mardi 31 janvier 2012

Bonne année !

Mon frère, ma sœur, je souhaite Bonne et heureuse année ! Santé de fer, d'acier, de manganèse, de bauxite, de phosphate, etc.

Que le Seigneur t'accorde tout le bonheur du monde. Que l'année nouvelle te permette de réaliser tous tes rêves, même les plus insensés.

Cette année, Dieu nous rendra visite, chez nous à domicile. Le ciel descendra à quelques centimètres de nos têtes afin que nous puissions compter les étoiles. Joyeuse année donc. Nous pouvons croiser nos bras maintenant, et si nous avons tant sommeil, dormir en nous enveloppant dans le drap de nos illusions.

Voici donc une nouvelle année. Une autre année. Bonne et heureuse année à tous et à toutes !

Personnellement, cette période d'échange de vœux m'agace un peu. Au-delà du rituel, les comportements (ceux des Africains surtout) sont trop mécaniques. On en retient chaque fois la dimension festive. L'aspect carnaval. Le moment de jouissance. On hurle, on se trémousse et on milite en faveur de tous les excès. Après quoi, on distille des "Bonne année" sans fondement.

Une nouvelle année est forcément l'occasion d'un bilan ; et un bilan s'établit en fonction d'un ou des objectifs. Il peut être individuel ou général.

Quel bilan peut faire la Côte d'Ivoire au terme de l'année qui vient de finir ?

J'observe, pour ma part, que ce bilan est à la fois négatif et honteux.

J'ai, en effet, honte de voir mon pays comme un protectorat. Honte de le voir couper en deux avec des administrations différentes. Honte de constater le pillage systématique de nos ressources par les rebelles. J'ai honte de voir les Ivoiriens affamés, errant sans espoir dans leur propre pays.

J'ai honte du sort des "déplacés de guerre". J'ai vraiment honte de voir mon pays administré depuis le conseil de sécurité. J'ai honte de la transition politique. J'ai honte face au désarroi de mon peuple. J'ai d'autant plus honte que j'ignore la fin de cette crise qui déshumanise. Joyeuse année 2012 ! Si 2011 a été une très bonne année pour la rébellion, on ne peut dire autant pour le peuple de Côte d'Ivoire.

Une année nouvelle n'a jamais été porteuse de miracle. L'année change chaque fois à la même période. Elle a chaque fois une durée de 12 mois. Ce qui compte c'est de changer de comportement face aux enjeux du développement.

Pour 2012, j'invite les Ivoiriens à ne pas réfléchir par procuration. Qu'ils revendiquent leur propre intelligence. Je souhaite qu'ils examinent, par eux-mêmes, les raisons qui motivent leur misère et qu’ils contribuent à sa résolution.

Bamba Abdoul Karim

Paru dans Le Filament N°18

De M. Henri Konan Bédié, que retiendront les Ivoiriens ? (2ème partie)

Le président Bédié et la cabale de l’ivoirité

Les conditions de son arrivée au pouvoir, les divisions à l’intérieur de son propre parti, l’ethnisation de la vie politique et son manque de rigueur dans la gestion des affaires d’état, ont été pour beaucoup dans la chute du président Bédié. Ils sont nombreux, ceux de ses compatriotes qui ne lui pardonneront jamais d’avoir inoculé le virus de l’ivoirité dans notre vie politique nationale.

De nombreuses voix se sont élevées à l’intérieur du PDCI-RDA, pour persuader le président Bédié, que ce concept est une dérive contraire à l’unité du pays. Mais, comme Moïse devant le Pharaon, les avertissements de bon sens n’ont servi à rien ; car, l’homme était durablement enfermé dans ses certitudes. On a l’impression, avec le recule du temps, qu’il était écrit, à l’avance dans le livre de son destin, qu’il assistera de ses yeux à sa propre chute.

La mobilisation de tous les médias d’Etat pour développer une campagne nationale d’une ampleur inouïe dans le but de dénier la nationalité ivoirienne à notre frère, M. Alassane Dramane Ouattara, ancien Premier ministre de la Côte d’Ivoire.

Sincèrement, avait-on besoin de déployer l’ensemble des moyens de l’Etat contre une seule personne ? N’y avait-il pas là quelque chose de stupide et d’indigne de la part d’un gouvernement et de son chef ?

L’arrestation de la mère de M. Alassane Ouattara, une femme âgée et son interrogatoire pendant des heures par une police aux ordres du pouvoir, était un comportement digne de la Gestapo allemande pendant l’occupation de la France. Pensez-vous sincèrement que toutes ces méchancetés inutiles sont aujourd’hui oubliées par M. Alassane Ouattara ?

Dans un pays organisé qui se respecte, c’est après la naissance d’un foyer de tension que l’Etat intervient, avec tous ses moyens, pour ramener le calme et favoriser la coexistence pacifique à l’intérieur de la communauté nationale. Chez nous, au contraire, on utilise les moyens de l’Etat pour nuire son propre compatriote. Pour ne pas dire que ce sont les agissements de l’Etat et de ses dirigeants politiques, qui entretiennent et alimentent les antagonismes entre Ivoiriens. Curieux destin pour cette Côte d’Ivoire, qui se voulait la « patrie de la vraie fraternité ».

L’ivoirité, est un concept de redéfinition de la nationalité ivoirienne, sur des bases de relent nationaliste et d’exclusion de ceux qui ne sont pas des Ivoiriens de souche. Comme la préférence nationale dans l’extrême droite française. C’est un concept débile qui a fait beaucoup de mal au corps social de la Côte d’Ivoire. Il a été inventé et introduit en politique par les Houphouétistes du PDCI-RDA, avec en tête, l’ancien président, M. Henri Konan Bédié.

L’un des deux objectifs de ce concept était de barrer la route à M. Alassane Dramane Ouattara, candidat à la magistrature suprême du pays. Le second but de cette manœuvre sordide était de permettre à ces gens qui n’ont aucun sens de l’Etat, ces Houphouétistes du dimanche, dont nous connaissons tous la culture de gestion, d’établir, à travers leurs petits calculs d’alcôve, un droit de propriété sur la Côte d’Ivoire au nom de leur groupe tribal.

C’est le germe nuisible de l’ivoirité qui a détruit le « vivre ensemble » et pousser les Ivoiriens à se dresser les uns contre les autres. Un pays ne peut pas renier une partie de sa propre population sans se renier lui-même. Toutes les tentatives pour aller dans le sens de l’ivoirité fragilisent et exposent le pays à des profonds bouleversements qui seront dommageables pour tous les ivoiriens.

Pour clore ce chapitre, nous disons ici, sans ambiguïté, comme nous avons eu plusieurs fois l’occasion de l’exprimer en public, que la cabale qui a été montée contre l’ancien Premier Ministre de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Dramane Ouattara, par les tenants de l’ivoirité, était à la fois indigne et honteux pour la Côte d’Ivoire. (A suivre).

Dr Serge Nicolas Nzi


Prochainement : 3ème partie, La gestion économique du président Bédié

lundi 30 janvier 2012

En toute hypocrisie…

Ne manque surtout pas de protester contre cette généralisation. Prétends que je suis seul à l'être et toi, tu ne l’es pas du tout. Ce n’est pas grave… Je t’aime bien quand même, je puis l'affirmer en toute hypocrisie. Je te pratique et t’observe depuis des années. On se rencontre dans des manifestations hypocrites, en éclusant la boisson de gens dont on ira dire beaucoup de mal.

On se côtoie dans des mariages et enterrements, c'est-à-dire dans ces circonstances où la bonne éducation nous oblige à feindre une joie ou une peine qu’aucun de nous n'éprouve. Je t’ai vu dormir au cinéma pendant la projection d’un film, quitte à crier au chef-d'œuvre et au génie lorsque tu te retrouves, les paupières encore lourdes, devant des gens. Je t’ai vu aussi acheter des livres que, dans le meilleur des cas, tu n’as fait que feuilleter. Tu n’es pas d'accord ? Eh bien, laisse-moi te dire que tu es encore plus hypocrite que je ne le pensais !...

En ce qui me concerne, c'est au sortir de mon enfance, cet état privilégié qui permet de dire n'importe quoi — c'est-à-dire la vérité — sans que cela tire à conséquence, que je suis devenu un hypocrite. Par la suite et avec l’alibi de la nécessité, des convenances, de l'habitude, de la facilité et de la lâcheté, j'ai connu et pratiqué toutes les hypocrisies. Moyennant quoi, nous avons noué ensemble des relations hypocrites, une amitié ou des amours pleines d'arrière-pensées. Et depuis, côte à côte, mon frère, nous parcourons ce long chemin social jalonné de tapes dans le dos sans cordialité, de sourires sans gaieté, d'embrassades sans affection et de croc-en-jambe machinaux.

Aujourd’hui, mon frère, ma sœur, formons une vraie famille. Puisque nous sommes surtout liés les uns aux autres par des intérêts et le souci du qu'en-dira-t-on. Puisque nous avons encore de beaux jours devant nous !

