignement télévisuel qui a abruti des générations d’Ivoiriens et hélas ! assassiné des milliers de Mozart chez nous, et pour avoir, Tiburce Koffi le sait, exigé des établissements scolaires en quantité suffisante, ainsi que de meilleures conditions de travail en vue d’un « enseignement de qualité favorable à la réussite de tous les enfants de Côte d’Ivoire » (archive SYNESCI)…

Au regard de nos conditions actuelles de vie, nous avons, comme je l’ai déjà dit, des griefs contre Laurent Gbagbo et son entourage, certes. Mais, ayons, tous et toutes, le courage et l’honnêteté d’affirmer, sans jouer à l’avocat du diable et sans risque aucun de nous tromper, que, aujourd’hui, Tiburce Koffi peut tenir, publiquement, librement, de tels propos « à la limite de l'injure proférée à l'égard de M. Laurent Gbagbo », du reste sans représailles aucunes, tout simplement au nom de la liberté que nous n’avions pas hier, quarante années durant, et dont nous jouissons pleinement en Côte d’Ivoire en ce moment, dans cette deuxième république. Pouvait-il, du temps et du vivant d’Houphouët Boigny tenir le même discours sur Houphouët Boigny et…? Au moins, reconnaissons cela à Laurent Gbagbo, même si, comme le dit si bien Tiburce Koffi, « on mesure (en effet) le fossé d'élégance, de savoir et de culture qui le sépare d’Houphouët Boigny ». En vérité, un gouffre sépare les deux hommes, à tous points de vue.

Qui plus est, M. Tiburce Koffi blanchit, comme qui dirait à l’aveuglette, Houphouët Boigny de tous ses crimes de sang. Or, l'histoire de notre pays n'est pas si vieille, au point d’ignorer tous les événements, hélas ! bien souvent sanglants, qui l'ont marquée durant le règne du « sage », pour ne pas dire sous la dictature d’Houphouët Boigny et dont ce dernier porte l’entière responsabilité : les événements d’octobre 1958 ; le prétendu suicide ou la mort sans explication d’Ernest Boka qui alors président de la Cour suprême, avait démissionné pour protester contre les multiples arrestations ; le mystérieux accident de Jean Baptiste Mokey ; la mort jusqu’à ce jours inexpliquée de Victor Biaka Boda ; la prison d’Assabou ; l’affaire dite, « des faux complots » d’Houphouët-Boigny ; les événements du Sanwi ; la création d’une milice du parti de près de 6.000 hommes pour la plupart baoulés ; le massacre des Guébié qui avait fait plus de 4.000 morts ; la disparition de Kragbé Gnagbé ; la féroce répression de la grève des Agents de la Fonction publique suivie de l’arrestation illico et l’expulsion militari de Yao Ngo Blaise en Guinée ; l’arrestation en 1959 des dirigeants de l’UGECI dont Harris Memel Fôté ; le vote (sous la terreur) de la loi du 17 janvier 1963 autorisant Houphouët Boigny à prendre des mesures d’internement et d’assignation à résidence contre toute personne qui pourrait être suspectée de s’opposer à son pouvoir ; les « complots du chat noir » ; les mesures d'épuration prises à la suite de deux présumés complots contre le pouvoir ; la prison spéciale d'Assabou créée à Yamoussoukro (village natal d'Houphouët-Boigny) pour accueillir les "comploteurs" et qui a fait le plein jusqu'en 1967 et n’a été détruite qu'en 1969 et remplacée par une école primaire ; le congrès du PDCI, en 1963 où le jeune Konan Bédié a été présenté comme un « modèle » à l'opposé des militants et autres intellectuels du JRDA-CI qui remplissaient la prison d'Assabou ; le vote au début janvier 1963, par l'Assemblée d’une loi portant création d 'une cour de sûreté de l'Etat ; la révocation des trois ministres (Joachim Bony, Charles Donwahi et Amadou Koné fondateur des JRDA-CI) de leurs fonctions et qui ont rejoindront quelques jours plus tard, plus de cent personnes dont cinq députés, à la prison d’Assabou de Yamoussoukro ; la reconnaissance et le soutien du régime sécessionniste biafrais, lors de la guerre civile au Nigeria et l’accueil du Général Ojukwu, ancien chef rebelle du Biafra...