Serge Grah 

Paru dans Le Filament N°18

vendredi 27 janvier 2012

Les raisons de la reconquête du Niger par la France

Les « forces armées » du Niger, qui comptent 12000 hommes, sont guidées par des « conseillers militaires français ». Entraînés et financés par la France, ils protègent toutes les routes géostratégiques et les mines. Les deux plus importantes mines du Niger se situent sur le territoire des Touaregs sont contrôlées par la compagnie française paramilitaire « Areva », un empire dominant en matière de nucléaire, dirigé directement par l’Elysée, au travers de l’actionnaire principal, le « CEA », propriété de la France.

Présent dans 43 pays, dont l’Irak, l’Iran et la Libye, le Niger, qui exporte à présent 7,7% de l’« uranium » mondial et bientôt 15% avec l’ouverture de la mine d’« Imoumaren », se situe avec constance parmi les cinq premiers exportateurs avec le Canada, l’Australie, le Kazakhstan et sa production est au même niveau que celle de la Russie.

Le Niger a fournit largement son ancien seigneur colonial, la France, en uranium, et elle continue à le faire. Un approvisionnement requis pour le programme nucléaire civil et militaire de l’Hexagone et d’Israël, une grande partie de ce minerai est détourné vers la Libye et certains pays rebelles du « TNP ». Impliqué dans tous les aspects de la chaîne des matières premières, de l’extraction à l’enrichissement, de la propulsion au recyclage et au démantèlement, avec un chiffre d’affaire de 16,16 milliards d’euros, la puissante économie française d’«Areva» est aussi présente en temps que vecteur paramilitaire dans le Sahel, mais aussi dans le renseignement et les enlèvements d’otages, l’Etat français se cache derrière toutes les tentatives de déstabilisation des pays africains sensés être sous son influence.

Actuellement, la France maintient 10.000 soldats spécialisés sur le continent africain pour protéger ses approvisionnements en uranium, principalement basés à Libreville au Gabon, aussi connue sous le nom de « Foccartland ». De 1997 à 2009, la France est intervenue militairement 46 fois et arrive quelquefois jusqu’au massacre des populations africaines (génocide des Tutsis). Sur ces incidents, 28 ont eu lieu sans référence aux « Nations Unies ».

La politique Françafrique se poursuit encore plus sous Sarkozy, notamment par l’autofinancement des groupes terroristes au Niger et la gestion des affaires de prises d’otage. La France a créé un second « Guantanamo » à Niamey pour « Al-Qaïda » du Maghreb, faisant libérer des terroristes sous mandat international, la France pose des entraves à la lutte contre le terrorisme international, elle négocie et libère des terrorismes qu’elle arme et les envoie au Maghreb arabe pour maintenir une certaine tension favorable à sa politique, notamment par les actes criminels contre la population civile.

Le 11 septembre avec un faux Ben-Laden inventé par la « CIA », cette date a été un motif pour une nouvelle forme de colonisation des ressources énergétiques que recelèrent les pays sous-développés. Les mines d’uranium découvertes au Congo, au Gabon et au Niger ont permis à la France de contourner les accès difficiles à l’uranium en Ouzbékistan, au Canada et en Australie, des régions perçues comme ayant des tendances pro-américaines et étant gérées par les Etats-Unis, rival de la France en Afrique et ailleurs. Le partage du monde en zone d’influence dans le conteste de la mondialisation préconise qu’une grande partie de l’Afrique soit dominée par la France.

Sur le plan économique, la présence française en Afrique, est rivalisée par la Chine dissuasive par son nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité, à l’«ONU», assoiffée de ressources, sa présence en expansion rapide sur le continent africain, avec plus de 24 milliards de dollars de prêts depuis 2003, principalement garantis par des ressources.

La présence chinoise en Afrique est contestée par la population africaine et est aussi considérée comme une menace aux intérêts français. Les mines du Niger, souterraines et à ciel ouvert, sont exploitées par les firmes subsidiaires d’« Areva », comme « COMINAK » et « SOMAIR », qui rapportent entre 75 et 90% du revenu national. Les réserves d’« uranium » d’« Imoumaren », dont il est attendu qu’elles produisent 5.000 tonnes par an, ont fait l’objet d’un contrat signé, en janvier 2009, entre « Areva » et le gouvernement de Mamadou Tandja, et ce pour 40 ans. Il est prévu que la production débute en 2012 après un investissement de 1,2 milliards d’euros. L’«uranium» Nigérien fourni 80% d’électricité consommée en France, énergétiquement la France est dépendante du Niger.

Y. Mérabet, journaliste Réseau Nerrati-Press

Source : Afriquinfos/ Réseau Nerrati-Press 

mercredi 25 janvier 2012

Le christianisme est-il bon pour l'Afrique ?

Peut-être, cette question va vous étonner dans un premier temps ou susciter votre curiosité. Mais, nous croyons, toutefois, qu’elle peut aussi retenir votre attention.

A la vue de tous les événements politiques et sociaux qui secouent le continent Africain, il faut être sincère pour avouer qu’il n’y a pas de paix en Afrique, qu’il y a la pauvreté, la famine et une misère criante, sans oublier certains actes et caractères spirituels comme la sorcellerie, la haine et toutes sortes de méchanceté.

D’où viennent tous ces problèmes sur un continent où les gens prient nuit et jour ? Est-ce le résultat de la mauvaise pratique de la religion, eu égard à ce qu’on voit comme comportement antéchrist de certains bergers et fidèles ?...

Nombreux sont ceux qui veulent voir l’efficacité de la religion ou l’action de cette religion comme solution de paix à des moments troubles que connaît notre continent. Ils souhaitent voir le christianisme, tel qu’il est prêché, agir en religion puissante pour arrêter ou apaiser la misère des Africains, du moins, agir sur l’esprit et les réflexions de l’homme africain pour le persuader à mettre en pratique les recommandations bibliques et à aimer son prochain.

Comment expliquer la confusion qui règne dans un continent où les gens consacrent tout leur temps à prier ?

Que pouvons-nous aujourd’hui répondre à ceux et celles qui disent que, depuis 1491 jusqu’à ce jour, le christianisme n’a rien changé en Afrique et qu’il est une religion qui n’est ni adapté, ni destiné à l’Afrique.

Nous attendons vos analyses et vos réponses à cette question.

J.G Messo

Source: www.uncongo.centerblog.net

Paru dans Le Filament N°18

mardi 24 janvier 2012

Au tableau d'honneur : Josué Guebo

Au tableau d'honneur de ce mois, nous vous présentons une autre grande figure africaine de notre temps. Il s’agit du nouveau président l’Association des Ecrivains de Côte d’Ivoire, élu le 17 décembre 2011, en la personne de Josué Guébo.

C’est un universitaire que ses pairs présentent comme l'une des grandes figures de l’intelligentsia ivoirienne. Critique littéraire, écrivain à plusieurs facettes : poète, nouvelliste, etc. Un écrivain à la fois engagé et sensible, dont certaines œuvres ne sont pas «un recueil de tranquillité poétique, mais bien plus un vibrant appel à revisiter l’histoire africaine pour mieux se projeter vers de nouveaux temps de soleil».

Docteur en Histoire et philosophie des Sciences, Josué Guébo est enseignant-chercheur et, à ce titre, auteur de plusieurs travaux relatifs aux théories des épistémologues Karl Popper, Paul Feyerabend et Gaston Bachelard. Il s’est, dans cette même dynamique, intéressé au phénoméniste Auguste Comte et aux implications philosophiques de l’intelligence artificielle. Membre actif de la Société ivoirienne de Bioéthique d’Epistémologie et de Logique (SIBEL), il s’intéresse à présent aux implications de l’«indicamétrie» sur le développement individuel et collectif.

Josué Guébo a été animateur du programme national de redéploiement de l’administration. A ce titre, il a œuvré en qualité de responsable d’administration centrale, Chef de la cellule « Communication » du CNPRA à l’élaboration de la politique de sensibilisation et de communication.

Par ailleurs, ce jeune écrivain, représentant, pour la Côte d’Ivoire, du Mouvement mondial pour la Poésie, est l’initiateur du Livre collectif « Des paroles de Côte-d’Ivoire pour Haïti », ouvrage auquel ont participé, à ses côtés, une quarantaine de figures emblématiques des lettres ivoiriennes, dont Charles Nokan, Séry Bailly, Tanella Boni, Véronique Tadjo, Paul Ahizi, Serge Grah, Joseph Anouma, Maurice Bandaman, Foua Ernest de Saint-sauveur, Josette Abondio, Gina Dick, Flore Hazoumé, Inès Hampaté Ba et bien d’autres plumes décisives de notre espace littéraire.

En tant qu’écrivain, Josué Guébo est l’auteur de six livres d’excellente facture parus à Abidjan, Dakar et Paris. Ce sont : « La paix par l’écriture », Abidjan, Vallesse, 2007, (Collectif) ; « L’or n’a jamais été un métal », Abidjan, Vallesse, 2009 ; « D’un mâle quelconque », Paris, Apopsix, 2010 ; « Des paroles de Côte-d’Ivoire pour Haïti, notre devoir de mémoire », Abidjan, Ceda/Nei, 2010 (Collectif) ; « Carnet de doute », Dakar, Panafrika, Silex, Nouvelles du Sud, 2011 ; « Mon pays, ce soir », Dakar, Panafrika, Silex, Nouvelles du Sud, 2011.

C’est donc à juste titre qu’il est salué par le poète Paul Dakeyo et le Pr Marie-Josée Hourantier comme une voix décisive de la littérature francophone. C’est aussi à juste titre qu’il est par le milieu des Lettres et du Livre. En effet, Josué Guébo a été primé, dès 1998, par RFI et le Réseau mondial des Centres Culturels Français au concours d’Ecriture intitulé «3 heures pour écrire» ; en 2000, l’Association des Ecrivains de Côte-d’Ivoire (AECI) lui a décerné le Premier Prix national de poésie, à l’unanimité du Jury, pour son recueil, « Noël un fusil nous est né » ; en 2007, fidèle à sa logique d’excellence, il a été doublement sacré Premier manuscrit d’Or : Il a remporté, coup sur coup, deux tiers des prix en lice, notamment le manuscrit d’Or de poésie et le manuscrit d’Or de nouvelle, laissant, de fait, la part du seul laurier, celui du théâtre, à ses concurrents. Ses œuvres « Confidences d’une pièce de 25 Francs » (Nouvelle) et « C’était hier » (Poésie) sont éditées, la même année, dans l’ouvrage collectif « La paix par l’écriture ».

Quand on lui demande quelle lecture il fait de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire et quelle solution il proposerait pour en, voici ce qu’il répond : « Il n’y a pas de crise post électorale en Côte-d’Ivoire. Ce qui se déroule sous nos yeux est une suite logique d’un harcèlement séculaire. Nous avons cette chance unique et historique d’être contemporains de Bernard Dadié et nous n’avons pas le droit d’ignorer que ce qui se joue là a trait à la question de notre autodétermination. Je ne nie pas le fait que, en interne, la Côte-d’Ivoire soit en proie à quelques contradictions, mais je dis que quelques questions mineures ici sont surdéterminées, pour occulter la problématique essentielle. Or, tous les pays africains devront un jour revisiter le problème de leur rapport à l’occident. Nous avons, comme dit le poète Henri N’Koumo, « un devoir d’horizon » et cette obligation exige que nous transcendions toute posture de vassalisation. Ce n’est pas seulement un devoir historique, c’est même une exigence élémentaire de survie. Il n’y a malheureusement pas de panacée pour ce type de question. Par contre, une telle situation décuple, en chacun, un certain sens du questionnement. Et, parmi les questions que nous nous posons aujourd’hui, il y a celle de l’opportunité de demeurer au sein d’une union monétaire qui semble s’être donnée pour mission de nous asphyxier… Plus fondamentalement, nous pensons que le respect des institutions républicaines reste le seul rempart contre la barbarie et la régression. Quand Monsieur Obama dit, au Ghana, que l’Afrique a plus besoin d’institutions fortes que d’hommes forts, il dit juste. Sauf qu’il faut savoir mettre en musique, soi-même, ses plus beaux couplets romantiques ».

C’est sans doute pour ses mérites et titres que ce jeune écrivain universitaire au statut littéraire honorable, pour sa dimension scientifique reconnue avec un arrière-plan managérial indubitable que les Ecrivains de Côte d’Ivoire l’ont choisi pour présider aux destinées de leur Association. C’est également pour ces raisons qu’il mérite de figurer au tableau d’honneur du « Filament », afin de servir de « modèle » et afin de contribuer à enlever de la tête de notre jeunesse, le doute et toutes sortes de complexes du fait qu’on est noir ou originaire d’Afrique.

Serge Grah

dimanche 22 janvier 2012

Lavons-nous

Lavons-nous

Des marabouts et des gourous

Lavons-nous

Des charlatans et des consultants

Lavons-nous

Des goujats et des margouillats

Lavons-nous

Des renards et des connards

Qui nous manient de leurs mains malfrates

Lavons-nous

Plus blanc que neige

Pour être totalement nous-mêmes

Pour conduire nous-mêmes

Sur terre et sur mer

A tous instants

Nos barques

Les barques de nos desseins et de nos destins.

Léandre Sahiri,

Extrait de « Accusations », Ed. Menaibuc.

Paru dans Le Filament N°18

samedi 21 janvier 2012

Un livre pour comprendre la vie des Africains en France : « Le ventre de l’Atlantique » de Fatou Diome

Un livre pour comprendre la vie des Africains en France : « Le ventre de l’Atlantique », de Fatou Diome. La France fait encore rêver…..Pas ceux qui y sont nés mais ceux qui rêvent d’y habiter. A leurs yeux, y travailler reste le symbole ultime de la réussite. On les envie, on désire les imiter mais, en attendant, on leur impose des devoirs : entretenir le reste de la famille qui n’a pas quitté le pays. A Strasbourg, Salie, l’héroïne du livre de Fatou Diome, « Le ventre de l’Atlantique », publié aux éditions Anne Carrière, est une brillante étudiante. Au Sénégal, elle est un modèle, et on le lui fait payer. On lui téléphone à tout bout de champ en exigeant qu’elle rappelle pour ne pas payer la communication, on veut qu’elle revienne au pays les bras chargés de présents, et son frère lui demande instamment de le faire venir en Europe. Puisqu’elle réside en France, la jeune femme ne peut pas avoir de problème d’argent, de chagrins à confesser, de doutes à exprimer. Elle est le rocher auquel on veut se raccrocher sans lui demander si, un jour, il ne risque pas, lui aussi, d’être emporté par le tourbillon du fleuve. Lorsque Salie tente d’esquisser le tableau de sa vie quotidienne dans l’Hexagone (France), on ne la croit pas. Pis, on la soupçonne de ne pas vouloir partager son bonheur et de maintenir les siens dans la pauvreté. Dès les premières pages, « Le ventre de l’Atlantique » frappe par les propos iconoclastes qu’il contient. En trois cent pages, on lit une autre histoire de l’immigration, très éloignée des clichés habituels. Les dénonciations ne sont pas superficielles. L’auteur sait de quoi elle parle lorsqu’elle montre du doigt ces agents de footballeurs qui font miroiter une carrière internationale à des adolescents prêts à tout pour échapper à leur sort. Une fois débarqués, sans papiers, en Europe, ils sont employés comme manœuvre sur des bateaux ou travaillent dans l’exiguïté des ateliers clandestins. Charge à eux de rembourser au centuple leurs frais de voyage et d’hébergement. Ni manifeste politique, ni plaidoyer pour une Afrique libre et indépendante, ni essai sur l’immigration, ce livre est d’abord un roman aux couleurs chatoyantes et aux expressions imagées, écrit par un auteur dont on reparlera. 

Jérôme Bégié 

Source : Paris Match

vendredi 20 janvier 2012

ANNONCE

Livre à paraître bientôt,
 
Côte-d’Ivoire : 

Mettre fin à la tyrannie et restaurer la démocratie 


« Un grand livre d’intérêts, à la fois politique, sociologique, didactique ». 
Bernard Doza, Journaliste-écrivain (Extrait de la Préface) 

Pour en savoir plus, contactez Le Filament : lefilament@hotmail.com

jeudi 19 janvier 2012

Au pays des livres frustrés !

C’est un pays des tropiques, un pays comme tous les autres pays des tropiques. Dans ce pays, mon pays hélas ! les gens se nourrissent de politique et dansent jusqu’au bord de la démence au rythme des « valses de la république ». Dans ce pays mien, le livre n’est pas un bien personnel ni public, encore moins un précieux trésor. Dans ce pays, le livre est une chose encombrante, vague, imprécise, innommable, lointaine. On le retrouve, parfois, aux périphéries des projets sociaux, des programmes de gouvernement ; aux périphéries des rêves et des utopies. Les gouvernants le méprisent, les décideurs l’évitent, les populations l’ignorent.

C’est le pays des livres frustrés.

Dans ce pays, mon pays, malheureusement, on n’investit pas dans la construction des bibliothèques. Les quelques rares bibliothèques qui existent sont des épaves architecturales, pauvres en livres, pauvres en visiteurs, pauvres en rencontres de lectures et de débats littéraires. Ces bibliothèques indigentes ressemblent à des cimetières. Ce sont des bâtisses délabrées, tristes comme des termitières vidées de leur fourmilière. Les bibliothèques sont des caveaux où des livres assassinés sont enterrés. Des casiers profonds comme des tombeaux exhibent des livres squelettiques, chétifs, décharnés. Des livres sans couverture, des livres sans charmes, sans références, à moitié amputés de leurs pages, des livres blessés, des livres en agonie.