... On épuiserait des pages à citer tous les crimes de sang garnissant « la Mémoire du Grand homme », lequel, insinue Tiburce Koffi, « fut pourtant loin d'être un chef criminel », même s’il disait, sans blague, sans pudeur, sans honte, être un adepte forcené de l’injustice, même si pour réprimer ou tuer, il prenait comme prétexte ou alibi le « désordre », c'est-à-dire toute contestation, toute agitation, toute protestation, tout remise en question de l’hégémonie et de la divine sagesse du « Bélier », puisque nous étions présumés être les moutons.

Eu égard à ces faits, on peut affirmer que ce qui explique l’admiration pour le moins béate de Tiburce Koffi, c’est, d’une part, sa fibre ethnique ; c’est, d’autre part, le fait qu’il ne sait rien de tout cela , en dépit des archives et des documents qui existent pour l’éclairer (Patrick Grainville.- Le Tyran éternel, Seuil ; Pascal Koffi Téya.- Côte d'Ivoire, le roi est nu, L'Harmattan ; Samba Diarra.- Les Faux Complots d'Houphouët-Boigny, Karthala ; Jacques Baulin.- La Succession d'Houphouët-Boigny, Karthala ; Jacques Baulin.- La Politique intérieure d'Houphouët-Boigny, Eurafor ; Laurent Gbagbo.- Côte-d'Ivoire, pour une alternative démocratique, L'Harmattan ; Marcel Amondji.-Côte-d'Ivoire. Le P.D.C.I. et la vie politique de 1945 à 1985, L'Harmattan ; Marcel Amondji.- Félix Houphouët et la Côte-d'Ivoire l'envers d'une légende, Karthala ; Frédéric Grah Mel.- Félix Houphouët-Boigny. Biographie, édition Maisonneuve & Larose ; Ellenbogen Alice.- La Succession d'Houphouët-Boigny entre tribalisme et démocratie, L'Harmattan, etc.). Sinon, c’est, consciemment ou inconsciemment, du moins par « honnêteté par rapport à sa propre inconscience et à son ignorance» ou par pur « enjeu politique », qu’il passe sous silence ou dénie tout ceci, comme il l’a si souvent fait dans ses écrits. Alors, question : M. Tiburce Koffi est-il révisionniste, amnésique ou simplement malhonnête ?

Un héros cornélien ?

Par ailleurs, nous savons que, depuis 1999, M. Tiburce Koffi n’est pas en odeur de sainteté avec M. Henri Konan Bédié. Mais, le fait est que M. Tiburce Koffi est, malgré tout et par concession, Directeur de la maison d’édition du « Nouveau Réveil » appartenant à M. Henri Konan Bédié. Il est aussi un collaborateur privilégié de M. Charles Konan Banny. Un simple syllogisme permet de comprendre ce qui se passe : M. Tiburce Koffi est le Conseiller de M. Jean Konan Banny. Or, M. Charles Konan Banny, soupçonné, à tort ou à raison, par les partisans de Bédié d’être le commanditaire d’une tentative de sabordage du PDCI, a fait allégeance à M. Henri Konan Bédié. Donc, M. Tiburce Koffi se doit de faire allégeance à M. Henri Konan Bédié. Et, pour cela, M. Tiburce Koffi avait besoin d’un signal fort pour tourner la page, pour effacer l’opprobre, sauver l’honneur ; il fallait, à M. Tiburce Koffi, poser un acte cornélien, à l’image du Cid (Corneille), ou jouer à Antigone face à Créon (Anouilh)... Telle est la motivation profonde ou le mobile de ce prophétique « courrier offert à la curiosité du public » que, M. Tiburce Koffi a fait publier, précisément à la veille du scrutin, augurant de la fin inéluctable de Laurent Gbagbo, au soir du 31 octobre dernier, « comme l'étreinte dernière que se donnent ceux qui partent pour ne plus se revoir ni plus revenir… ». D’ailleurs, il le dit très explicitement et énergiquement dans son épitre : « A l'approche de ce jour fatidique, je te souhaite d'avoir le temps (après le ballet des flagorneurs de la cour), de repasser rapidement dans ta mémoire le film de tes 10 années de règne anarchique et criminel pour comprendre ceci : aucun peuple sérieux ne peut se permettre de reconduire un dirigeant improductif et dangereux comme toi. Un conseil donc : accepte de partir du palais présidentiel dans l'élégance du grand perdant. Accepte la défaite évidente qui t'attend. C'est la dernière porte que l'Histoire t'ouvre pour te permettre une possible réhabilitation après la tourmente que nous a servie ton régime nocif. Fin de règne donc pour toi, Gbagbo Laurent, fils de Mama ! La Côte d'Ivoire est en route pour la IIIème République ». Sans commentaire !