Nous sommes au pays des livres frustrés

Dans ce pays mien, il n’existe plus de clubs littéraires dans les lycées, on n’y rencontre plus des amis du livre. Les chefs d’établissement sont empêtrés dans des histoires d’argent à happer, dans des caisses noires à construire, dans des recrutements de tous les cancres refoulés du lycée voisin. Les apprenants apprennent à se faire peur en semant la terreur. Ils préfèrent les téléphones portables aux livres, ils préfèrent les sms paresseux aux phrases policées et succulentes. Les maîtres démotivés sont plus tournés vers leurs « affaires » que leur vocation, abandonnant les livres à leur pauvre sort d’objets sans valeur.

Nous sommes au pays des livres frustrés

C’est ce fameux pays où les enseignants détestent lire. Où les journalisent refusent de se former pour ne pas être obligés de lire. Où le ministère de la culture est l’enfant mal aimé, un enfant famélique, décharné, à qui on tend quelques pièces de monnaie lorsque les autres enfants, les plus dodus, les plus graisseux ont fini de se servir.

A quoi bon lire ? À quoi bon célébrer les écrivains ? À quoi bon divulguer le livre quand les contre-valeurs ont pris le pas sur les valeurs ? Quand tout se mesure en termes de pouvoirs d’achat, de billets de banques, de bolides, de villas… ?

C’est le pays où l’on célèbre les guérilleros, les dozos, les commandants de je ne sais quelle unité militaire…Aux livres, on préfère entretenir une soldatesque aux humeurs dantesques et aux dérives grotesques. Les savants et autres hommes de lettres sont moqués, humiliés. Ici on célèbre les éventreurs, on promeut les égorgeurs, on décore les faussaires et autres menteurs.

C’est le pays des livres frustrés.

Dans ce pays pourtant envié, le livre est méprisé, vilipendé, calomnié, diabolisé blessé, humilié, rejeté. Aux enfants, on ne donne pas de livres ni de bandes dessinées comme cadeaux de Noel. Aux enfants on donne des jeux vidéo, des fusils comme joujoux, des gadgets abêtissants. Aux enfants on ne lit pas des menus textes, aux enfants on ne clame pas des poèmes au coucher. Plutôt, on leur chante des cantiques « yôrôbô, on leur hurle des couplets hautement « coupés » et grandement « décalés », des romances en faveur des possédants illettrés et des nantis crétinisés.

Nous sommes au pays des livres frustrés.

Dans les familles, dans les salons traine toujours pourtant une bibliothèque. Un objet de décoration en fait. Car on n’y trouve aucun livre. Là, on range les assiettes, les cuvettes, les casseroles, les verres…signes visibles d’un stupide embonpoint financier. Un livre dans cette bibliothèque est un signe d’indigence. Jamais la famille ne se réunit autour d’un livre pour échanger des impressions. Ici, on ne se réunit que devant le poste téléviseur pour consommer des films incestueux et concupiscents venus de l’autre côté de l’océan.

Nous sommes au pays des livres frustrés.

Pourtant c’est le pays de Bernard Dadié, c’est le plus grand des démiurges ivoiriens un précieux fétiche. Mais ici, le sacré n’a pas de sens. Et Dadié fut battu, profané comme un sanctuaire désacralisé, par une horde de soldats sortis des profondeurs de l’enfer. Aucun mot de consolation du gouvernement, aucun réconfort de l’Etat. Dadié n’est qu’un écrivain, il n’a ni treillis, ni kalache, ni argent …

Oui nous sommes dans un pays des tropiques, nous sommes dans un pays d’Afrique où le fric sert à alimenter la politique.

Ici les cancres sont galonnés, les illettrés propulsés, les analphabètes nommés et distingués.

C’est le pays des livres frustrés

Dans les librairies, des livres, aux départs, gais et confiants attendent, attendent, attendent d’être invités dans un foyer, dans une chambre, dans une famille, dans une vie, dans un bureau…en vain. Ils sont là sur les étagères, le visage renfrogné, le sourire écrasé, un rictus au coin de page.

Dans ce pays, l’université est fermée, les bibliothèques des universités sont fermées, les livres des étudiants sont fermés, les modules des maîtres sont fermées. Hier on disait que l’intelligence est en danger, aujourd’hui l’intelligence est assassinée à coups de kalaches, et de roquettes. Joli progrès dans ce pays où l’on meurt d’overdose de « politiquinine ». Ah cette guerre ensanglantée contre le temple du savoir ! Ah ce spectacle des guérilleros grisés entrain de « rafaler » les livres, ses objets trop bavards et pourtant muets !

Nous sommes au pays des livres frustrés.

A l’entrée d’un quartier, se dresse une dizaine de bâches où attend la multitude crétine qu’arrivent les politiciens démagogues manipulateurs pour les abreuver de discours politiciens. Au sol, un livre couché, étalé, ouvert, les jambes écartelées. Un livre qu’on piétine, qu’on chute du pied, qu’on broie.

Malgré ses plaintes, le livre a continué de subir les coups de boutoirs de ces chaussures allant écouter le galimatias des politicards. Et le livre est là, couché, piétiné, souillés par la poussière, par la latérite rouge de ce quartier où l’on préfère des hommes en treillis anémiés.

Maintenant, le pauvre livre ne tient plus. Un coup violent l’a éventré. Et voilà ses entrailles dehors, exposées au vent, au soleil, à la pluie, à l’infection. Les mots et les phrases blessés agonisent. Et personne pour porter secours au livre moribond, au livre souffrant.

Soudain un enfant sort des rangs, jette un regard plein de compassion au livre agonisant. Il se baisse et prend le livre. Il dépoussière le livre, il le nettoie avec son mouchoir, il le décrasse et s’en va avec son objet sous le bras. Dieu, le Très Haut l’observe et sourit. L’enfant sent Son Regard sur sa tête ; il s’arrête. Une voix se fait entendre. Il est le seul à percevoir cette voix venue du Ciel : « Tu as sauvé le livre, mon enfant. Fais un vœu pour la nouvelle année et je l’exaucerai ». L’enfant sourit. Le vœu l’habite depuis des semaines. Il n’hésite pas : « Mon vœu est que la Côte d’Ivoire renaisse au livre ». Brusquement un éclair illumine le ciel suivi d’un grondement de tonnerre. Puis la voix retentit : « Si tous les habitants de ton pays étaient habités, comme toi, par le même souci de donner une grande place au livre, il n’aurait jamais connu de guerre. Car la guerre est une conséquence de l’ignorance ». L’enfant poussa un soupir…

Macaire Etty, Critique littéraire

mercredi 18 janvier 2012

Épître de Youssouf Bakayoko aux Africains

Africains, Africaines,

Je suis Youssouf Bakayoko, apôtre de la Françafrique, par la volonté de l’empereur Sarkozy.

Je rends grâce à notre Dieu, le Coq gaulois qui m’a mis à part, pour protéger la marche triomphale de son fils Ouattara vers une destination que moi-même ignore.

Je suis né à Bouaké en 1943, j’ai eu un cursus scolaire normal, J’ai obtenu une licence de lettres à l’université de Paris X. Je suis diplômé de l’Institut des hautes études de la Défense nationale (IHEDN) et j’ai bénéficié d’une solide formation en diplomatie, en droit et en économie. Mes parchemins montrent bien que je mérite d’être un apôtre du Coq gaulois.

Parmi tous les apôtres de la Françafrique, je suis certainement celui dont le zèle et la servilité sont connus par-delà nos frontières. Il est vrai que la prouesse que j’ai réussie, en déclarant Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle de 2010, est certainement à l’origine de la tragédie qu’a vécue la Côte d’Ivoire. Mais, que ne ferais-je pas pour plaire à mon clan, au gouverneur de la Françafrique et au Coq gaulois, notre dieu bien-aimé ? J’ai entendu dire que d’aucuns murmurent parmi vous et qu’il y en a d’autres qui dénoncent mes pratiques. Je me dois de rassurer les uns et les autres que je n’ai rien fait qui ne soit en dehors de la mission qui m’a été assignée. J’ai été décoré devant toute la nation étonnée pour le tour de prestidigitation que j’ai réussi à faire, au mépris des règles élémentaires qui régissent l’institution que je dirige et au mépris de notre Loi Fondamentale.

Oui ! Je suis bien Youssouf Bakayoko, ce monsieur qui, à la télévision nationale, affirmait, en défiant le bon sens, qu’il n’était pas encore minuit alors que la distance qui séparait ma déclaration à cette heure était on ne peut plus brève. Oui ! C’est bien moi Bakayoko qui ai servi au monde entier un autre taux de participation au deuxième tour de l’élection présidentielle, alors que même les médias occidentaux clamaient que le taux avait baissé de façon drastique, en raison de l’abstention de nombreux militants du PDCI dans leur bastion. Oui ! Comme un magicien, c’est bien moi qui ai réussi le tour de servir un taux faux, juste pour justifier le score que j’ai attribué au fils de l’empereur, notre gouverneur bien aimé.

Alors, je vous en prie, cessez de murmurer et soutenez moi, car ma mission demande beaucoup d’indignité et de compromission.