Que recherche Tiburce Koffi ?...

Cette déclaration à caractère divinatoire montre que M. Tiburce Koffi avait cru ne plus jamais rien attendre de Laurent Gbagbo. Il pensait, en astrologue, en « devin » ou en mage politique, dire l’oracle (épitre est un terme biblique) et en même temps, en sacristain, sonner le glas, et en même temps, être des tout premiers à crier : « Vive le Roi ! », bien entendu le nouveau, c'est-à-dire M. Henri Konan Bédié. Voilà pourquoi, à quelques heures du scrutin, il prophétise, sur un ton fort pathétique : « Fin de règne donc pour toi, Gbagbo Laurent, fils de Mama ! La Côte d'Ivoire est en route pour la 3ème République. Ce sera, inévitablement, l'œuvre des vrais héritiers d'Houphouët. Ceux du RHDP. Le grand jour est donc proche pour la réhabilitation de la Mémoire du Grand homme que tu as salie. Et ce sera ainsi, pour que soit rétablie la légalité républicaine rompue imprudemment un mauvais jour du 24 décembre 1999, sous tes soins ».

Malheureusement, M. Tiburce Koffi a tout faux, lui qui entendait, de cette façon, en fanfare, redorer son blason, autrement dit, convaincre solennellement M. Bédié et s’installer définitivement dans ses grâces et dans son estime. Mauvais calculs ! M. Tiburce Koffi perd de vue qu’il faut toujours et beaucoup réfléchir avant de poser certains actes, et que M. Henri Konan Bédié ne lui pardonnera jamais ce gros coup de massue fatal sur sa nuque, je veux parler de l’opprobre de la « Lettre Ouverte » publiée par M. Tiburce Koffi dans le journal Le Jour n° 1270 du 30 avril 1999, où il témoigne publiquement de l’incapacité notoire et irréfutable de cet homme à gérer intelligemment notre pays… Pour ceux qui ignoreraient l’existence et la teneur de cette autre « épitre offerte, (en 1999), à la curiosité du public, comme l'étreinte dernière que se donnent ceux qui partent pour ne plus se revoir ni plus revenir», en voici un extrait : « … Monsieur le Président (Henri Konan Bédié), vous et vos amis et partenaires du pouvoir politique, seuls élus au banquet de l’abondance et de la jouissance, n’avez pas le sens du sacrifice. Vos préoccupations essentielles semblent être les suivantes : continuer dans la culture du gaspillage et du clinquant, sacrifier le peuple, bloquer les salaires, hausse sans cesse et fantaisiste des prix, absence d’une politique sociale réelle du logement… Ici, en Côte d’Ivoire, on ne pense plus, on mange et on cherche à manger, car le savoir ne donne plus accès ni au respect ni au travail… ».

Pourquoi M. Tiburce Koffi procède-t-il toujours ainsi ?

Dans ma quête de réponse à cette interrogation et au regard de ses sentiments contradictoires, parfois inconvenants, je me suis intéressé, au-delà des mots, à l’état de santé moral et psychologique de M. Tiburce Koffi. Je ne reviens plus sur cette affaire de « dépendance » qui, comme je l’avais dit hier, est la raison fondamentale de son « dérèglement ». Ce dérèglement, qu’on nomme, en psychologie, paranoïa, appartient au groupe des psychoses et se caractérise, entre autres, par un délire systématisé sans affaiblissement des capacités intellectuelles, par un orgueil démesuré ou une hypertrophie du MOI mêlée de susceptibilité, d’angoisse de persécution, de jugement faux ou mensonge, de rigidité du psychisme, d’agressivité, de désir de vengeance, etc. De ce point de vue, on note ici que le langage de M. Tiburce Koffi est caractérisé par une réelle surestimation de lui-même, une auto-proclamation, un orgueil anormalement développé et associé à l’agressivité, un raisonnement apparemment logique mais reposant sur des illusions, des erreurs, des postulats faux et parfois grossiers, comme par exemple sur Houphouët Boigny ou sur Laurent Gbagbo, selon qu’il veut présenter une image méliorative de l’un et une image péjorative de l’autre, selon qu’il veut diaboliser ou louanger.

Il faut savoir que le dérèglement naît, bien souvent, soit d'un conflit psychologique et affectif, soit d’une affectivité anormale ou manquante ; ce qui suppose que, pour comprendre les propos et les agissements de l’individu concerné, il faut faire une investigation dans son enfance et dans sa jeunesse, c'est-à-dire interroger son milieu familial et ethnique, ses relations avec ses parents et ses collègues ; il faut détecter ses frustrations, ses ambitions inassouvies, ses désirs insatisfaits, etc., lesquels, il faut le savoir, génèrent de la souffrance et influencent l’élaboration du sens de la réalité et de la vérité.

M. Tiburce Koffi souffre énormément de ce mal qu’il reconnaît lui-même, en ces termes : « Je continuerai à écrire pour dire mon mal ». Malheureusement, trop souvent, ce mal le dessert. Il lui fait faire de mauvais choix et des dérives, comme cela a, à juste titre, été relevé et souligné ci-dessus par notre ami.

Un exemple parmi tant d’autres, c’est sa vision de la fuite, voire de l'exil, révéré par André Breton et autres surréalistes comme étant « l'acte surréaliste par excellence lié aux turbulences politiques et sociales défavorables à la quiétude, à l'action politique, à la création artistique, à la production littéraire… ». L’exil ou la fuite dans une situation de menace se mue, aux yeux de Tiburce Koffi, en fait de traîtrise, de trahison et de couardise : « Le courage, ton fameux courage, parlons-en, Laurent. Dis-moi un peu : pourquoi as-tu fui, en 1982, pour aller te cacher en France pendant près de sept ans ? ''Pour des raisons sécuritaires, car ma vie était en danger'', as-tu dit. Moi, je te réponds : pendant que tu te terrais en France, hors de portée de la colère d'Houphouët, n'y avait-il pas d'opposant ici, en Côte d'Ivoire ? Oui, Laurent, oui, il y en avait. Tu sais leurs noms (j'en fais partie), et j'épuiserais mes pages à les citer, tous. Si toi, le fuyard, se qualifie aujourd'hui de courageux, de quels qualificatifs désignera-t-on ceux d'entre nous (dont moi) qui sommes restés ici, sur place, pour résister au pouvoir d'Houphouët ? Lequel d'entre nous a-t-il été tué par le régime d'Houphouët ? Aucun. Vois-tu donc Laurent, quand on a fui une colère aussi terrible que soit celle d'un Houphouët (qui fut pourtant loin d'être un chef criminel), quand on a abandonné le champ de combat et qu'on s'est tenu loin, très loin de la répression, pendant sept ans, pour écrire quelques livres au ton dénonciateur, on ne se targue pas d'être un homme courageux ! Le courage, ce fameux courage ! Voyons, Laurent : où t'a-t-on capturé, en février 1992 ? Dans l'entrepôt d'un immeuble, au Plateau, dit-on. Que faisais-tu en cet endroit, toi le preux, le courageux, le brave ? Tu fuyais la répression policière suite aux actes posés par tes militants hystériques que tu avais gonflés à bloc pour cette marche insurrectionnelle. Tu avais donc abandonné l'armée de tes militants ; et, après avoir détalé comme un forban pourchassé, tu es allé te cacher en cet endroit…».

C'est à croire qu'il faut clouer au pilori nos compatriotes Francis Wodié, Ahmadou Kourouma, Yao Ngo Blaise, Sokoury Marcel, Pascal Kokora, Marcel Amondji, Pascal Koffi Téya, Nicolas Agbohou, Bernard Doza, Sylvain de Bogou, Paulin Djité et bien d'autres (dont un certain Léandre Katouho Sahiri) qui, sachant d’Esope que « face à plus fort que soi, rivalité ou résistance ne sont pas de mise » et mettant en avant ou observant que " « dans un pays où le bon sens ne protège plus, la sagesse enseigne et commande de fuir », ont pris, courageusement, de gré ou de force, le chemin de l'exil et ont, dans leurs pays d’accueil, réalisé de grandes choses (études, publications, diplomatie, etc.) qui font honneur à la Côte d’Ivoire...