Pour les législatives, de nombreux Ivoiriens, même ceux de notre clan, ont naïvement pensé que cette fois-ci, avec la flagrance des abstentions massives, je serais, moralement, obligé de communiquer le véritable taux de participation qui ne dépasse pas 15%. Même France 24, notre griot international, a parlé de « désert électoral », tant les images que cette chaîne a diffusées étaient criantes de la vérité de la situation. La RTI orange, notre RTI version « républicaine », elle aussi, a évoqué « ce désert électoral ». Les différents reportages dans toutes les villes convergeaient dans le même sens : le taux de participation était violemment faible.

Mais, c’était oublier que je suis l’un des héros de la guerre contre la légalité constitutionnelle. Et, de ce fait, il était logique que je ne me contredise pas, moi qui avais déclaré « Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle », malgré les fraudes massives enregistrées au nord et dénoncées par quelques malheureux observateurs nègres. Avec le zèle qu’on me connaît, une seconde fois, j’ai procédé au gonflage du taux de participation, réussissant même l’exploit de surpasser le taux des législatives de 2000.

Fraudes, tricheries, manipulations, intimidations…, tels sont les mots qui ont dominé les plaintes fusant ici et là. Ces plaintes ne venaient point des candidats FPI, mais bien de nos alliés du RHDP, le PDCI, le MFA et l’UDPCI. Ne croyez pas que ces plaintes ne me dérangent pas. Elles me perturbent ; mais, ma noble vocation n’est ni de dire la vérité, ni de respecter la loi. C’est pour cela que j’accepte, avec une torture quotidienne, les étiquettes de « tricheur avéré» ou de « fraudeur professionnel » qu’on me colle. Et, ce qui me tranquillise est que les colères, pourtant justes des candidats MFA, UDPCI et PDCI, ne franchiront pas le stade des jérémiades d’esprits frustrés. Leurs leaders, qui se sont compromis, se sentent obligés de continuer leur plongée avec nous jusqu’à la lie.

Moi Bakayoko, apôtre de la Françafrique, mis à part pour œuvrer à l’avènement du nouvel ordre mondial, je suis prêt à tout pour accomplir ma mission. Oui, j’ai annoncé au monde que le taux de participation aux législatives tournait autour de 36%. Sûrement que mon jeune frère Hamed avait sursauté lorsqu’il a entendu ce chiffre. En effet, c’est bien lui qui, reconnaissant la faiblesse de ce taux, devant les cameras de France 24, a dit que l’enjeu était que l’élection s’est déroulée dans un climat de paix et de sérénité. C’est bien lui qui répondant au journaliste français a dit : « oui, il n’y a pas eu une grande influence ». Evidemment, je n’ai pas apprécié la précipitation avec laquelle il a reconnu la petitesse du taux de participation. Mais, je le comprends, Hamed est jeune et n’a pas encore la maturité qui est la mienne.

Je remarque que, malgré le gonflage du taux de participation, les Ivoiriens ont gardé le silence. De mauvais esprits disent que ce silence est ici synonyme de dépit et de mépris ; car, souvent, le silence est plus fort que les paroles. Mais, moi je suis un Bakayoko et je n’ai que faire de leurs états d’âme. Le plus important est que le gouverneur soit content de moi et que notre dieu, le Coq gaulois, soit contenté. Ce dernier d’ailleurs m’a donné un coup de fil pour me féliciter chaleureusement.

Chers amis qui rêvez de jouir des délices découlant du service des maîtres du monde, je vous conseille de marcher sur votre honneur, de sacrifier votre dignité, de piétiner vos scrupules.

Vous savez, les maîtres de ce monde adorent les Nègres comme moi.

Les Nègres sans personnalité.

Les Nègres malléables à souhait.

Les Nègres abonnés à la couardise et à la poltronnerie.

Les Nègres prêts à tout pour assouvir leurs intérêts égoïstes.

Dans quelques mois, nous irons aux élections municipales. Et, Dieu seul sait ce que je réserve au monde, si je suis toujours à mon poste. Soyez sûr d’une chose : je suis libre de donner les chiffres que je veux ; le plus important est que je satisfasse ceux que je sers.

Si quelqu’un d’autre vient vous prêcher un autre évangile, je vous demande de le rejeter, de le lapider. Ceux qui prêchent la souveraineté et la liberté, ceux qui clament partout la nécessité de conserver les richesses de l’Afrique aux Africains ignorent que leur combat est perdu d’avance. Il n’y a qu’un seul dieu : le Coq gaulois. Il n’y a qu’un seul sauveur : Ouattara.

Que les maîtres du monde qui se battent tous les jours aux prix de milliers de vie d’Arabes et de Nègres aient pitié de nous et qu’ils nous jettent quelques miettes afin que nous ne mourions de faim et de soif.

Africains, Africaines,

voilà ce que je tenais à partager avec vous, surtout avec ceux qui n’ont pas encore compris que c’est en servant les intérêts des impérialistes des maîtres du monde que notre continent pourrait recueillir pour notre développement, quelques dividendes, aussi maigres qu’elles soient, du nouvel Ordre Mondial en construction. Je vous remercie.

Youssouf Bakayoko, président de la CEI.

Macaire Etty 

De l’amnistie de Soro Guillaume

En visite aux Etats-Unis, le Premier ministre ivoirien, M. Soro Guillaume, a accordé une interview à la Voix de l’Amérique (VOA). J’ai pu lire avec attention cette interview dans le quotidien Nord-Sud du mardi 20 décembre 2011 et je me permets, comme à mon habitude, d’émettre ici quelques réflexions que m’ont inspirées les propos du Premier ministre ivoirien.

Par exemple, répondant à la question « Que feriez-vous, Monsieur le Premier ministre, si votre nom est sur la liste d’Ocampo ? », M. Soro Guillaume a déclaré ceci : «Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas inquiet ! ». Entendez par là : je suis tranquille, je n’ai aucune crainte. Autrement dit, M. Soro Guillaume affirme qu’il n’a pas de souci à se faire, car il n’a rien à se reprocher et nul n’a rien à lui reprocher.

En lisant cela, je me suis posé mille et une questions. En voici une : Comment M. Soro Guillaume peut-il crier si haut et si fort qu’il ne se fait aucun souci, quand on sait qu’il est le chef, pour ne pas dire le 1er responsable, devant Dieu et devant les hommes, des exactions, des tueries perpétrées depuis 2002 par les rebelles, rebaptisés « Forces nouvelles » (FN), puis Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, M. Soro Guillaume a, pour en témoigner, écrit et publié aux Editions Hachette, à Paris, un livre dont M. Ocampo détient une copie et qui est intitulé « Pourquoi je suis devenu rebelle » et sous-titré «La Côte d'Ivoire au bord du gouffre ».

Nul n’ignore que, avec cette rébellion sous la direction « éclairée » de M. Soro Guillaume, il a été donné aux Ivoiriens de vivre et de subir des terreurs et des horreurs les plus immondes, des violences les plus ahurissantes «administrées» par un groupe d’individus en armes de toutes sortes, pour la plupart analphabètes ou demi lettrés, sans légitimité aucune, sans foi, manquant de bon sens et d'esprit.

En termes de bilan, on a noté, dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 septembre 2002, l'assassinat notamment de l'ex-président Robert Guéi, du ministre de l'intérieur Boga Doudou et plusieurs officiers des forces de l’ordre. Le comble est que les rebelles, véritables hors-la-loi, ont imposé aux citoyens ivoiriens leur volonté et leurs caprices et, depuis lors, règnent par la force de leurs fusils. Tout est dit, tout est révélé dans le livre de M. Soro Guillaume. Il y a donc de quoi être inquiet que, avec ce «pavé dans la marre», M. Soro Guillaume affirme ne pas être « inquiet » et que sa conscience ne le gronde pas, alors qu’il a lui-même fourni des preuves de sa culpabilité, alors qu’il a lui-même affirmé au cours de ce même entretien : « En 2002, il y a eu des tueries ». Ces « tueries » sans doute compteront pour beaucoup dans la balance de la CPI, si celle-ci se veut véritablement une organisation crédible et de justice.

Dans ce même entretien exclusif, M. Soro Guillaume a aussi affirmé ceci : « on ne peut pas être un dirigeant politique sans nuire quelques fois. Celui qui dit qu’il a été dirigeant politique et qu’il n’a jamais nui, il ment ! ». Non, Monsieur Soro ! C’est perfide de dire cela. Car, sur cette terre, des hommes et des femmes ont été ou sont des modèles de vie. Nous avons, par exemple, des gens comme Mandela, Gandhi, Lionel Jospin, entre autres, qui ont été de très grands dirigeants politiques : ils ont œuvré en permanence et de toutes leurs énergies pour la justice, la liberté, les droits humains ; ils n’ont nui à personne, du moins à ce que je sache ; ils nous ont appris la dignité pour agir de telle sorte à ne pas avoir honte de nos actes ; ils nous ont instruit que la plus grande force dont puisse disposer et jouir l’humanité est la non-violence qui nous éloigne de la bestialité et qui est, certes, plus puissante que les armes, fussent celles-ci de destruction massive. A l’inverse, ceux des dirigeants politiques qui ont cultivé la nuisance et la violence ont chèrement payé, tôt ou tard, leurs vices et crimes. Ils ne se doutaient pas, comme Joseph Savimbi et autres rebelles, de porter, inéluctablement et avec insouciance, le vêtement de la mort. Cela, le saviez-vous avant de prendre la direction de la rébellion et l’avez-vous aujourd’hui compris, M. le Premier ministre ?