C'est aussi à se demander si André Breton n'aurait pas eu tort de lancer, en 1922, cet appel célèbre : « Lâchez tout…/ Lâchez votre femme…/ Lâchez vos espérances et vos craintes / Semez vos enfants au coin d'un bois / Lâchez la proie pour l'ombre…/ Lâchez au besoin une vie aisée, ce qu'on vous donne/ Pour une situation d'avenir… » ?... C'est à s'arracher les cheveux que de croire que les Mongo Béti, Wole Soyinka, Voltaire, Emile Zola, Samuel Beckett, Luis Mizon, André Siniavski, Mario Goloboff, Salman Rushdie, Fernando Arrabal et tant d'autres sont des lâches, des couards pour avoir, à un moment donné de leur vie, opté pour l'exil en vue d’éviter d'être emportés par le tourbillon des turbulences politiques et sociales de leurs pays. Et, l'on sait que, en général, en leurs terres d'exil, les exilés ne perdent en rien leur dignité (sauf s'ils se comportent mal), et souvent posent des actes déterminants qui font honneur à leurs pays d'origine. D’ailleurs, l’on sait que la révolution roumaine qui a emporté la dictature de Ceausescu est, d'abord et avant tout, l'œuvre des exilés roumains en France. Alors !…

Et, je suis fort aise d'en parler, parce que c'est ce que j'ai dû, moi aussi faire, en 1987, c'est-à-dire, n’en déplaise à Tiburce Koffi, fuir mon pays qui puait l'injustice et l'arbitraire et où, au mépris des Droits de l'Homme, M. Houphouët Boigny se disait avoir la paix comme religion et, contradictoirement, chérissait l'injustice et le clamait, en se frappant la poitrine, comme s'il ne s'agissait pas d'un vice, comme s’il ne faisait pas ainsi mal à des êtres humains... En effet, Houphouët Boigny claironnait « Je préfère l'injustice au désordre », contrairement à Paul Claudel qui affirme que « le désordre est le délice de l’imagination et de la création », contrairement à Colette Becker qui soutient que « L'injustice et le mal viennent de l'ignorance ». Et moi, en accord avec Claudel et Becker, j'avais fui l'ordre et l'injustice d'Houphouët Boigny, quoique les soi-disant Houphouétistes, toute honte bue, l’en vénèrent et l’en encensent et revendiquent la « réhabilitation de la Mémoire du Grand homme » dont ils se réclament pompeusement.

Laurent Gbagbo n’est pas Créon

M. Tiburce Koffi, au risque de finir un jour dans un asile et de peur d’écourter inutilement son espérance de vie, se devrait, comme je le lui avais déjà conseillé, très amicalement, de sortir des sentiers battus de la dépendance, prendre réellement conscience de son dérèglement et chercher à en guérir, pour pouvoir mettre sa plume, sa belle plume, sa très belle plume, (et ce serait malhonnête et indécent de ma part de ne pas le lui reconnaître) désormais au service de causes plus nobles que celles qui le desservent inopportunément. Ne serait-ce, d’abord et avant tout, que pour lui-même. Car, certes, Laurent Gbagbo n’est pas Créon et ne lui fera pas subir le sort d’Antigone. Mais, attention ! Tout le monde n’est pas Laurent Gbagbo...

C’est ce que je pense.

Léandre Sahiri, Directeur de publication.

Paru dans La rubrique ce que je pense du Filament N°10



Au tableau d'honneur : Mme Evelyne Marie Chantal YAPO

Première femme à la tête de l’ENA de Côte d’Ivoire



Au tableau d'honneur de ce mois, nous vous présentons Mme Yapo Evelyne Marie-Chantal née Serele-Zoua. Elle est la première femme à présider aux destinées de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) de Côte d’ivoire, depuis sa création. Mme Yapo Evelyne Marie-Chantal née Serele-Zoua, est officiellement entrée dans ses fonctions de directrice générale de l’ENA. La cérémonie de passation de charges s’est déroulée dans la salle de conférence de ladite école, dans l’après-midi de ce mardi 8 juin. Aussitôt, elle a fait connaître sa priorité : « Il s’agira de faire en sorte que l’ENA regagne la confiance des populations ivoiriennes. Ma priorité est évidemment d’exécuter la lettre de mission du Ministre de la fonction publique et



de l’Emploi, et partant, du gouvernement tout entier. Et puisque la prochaine grande étape ce sont les concours, eh bien nous allons nous atteler à vraiment rendre les concours plus crédibles comme on nous l’a demandé ».

Pur produit de cette ecole, l’Ecole Nationale d’Administration, Mme Yapo Evelyne Marie-Chantal née Serele-Zoua a effectué ses premiers pas à la fonction publique ivoirienne, en tant qu’administrateur des services financiers, chef de la section Abidjan, à la Direction générale des Impôts de 1993 à 1996. Elle est nommée Directrice de l’Ecole de gestion économique et financière (EGEF) de l’ENA en Septembre 1997, où elle a exercé 13 années durant.

En ce qui concerne la rumeur persistante qui assure que pour entrer à l’ENA, il faut « payer », voici ce qu’elle compte entreprendre pour changer la donne : « Je ne sais pas si on paye pour entrer ici, mais je puis vous assurer que cela ne sera pas possible avec moi. Nous voulons réconcilier l’ENA avec la population ivoirienne. il faut que les ivoiriens retrouvent la confiance qu’ils avaient mis en leur école nationale d’administration, et c’est à cela que nous travaillerons ».

Quand on lui demande ce que lui inspire cette nomination, en tant que première femme à la tête de l’ENA, elle répond : « C’est une grande fierté, car je pense que ma nomination est symbolique. Tout d’abord, je suis la première énarque à la tête de l’ENA, et ensuite parce que je suis une femme… c’est tout un symbole ». (Propos recueillis par Ghislaine Atta)

Jean-René Vannier

Source : Le blog de Ghislaine Atta



Stratégie pour la victoire

Le 28 novembre 2010, la CÔTE D’IVOIRE doit remporter LA VICTOIRE, non pas par « tous les moyens », mais de façon démocratique, c'est-à-dire sans violence, sans tricherie, dans la discipline, dans l’union. Nous les Ivoiriens et les Ivoiriennes, pour ce 2ème tour de notre élection présidentielle, unissons-nous pour dire NON à la servitude et pour confirmer notre légitime aspiration à la paix, à la souveraineté, à la dignité, au bien-être. Soyons tous rassemblés pour proclamer, aux yeux du monde entier, notre grandeur et notre maturité et pour faire du 28 novembre 2010, une date glorieuse et mémorable.


LES DIX COMMANDEMENTS POUR GAGNER LE 28 NOVEMBRE 2010

1. Nous devons nous mettre en rangs serrés et compacts pour défendre la terre de nos aïeuls, la Côte d’Ivoire.

2. Nous devons nous organiser, c'est-à-dire : mettre en place les dispositions utiles ; prévoir les moyens adéquats en ce qui concerne les secours, les ravitaillements et les déplacements (transports), afin d’éviter les désagréments, les vicissitudes, et les affrontements inutiles.

3. Nous devons mobiliser toutes les forces vives, hommes et femmes, de notre nation pour une participation effective et massive au vote : soyons, tous et toutes, présents dans tous les bureaux de vote pour exercer, en toute conscience et en toute responsabilité, notre droit de vote et notre devoir citoyen.

4. Nous devons faire barrage, PACIFIQUEMENT, SANS VIOLENCE, aux spécialistes de la violence, ramener les va-t-en-guerre à de bons sentiments, à des comportements de sagesse.

5. Nous devons être, tous et toutes, présents, dans tous les lieux de vote, et demeurer vigilants, attentifs aux différentes phases du déroulement du vote, c'est-à-dire depuis l’ouverture du bureau jusqu'à la proclamation des résultats.

6. Nous devons veiller à ce que soient utilisés les moyens et les matériels appropriés (urnes transparentes, machines à voter mécaniques ou électriques, bulletin unique, isoloir, encre...) en vue de prévenir ou d'éviter les manipulations frauduleuses de tous genres, et dénoncer systématiquement la moindre anomalie ou irrégularité constatée : la dénonciation des irrégularités électorales doit être l'affaire de chaque citoyen ou citoyenne.

7. Nous devons savoir que tout électeur qui vend sa voix au plus offrant est aussi méprisable que tout candidat qui achète la voix d'un électeur pour usurper le pouvoir.

8. Nous devons savoir que, dans l'isoloir, hors du regard des autres, chacun ou chacune de nous doit avoir constamment à l'esprit qu'il ou elle n'est pas seul(e), mais qu'il ou elle est en face de sa conscience et face à sa conscience, et que la destinée de notre nation est, à ce moment précis, entre ses mains.

9. Nous devons connaître les diverses méthodes de fraude pour détecter et dissuader les fraudeurs, pour lutter efficacement contre les pratiques frauduleuses et les irrégularités susceptibles d'affecter ou de fausser les résultats de l’élection : nous voulons une élection juste et transparente où la victoire reviendra au plus méritant des candidats, c'est-à-dire celui qui est capable d'agir dans l'intérêt supérieur de la population ivoirienne.

10. Nous devons éviter le vote mécanique et instinctif ; cela veut dire : ne pas nous baser sur nos attaches régionales, ethniques, religieuses ou militantes, mais voir seulement et uniquement la CÔTE D’IVOIRE.
Vive la Côte d’Ivoire ! Vive l’Afrique !