Dans ce même entretien exclusif, M. Soro Guillaume, sur l’arrestation et le transfert de Laurent Gbagbo à La Haye, a affirmé : « l’ancien président, Laurent Gbagbo a été traité avec dignité et transféré à la CPI, là où il aura un procès juste et équitable ». Que M. Soro Guillaume nous permette de lui offrir à méditer cette toute petite phrase de Marivaux, extraite de son livre « L’Île des esclaves » écrit en 1725 : « Eh bien ! Iphicrate, on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste ; et nous verrons ce que tu penseras de cette justice… Quand tu auras souffert, tu sauras mieux ce qu’il est permis de faire souffrir aux autres… ». Sans commentaire !

Pour terminer, je voudrais m’arrêter sur la question de l’amnistie qu’il a évoquée. Dans ce même entretien exclusif, M. Soro Guillaume a affirmé : « C’est vrai que, en 2002, il y a eu des tueries, avec une rébellion, mais on a eu une loi d’amnistie et un accord politique qui a absout les faits ». Ceci signifie, en d’autres termes, que les rebelles ont été, selon M. Soro Guillaume, acquittés ou innocentés et que leurs crimes sont pardonnés et effacés. Ceci est faux ! Archi-faux ! Non, M. le Premier ministre ! L’amnistie (du grec ancien amnêstia = pardon, oubli) signifie qu’un individu est, d’abord et avant tout, reconnu coupable, et qu’il est puni ou punissable, et que par la suite, le pouvoir en place, aux fins d'apaisement social ou pour des considérations d'ordre politique ou social, intervient pour arrêter les poursuites contre cet individu, voire pour annuler sa condamnation.

Autrement dit, l’amnistie suppose comme préalable la reconnaissance de la culpabilité d’un individu pour délinquance, crime ou autre forfait de sang ou de viol, destructions des biens du pays, etc. Mais, l’amnistie n’efface pas le crime, ne gomme pas de la mémoire des gens le crime commis. Entendons-nous bien ! Avec l’amnistie, c’est seule la condamnation qui disparaît. L’amnistie ne blanchit pas un criminel, ne change pas l’image que la société a de l’amnistié. Ne nous faisons pas d’illusion !

Par ailleurs, l’amnistie, en tant décision de l’autorité ou loi spéciale d’un état donné n’est pas opposable à la Cour Pénale Internationale. Il faut aussi savoir qu’un crime, dès lors qu’il relève de la compétence de la Cour Pénale internationale devient imprescriptible, c’est-à-dire que, quel que soit le temps écoulé, on peut poursuivre le criminel.

C’est d’ailleurs pourquoi M. Maurice Papon, homme politique et haut-fonctionnaire français, a été condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l'humanité pour des actes commis lorsqu'il était secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944, sous l'occupation allemande. Cette affaire judiciaire a commencé en 1981, après que Maurice Papon a été ministre du budget dans le gouvernement Barre. Préfet de police en mars 1958, Maurice Papon a également été impliqué dans la répression sanglante de la manifestation du 17 octobre 1961 organisée par le FLN, et dans celle du 8 février 1962, organisée pour protester contre l'OAS, connue sous le nom de « l'affaire de la station de métro Charonne ».

Enfin, il faut noter que l’amnistie n’entraîne pas automatiquement le pardon, ni la réconciliation.

Ainsi donc, même si, en 2007, M. Soro a demandé publiquement pardon à la nation ivoirienne pour tous les torts qui ont été causés par son fait ou par le fait d’autres personnes sous sa conduite « éclairée », les Ivoiriens et les observateurs de la scène politique africaine gardent en mémoire les crimes commis, tels qu’ils sont consignés dans les journaux et les livres d’histoire. Les Ivoiriens attendent que finisse cette longue nuit pour que vienne enfin le jour où la vérité éclatera.

Quoiqu'il m’en coûte, c’est ce que je pense... 

Léandre Sahiri 

La Charte du Nord

En Côte d’Ivoire, il y a quelques années, des tracts anonymes appelés «La chartre du Nord» ont été distribués secrètement, à l’intention des ressortissants du Nord de la Côte d’Ivoire. Ceux qui, à l’époque, s’étaient faits les chantres de ce ces tracts, disent, ne plus en retrouver aujourd’hui la moindre trace. Parmi ces personnes, on peut citer la méga reggae star Alpha Blondy.

D’aucuns se posent la question de savoir ce qu’était cette charte et quelle en était le contenu. Cet article est destiné à apporter des éléments de réponses à ces interrogations.

Autrement dit, nous allons examiner les textes de cette « charte » dans ses deux versions (1 et 2), du point de vue de la forme comme du fond, avant de nous prononcer sur les conséquences sur la vie politique actuelle.

De la forme de «La Charte du Nord»

Une « charte » est, selon le Petit Larousse, une loi ou des lois constitutionnelles d’un Etat, établies par concession du souverain et non par les représentants du peuple. En d’autres termes, la Charte est un texte fondateur, à l’instar de la Constitution d’un Etat. Elle est l’émanation directe du titulaire de la souveraineté qu’est le peuple. A ce titre, elle détermine les organes qui dépendent d’elle et en distribue les rôles et les compétences.

La plupart des textes juridiques de cette nature, notamment les chartes, comportent trois parties, à savoir : le préambule, le corps du texte et la signature.

En ce qui concerne «La Charte du Nord», il y a deux versions : celle de 1991 et celle de 2002. De plus, il n’y a pas de préambule qui renvoie à d’autres textes (comme la Constitution, la Déclaration des droits de l’homme, etc.) dont les signataires s’inspirent et surtout auxquels ceux-ci s’engagent à se conformer.

Sans préambule, le premier texte lance, d’entrée de jeu, un appel identitaire à tous les ressortissants du Nord de la Côte d’Ivoire. « En tout état de cause, la charte du Nord recommande à tout ressortissant du Grand Nord et à tout ami du Grand Nord de faire de l’appel son livre de chevet ».

Il faut signaler d’emblée que cette Charte ne fait nullement allusion à la Déclaration des Droits de l’homme (1789 et 1948). Si bien qu’on ne sera pas surpris plus tard de voir que, dans son application, la «Charte du Nord» ignore le respect des droits de l’homme et/ou du citoyen.

Au niveau du corps de chacun des deux textes, les différents paragraphes ne sont pas numérotés. Les deux chartes distillent un fatras d’idées ; Si bien que l’on revient souvent sur les mêmes choses déjà exprimées, sans renvoi aucun. En d’autres termes, les textes sont mal élaborés et nous font vérifier l’adage qui dit que tout ce qui ne se conçoit pas bien ne saurait s’énoncer aisément. «La Charte du Nord», peut être considéré comme un tract, puisque, à la fin des textes, il n’y a aucune signature : ni nom, ni titre des auteurs, soi-disant « par crainte des représailles ». Ce qui dénote du manque de courage des initiateurs de ces textes ; auteurs qui, pourtant, proclament, on ne sait pour quelle raison, leur attachement aux idéaux du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) : « Sans renier notre passé de la période des luttes pathétiques et héroïques du RDA, sans remettre en cause notre attachement aux idéaux du grand parti le RDA, il importe désormais de situer le Grand Nord à l'écart du PDCI, très loin du FPI et de l'opposition. Parce que cette région doit emprunter sa propre voie, car la différence de zone entraîne, ipso facto, une différence de compréhension et de comportement et une différence d'intérêts, lesquels peuvent être complémentaires mais jamais semblables ».

Rappelons que c’est un des ténors du RDR, feu Lamine Diabaté, qui est soupçonné d’être l’auteur et l’instigateur de tout ce tract.

Il suffit, pour s’en convaincre, de lire le texte ci-dessous, extrait de son discours de 1995 à Odienné : « Le PDCI dit que nous sommes des peureux. Nos grands-pères n’ont pas eu peur de prendre cette région avec les fusils et la poudre. Nous ne voulons plus de ces gens parce que le PDCI nous manque de respect, nous méprise et ne nous considère pas. Ils nous ont traités comme des animaux : ils ont injurié Alassane, son père, sa mère et nous. Mais, ils ne nous connaissent pas. Parce que c’est avec des fusils et des balles que nos grands-parents ont conquis cette terre. Ils ne veulent plus entendre l’appel du Muezzin de la mosquée pour la prière. Ils ne veulent pas de l’Islam et des musulmans. Ils envoient les militaires les frapper dans les mosquées (…). Nous avons les mêmes armes qu’eux. Nous avons aussi nos hommes dans l’armée. Nous ne voulons d’eux ni aujourd’hui, ni demain. Depuis que Houphouët est mort nous n’avons connu que brimades, honte et humiliations ».