Léandre Sahiri

Afrique : Il nous en finir avec les illusions démocratiques

En lisant Le filament, une citation, parmi tant d’autres, a retenu mon attention et pose l’épineux problème de la lutte contre la pauvreté dans les pays sous développés : « celui qui vend sa voix est aussi méprisable que celui qui l’achète ».

Celui qui vend ne doit pas être logé à la même enseigne que celui qui achète.

Un chef de village analphabète pris en flagrant délit de vente de sa carte d’électeur et des membres de sa famille a répondu qu’il assumait son geste parce que son vote ne servirait à rien, étant donné que sa décision de pauvre ne peut rien changer à ce que les riches ont décidé... L’argent issu de la vente va permettre de subvenir aux besoins de sa famille pendant plus de trois mois. Cela pose le problème de l’ignorance, de l’espoir déçu.

Des concepts ont été imposés à l’Afrique : démocratie, bonne gouvernance, suffrage universel sans tenir compte des réalités africaines.

Après cinquante ans d’indépendance et 20 ans de démocratie, Il nous faut avoir l’audace de revisiter la boîte noire de nos démocraties, de faire l’inventaire des politiques d’aide au développement, d’analyser le suffrage universel qui s’inscrit dans la logique de « celui qui gagne prend tout » : autant de choses qui continuent de plonger l’Afrique dans une misère abjecte.

Les Africains doivent composer leur modernité à partir de leur identité culturelle et promouvoir les valeurs fondamentales.


En plus des valeurs économiques, vitales, affectives, si nous voulons un monde plus libre, plus respectable et plus sérieux, nous devons promouvoir trois valeurs fondamentales en plus de ces valeurs déjà reconnues : la conscience, l’honnêteté, la responsabilité.

La conscience : elle évite l’enténèbrement de l’esprit et la crétinisation de la masse, sachant que la société n’est pas un troupeau somnolent gouverné par quelques individus prenant les décisions à sa place.

L’honnêteté : elle met l’accent sur un sens élevé d’intégrité et se traduit par le fait que les biens qui nous ont été confiés ne doivent pas être employés à mauvais escient. L’honnêteté est cohérence avec soi. On ne peut être honnête avec autrui qu’en étant honnête avec soi même. En d’autres termes, celui qui est malhonnête avec autrui est malhonnête avec lui-même.

La responsabilité : elle sous-entend que nous avons de la sollicitude envers ce qui nous est confié et ce dont nous avons la garde, et que nous avons conscience des conséquences de nos actes.


Sauver l’Afrique des illusions démocratiques

Nos indépendances ont été déjà un échec ce qui nous a conduit à mettre en place des sociétés démocratiques avec beaucoup d’attachement aux « valeurs démocratiques » mais, qui ne sont que des illusions démocratiques. Ainsi donc, l’expression « Valeurs démocratiques » est un discours vide, un discours somnifère servi au peuple. Pour Alan Bloom, l’auteur de L’âme désarmée, c’est « une incantation creuse ». Il nous faut sauver l’Afrique, attaquer la pauvreté, définir les concepts de démocratie, par rapport à notre identité réelle. C’est un débat tout entier et très profond. Permettez-moi de vous adresser cette réaction à chaud. Pardonnez-moi d’avoir dit certaines vérités qui choquent et dont les politiciens n'ont pas besoin.

Madame Anne Cica ADJAÏ (Ancien Conseiller Technique Chargée de la Moralisation de la Vie Publique).

L’Afrique : vivier du football européen


L’Afrique dont la Coupe des Nations avait éteint ses lampions le 31 janvier dernier, sur la victoire de l’Égypte face au Ghana (1-0), demeure un grand fournisseur mondial de joueurs.

En effet, les joueurs africains sont une composante indissociable de l’identité footballistique européenne. Le constat a sauté aux yeux début janvier. Pas moins de 112 joueurs du continent noir ont quitté leurs clubs des cinq grandes ligues (40 en Ligue 1, 31 en Premier League anglaise, 22 en Bundesliga allemande, 12 en Liga espagnole et 7 en Serie A italienne) pour disputer la Coupe d’Afrique des nations.