Du fond de «La charte du Nord»

Du point de vue du fond, les deux textes la «Charte du Nord» visent les mêmes objectifs, à savoir : prendre, vaille que vaille, le pouvoir d’Etat.

Même présenté dans un fatras d’idées, le fond revient inlassablement comme un leitmotiv et tient à trois idées maîtresses :

1) La région du Nord est politiquement isolée et méprisée, et ses habitants sont traités comme « des citoyens de seconde zone ».

2) Le parti d’Henri Konan Bédié nie la nationalité ivoirienne à tout un pan de la population de la Côte d’Ivoire, les ressortissants du Grand Nord, qui se reconnaissent dans l’un des leurs : Alassane Dramane Ouattara. En d’autres termes, la cause d’Alassane Dramane Ouattara a été artificiellement transformée en une affaire régionale : « si l’on insulte ADO en le traitant d’étranger, disait-on, c’est l’ensemble des Nordistes qu’on a ainsi rejetés ». Dans cet ordre d’idées, les auteurs de la première version de «la charte du Nord», ont «recadré» les origines précoloniales des Ouattara dans la région de Kong. Ainsi, pour eux, mêmes si les familles Ouattara et Sanogo débordent la frontière septentrionale de la Côte d’Ivoire, tout Ouattara reste toujours Ivoirien. Ceci a fait dire au Dr Christophe Sandlar que «les auteurs de ce document, ont grandement contribué à la crise identitaire actuelle en accentuant avec force la confusion Grand Nord/Dioula/étranger/Alassane qui préexistait».

3) En tant qu’authentiques premiers habitants de la Côte d’Ivoire, les peuples du Nord, ne doivent pas être des « suiveurs ». Ils doivent tenir leur voie spécifique, rester au centre, et non à droite, ni à gauche. Demeurer d’éternels accompagnateurs du dessein d’autres peuples froisse leur amour-propre et partant, leur honorabilité. Ils ne supportent plus que l’on leur fasse appel quand c’est difficile, et les repousse quand la tempête est apaisée. Mieux, ils exigent qu’Alassane soit le successeur d’Houphouët-Boigny, s’il réussit à résoudre le problème de la crise économique qui a obligé le vieux président à lui faire appel. Il ne peut pas mettre de l’ordre dans les finances et laisser un autre en recueillir les dividendes. A cet élément identitaire, s’est greffée la question musulmane.

Rappelons que, à Korhogo, plusieurs années après la distribution des deux chartes, M. Hamed Bakayoko, fort de tous ces éléments, avait, à l’invitation des jeunes Nordistes, vanté, de manière à peine voilée, les mérites des auteurs du coup d’Etat de décembre 1999 et la rébellion de 2002, en ces termes : « Je vous demande donc d'être déterminés. N'acceptez pas qu'on vous manque de respect. Il faut qu'on nous respecte dans ce pays (…) ».

Puis, parlant d'Alassane Dramane Ouattara, M. Hamed Bakayoko avait déclaré, dans une sorte d’ultimatum : «On nous a dit, ici, qu'il ne sera jamais candidat ; il est aujourd'hui candidat. Les mêmes nous ont dit qu'il ne sera jamais président ; il sera le prochain président de Côte d'Ivoire. Rien ne se fera dans ce pays sans nous. Rien ne se fera dans ce pays sans notre respect. Ceux qui ont joué avec ça ont vu. Ceux qui veulent jouer encore avec ça verront».

A tout prendre, les deux textes de «La Charte du Nord» sont un appel à la sédition, à la limite d’une association de malfaiteurs. A l’analyse des faits, on constate que les récriminations d’un Nord délaissé n’ont aucun sens, du moins dénotent d’une mauvaise foi notoire, du fait que beaucoup d’investissements ont été faits dans les différents villages et villes du Nord.

Les conséquences de « la Charte du Nord »

Les idées mises en avant par les deux textes de la «Charte du Nord» perduraient depuis plusieurs années, et au fil du temps, elles ont conditionné le comportement des adhérents du RDR issus du nord. On a alors fait une fixation sur la prise du pouvoir. Le premier acte de cette prise du pouvoir a été le coup d’Etat le 24 décembre 1999 qui a renversé Konan Bédié. Le deuxième acte a été un coup d’état manqué qui visait à renverser le président Laurent Gbagbo et qui s’est mué en rébellion. C’est cette fixation sur le pouvoir qui explique l’intransigeance des rebelles durant les négociations dans les capitales de certains pays africains, ainsi que le non-respect de l’Accord de Ouagadougou, le refus du désarmement avant les élections, etc.

Les conséquences de la charte du Nord sont également palpables sur la nature ou la configuration du gouvernement. La voie choisie par le président Alassane Ouattara est de préférer et privilégier le régionalisme, comme principe fondement de gouvernement. En effet, 80% des nominations aux emplois supérieurs concernent des Nordistes. Plus de 50% des membres du gouvernement sont des ressortissants du Nord, une prouesse que, auparavant, aucun autre président n’avait jamais réalisée en Côte d’Ivoire. L’armée nationale non seulement a intégré les rebelles, mais en plus, des grades leur ont été distribués, y compris même aux dozos, chasseurs traditionnels dont la cruauté est sans limite, et qui sont disséminés dans la zone du sud où ils commettent impunément des exactions sur les populations sans armes.

Alassane Ouattara au pouvoir, objectif atteint

Pour conclure, nous dirons que, à l’évidence, même si «la charte du nord» a atteint son but, il se trouve qu’elle a ouvert une boîte de pandore qui ne milite pas en faveur de la cohésion nationale, ni de la construction de l’unité nationale en côte d’Ivoire. Au point qu’il est à craindre que d’autres régions emboîtent le pas aux gens du Nord.

Source : Le blog de Claudus

Et si la religion était un facteur de sous-développement !

Les Européens qui ont introduit la fête de Noël en Afrique ont repris le travail ce lundi 26 décembre 2011 pendant que nos parents Africains continuent de fêter la naissance de Jésus-Christ. Même la presse est au repos. Comment voulez-vous que l'Afrique se développe? Dans quelques mois les musulmans fêteront la naissance de Mohamed. L'Etat de côte d'Ivoire paye chaque année plus d'un milliard de nos francs pour les frais de séjour des candidats à la Mecque, alors que tout cet argent aurait pu servir par exemple à la création de milliers d'emplois pour la jeunesse ivoirienne. Je ne pense que l'homme blanc soit forcément le seul responsable de nos malheurs. C'est parce que nous refusons le développement que les Occidentaux se mêlent de nos affaires internes et font de nous de simples consommateurs et des sous-hommes. Réfléchissons-y ! Prions Dieu mais n’entretenons pas le fanatisme et la paresse. 

Gnazégbo Liadé

COTE D'IVOIRE : LE COUP D'ETAT.



Par Charles Onana. 
Préface de Thabo Mbeki 
Editions Duboiris 

 Depuis la crise post-électorale qui a entraîné l’intervention militaire de l’armée française et des troupes rebelles en Côte d’Ivoire, la version officielle a tenté de faire croire qu’il s’agissait d’une action visant à faire respecter le résultat de l’élection présidentielle qui donnait Alassane Ouattara vainqueur. L’enquête de Charles Onana tend plutôt à prouver qu’il s’agit d’un coup d’Etat préparé par le président Sarkozy et par Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. L’auteur dévoile les correspondances secrètes échangées par ces deux dirigeants dans le but de renverser Laurent Gbagbo. Il montre également comment les banques françaises ont participé à cette action de déstabilisation à travers les filiales de la Société Générale et de la BNP Paribas. Pour la première fois, un général français, ex-numéro 2 de la force Licorne en Côte d’Ivoire, témoigne de ce qu’il a vécu. Dans cet ouvrage, l’auteur publie plusieurs rapports confidentiels de l’ancien ambassadeur de France à Abidjan, Renaud Vignal, dont un accablant sur Alassane Ouattara. Charles Onana, qui a également reçu les confidences du président Laurent Gbagbo, montre comment les autorités françaises, principalement Michel Alliot-Marie, ministre de la Défense, et Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, ont étouffé la vérité sur la mort des soldats français en novembre 2004, à Bouaké. Son enquête met aussi en lumière le rôle trouble de deux personnalités françaises dans la disparition de Guy-André Kieffer. Ce livre, très documenté et qui illustre dix années de combat contre le régime de Laurent Gbagbo, est préfacé par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur de la crise ivoirienne. 

Nikitta Kadjoume

Paru dans Le Filament N°18

Centrafrique : La mortalité est au-dessus du seuil d'urgence et de tolérance. Réagissons !

En moyenne 7 personnes sur 10.000 meurent chaque jour en Centrafrique, à cause d'un "système de santé inadapté et fantôme et une réponse aussi inadaptée aux besoins médicaux", d'après un rapport publié en décembre dernier à Bangui par Médecins sans frontières (MSF).