Pour la première fois, une vaste étude lancée sur trente-six des cinquante-deux ligues européennes vient de quantifier le phénomène. La masse de chiffres récoltés est sans appel : l’Afrique représente bien un important vivier dans lequel le football européen puise sans réserve. Un vivier commode pour les recruteurs. « 23% des étrangers évoluant dans ces 36 ligues viennent de cette région du monde. Mais, si l’on regarde ce pourcentage pour les cinq ligues les plus puissantes, il tombe à 10 %. Les joueurs africains se trouvent donc plus dans des ligues de moindre niveau. Ils représentent ce que l’on pourrait appeler une “sous main-d’œuvre” pour le foot européen », analyse Loïc Ravenel, co-directeur de l’Observatoire des joueurs de foot professionnels.

Une sous main-d’œuvre d’autant plus facile à capter que les pays réservoirs de talents ne possèdent pas ou peu de championnats d’élite capables de former, de valoriser puis de transférer au prix fort leurs perles rares. Les joueurs africains sont donc ceux qui partent le plus tôt de chez eux : un peu plus de 19 ans en moyenne. Soit trois ans de moins que les Sud-Américains. Ce jeune âge lors de la première transaction a bien sûr un impact économique négatif.

L’Afrique ne tire pas autant partie de ses transferts que le championnat brésilien, par exemple, premier exportateur du monde, qui a bâti son modèle économique sur la vente de ses joueurs formés et aguerris. L’an dernier, 502 d’entre eux ont traversé l’Atlantique. Un bon millier parcourt le monde. Mais, grâce à l’interdiction sur les transferts de mineurs imposée par la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), l’âge moyen de départ des Africains s’est stabilisé. Dans ce contexte, l’Europe du ballon rond fait surtout son marché en Afrique de l’Ouest. Au Nigeria d’abord, premier pays exportateur du continent et septième, toutes zones confondues, avec 113 éléments. Suivent le Cameroun (84 joueurs), la Côte d’Ivoire (61), le Sénégal (57) puis le Ghana... L’Afrique du Nord est, elle, absente. Le championnat égyptien est assez puissant pour conserver ses meilleurs éléments. Quant aux joueurs maghrébins évoluant en Europe, ils sont pour la plupart nés dans les pays d’Europe et n’apparaissent, de ce fait, pas dans les statistiques migratoires.


Serge Grah

(Journaliste, Ambassadeur Universel pour la Paix).

Un article paru dans la rubrique sous l'art à palabres du Filament N°10



Edito du 15 novembre 2010

Et de dix !

Nous sommes heureux de vous proposer la dixième parution de votre journal Le Filament.

Et comme vous savez, 10 est le premier des nombres composés, combinant les connaissances dans leur ensemble. C’est d’ailleurs ainsi qu’il apparaît dans le Décalogue pour symboliser l’ensemble des lois de Dieu édictées en « Dix commandements ». Et puis, 10 représentent la somme des quatre premiers nombres (1+2+3+4), marquant les quatre points cardinaux, les quatre saisons, les quatre étapes de la création. Chez les Bambaras, 10 symbolise Faro, le Dieu d’eau, c’est-à-dire la fécondité. Pour les Pythagoriciens, 10 c’est le plus sacré des nombres, c’est le symbole de la création universelle. A leur sens, il signifie le retour à l’unité, à la totalité et signifie l’achèvement de l’initiation et donc la maturité...
Dans ce sens, il ne fait pas de doute que, avec ce dixième numéro, nous avons atteint notre vitesse de croisière. On peut s’en rendre compte par le nombre de nos lecteurs et lectrices qui s’agrandit chaque jour davantage, et qui, chaque mois, attendent impatiemment Le Filament. On peut également s’en rendre compte par le volume et la qualité appréciable des articles et des contributions que nous publions, ainsi que par les critiques, les suggestions, les propositions, les félicitations et autres témoignages de sympathie, la visite régulière de notre site Internet : www.lefilament.info, etc. Tout cela nous conforte dans l’idée que nous avons été fort bien inspirés de lancer ce journal et, surtout, d’avoir, d’emblée, choisi la ligne que nous suivons, celle de l’indépendance et de la liberté, et non de la neutralité.
Nous voudrions vous renouveler notre gratitude, à vous tous et toutes, qui nous soutenez, sous quelque forme que ce soit, vous qui nous aidez volontiers à diffuser largement « Le Filament». Continuons, tous et toutes, à offrir Le Filament gratuitement, à nos amis, à nos parents, à nos connaissances, surtout aux personnes qui n’ont pas encore eu l’opportunité de lire ce journal qui se veut un vrai carrefour, du moins une plateforme véritable d’échanges et de débats d’idées.
Excellente lecture.
Portez-vous bien et à très bientôt.

Léandre Sahiri, Directeur de Publication.

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