Selon MSF, une première enquête, réalisée au mois d'août 2010 donnait le chiffre de 3 morts sur 10.000 personnes chaque jour. Mais, la dernière enquête menée entre février et novembre 2011 dans la région de Carnot, (une zone diamantifère de l'Ouest du pays) et les sous-préfectures de Boda, Boganda, Boganangone et Gazi (Sud), révèle qu’on compte en moyenne 7 morts sur 10000 personnes, d'où un taux de mortalité "au-dessus du seuil d'urgence".

Le fait est que, d’une part, "aucune de ces sous-préfectures n’est en proie à des conflits", a indiqué le document ; et d’autre part, ces cas de mort sont pour la plupart la conséquence "d'épidémies saisonnières, d'une économie en panne, de déplacements de populations, ainsi que d'un système de santé très faible". De plus, il y a aussi l'accroissement de la pauvreté dans les zones minières à cause de la fermeture des mines de diamant en 2009-2010, fermeture qui a eu un impact négatif sur le revenu des populations.

Les autres principales maladies à l'origine de la mortalité sont, selon MFS, le paludisme, le VIH-Sida, la tuberculose, qui pourtant sont des maladies susceptibles de prévention et de soin. Par exemple, selon les données fournies par MSF, le paludisme est la première cause de morbidité et de mortalité chez les enfants : à l'échelle nationale, sur 1 997 décès enregistrés en 2009, 670 étaient dus à un paludisme sévère et 330 à une anémie (très probablement causée par le paludisme).

Chez les enfants, l'insuffisance d'une couverture vaccinale des maladies infantiles est l'une des causes de mortalité (la rougeole, la méningite, le tétanos néonatal, la coqueluche, la fièvre jaune et la poliomyélite. "En 2009, seuls 9 districts sur 24 ont atteint une couverture de 80% du vaccin DTP3 (Diphtérie, tétanos et coqueluche) et 5 districts ont atteint 90%", toujours selon le rapport de MSF.

MSF constate que les programmes nationaux de lutte contre le VIH et la tuberculose ne sont pas adaptés, du fait des ruptures prolongées et à répétition des produits antirétroviraux à travers le pays. MSF souligne enfin "le désintérêt de la communauté internationale" pour la Centrafrique et estime que pour le moment, seule "l'aide humanitaire peut aider à diminuer le nombre de morts liés aux maladies endémiques et aux épidémies, ainsi qu'à limiter les conséquences sanitaires de crises, conflits ou déplacement de la population.

Tout ceci fait que "la République Centrafricaine pays se trouve dans un état d'urgence médicale chronique", indique le MST. De même Centrafrique reste le pays d'Afrique centrale où le taux de prévalence du sida le plus élevé (5,9%).

Ici, il se pose la question de savoir ce que fait le gouvernement gabonais, face a cette situation et face aux droits à la santé et à la vie des gabonais ?

Source : Casafree.com

Paru dans Le Filament N°18

Enfer ou purgatoire ?

Depuis l’an 2000, la Côte d’Ivoire est entrée dans une autre phase de son histoire, avec des morts, beaucoup de morts, du fait que certains nationaux ont tourné le dos au dialogue et à la voie des urnes, pour ne s’exprimer désormais que par les armes pour accéder au pouvoir.

Ce comportement qui consiste à utiliser la violence au quotidien nous donne à voir aujourd’hui que des milliers d’Ivoiriens sont déplacés, exilés ou morts ; des biens meubles et immeubles ont été sauvagement saccagés dans les villes comme dans les villages, dans toutes les régions sans exception ; des structures sociales et familiales ont été inutilement démantelées ; l’économie nationale se trouve complètement en ruine ; les institutions de la république et les instruments de l’état, même s’ils existent encore, ne fonctionnent pas comme il se doit, etc.

Cette situation tragique que nous vivons en Côte d’Ivoire n’est pas le fait du hasard. Chacun ou chacune de nous, à tous les niveaux, a une part de responsabilité. Cette responsabilité, nombre d’entre nous refusent de la reconnaître. Et pourtant, nous sommes responsables de ce qui est arrivé. Voici quelques raisons.

1°/ Il y a eu des comportements négatifs de la part de nos forces de l’ordre : ces agents ont failli à leur devoir, en n’assurant pas la sécurité et la protection des populations ; bien au contraire, ils étaient plutôt préoccupés par leurs propres intérêts, au détriment de l’intérêt général.

2°/ Les étudiants et élèves ont abandonné le chemin du savoir pour s’adonner a la facilite, à la violence, à l’alcool, au désordre public, etc.

3°/ Les intellectuels, les écrivains, les universitaires, les médias..., qui auraient pu nous prévenir des dangers à l’horizon se sont laissés corrompre et n’ont pas joué leur rôle d’éclaireurs de la population.

4°/ Les dirigeants des partis politiques ne se sont pas montrés responsables. Ils ont adopté des positions partisanes, parfois futiles ou absurdes, là où on devrait se mettre ensemble pour défendre une cause nationale commune.

5°/ Les ressortissants du Nord ont soutenu la rébellion armée, de façon naïve ; au point que, aujourd’hui, ils sont eux-mêmes victimes et pris au piège de l’anarchie qui règne partout et dont eux-mêmes ignorent l’issue.

6°/ Il y a eu le comportement négatif et irresponsable de quelques barons et ministres du FPI. En lieu et place de dévouement à l’intérêt général du pays, ils ont utilise, tells des délinquants, les budgets de l’Etat mis a leur disposition a des fins personnelles.

7°/ Les militants du FPI et pro-Gbagbo sont coupables d’avoir soutenu, vaille que vaille, certaines décisions du président Laurent Gbagbo, même des décisions compromettantes ou suicidaires, comme par exemple la nomination d’un chef rebelle comme Premier Ministre et chef du gouvernement ; comme l’usage abusif de l’article 48 pour valider toutes les candidatures à la magistrature suprême ; comme la décision d’aller aux élections sans désarmement, etc.

8°/ Les religieux sont coupables d’avoir détourné les Ivoiriens de la voie de la lutte sociale et politique, en cultivant la naïveté et l’ignorance, en faisant croire que les Ivoiriens ne seront sauvés que par un miracle de Dieu ; j’informe que la France, pour se libérer, a dû lutter contre le clergé pendant plus de 100 ans, parce que la religion tue l’esprit critique et nuit à tout épanouissement social.

Au vu de tout cela, j’appelle chaque Ivoirien et chaque Ivoirienne à se défaire de ces comportements négatifs et à trouver les voies et moyens pour, comme avait dit le sage, nous élever au-dessus des contingences et des bassesses, pour nous comporter en êtres intelligents et pensants, pour aller vers l’unité nationale.

Ce que nous vivons, plutôt que d’être vu comme un enfer, doit être pris, d’un avis franc, comme un purgatoire. 

Le doyen Thomas Oholli Niamké

mardi 17 janvier 2012

Élite


De tes discours vides 
De tes manœuvres occultes 
Le peuple est en colère et fatigué
Quel rôle joues-tu ?
Ta mère s’éteint derrière
Le mur de désastres que tu as dressé
Pour mieux l’assujettir et l’user
Quel rôle joues-tu ?
Le peuple est à genoux 
Notre pays se meurt 
Quel rôle joues-tu ? 
L’Afrique est à l’agonie
Ta mère Afrique a besoin d’actes
Et non de tes verbiages 
Quel rôle est le tien?... 

Sylvain de Bogou

mercredi 4 janvier 2012

De la discipline du parti et de l’exclusion

Dans le cadre des campagnes pour les élections législatives du 11 décembre 2011, les Ivoiriens ont pu lire, dans le journal L'intelligent d'Abidjan de ce mercredi 7 décembre 2011, ceci : 
« A Ferké où le Premier ministre Guillaume Soro brigue un poste de député, les clivages politiques ont fait place à l'union autour du fils de la région. En témoigne la présence de presque toutes les forces politiques, y compris le Front populaire ivoirien (FPI), aux côtés du candidat Soro Guillaume à l'ouverture officielle de sa campagne le 3 décembre dernier. De fait, le Secrétaire général de la Fédération FPI de Ferkessédougou, Koné N'Klo Nasser, s'adressant à l'assistance à cette cérémonie de lancement, a tenu à remercier Guillaume Soro d'avoir associé son parti, le FPI, à cette campagne. Pour lui, en répondant à l'appel du candidat Soro, le FPI démontre qu'au-delà des antagonismes et des contradictions nées des idéologies politiques, les filles et fils de cette région sont condamnés à vivre ensemble. Le Secrétaire général FPI de Ferké a rassuré Guillaume Soro de ce que son parti fera tout ce qui est en son pouvoir pour lui accorder le maximum de suffrages. Il a également souhaité que cette campagne soit placée sous le signe de la réconciliation ».

Après avoir lu cette déclaration de M. Koné N'Klo Nasser, je me suis demandé si, au fond, les responsables du FPI étaient préalablement informés de cette mission et si M. Koné N'Klo Nasser a été mandaté par le FPI pour tenir de tels propos et pour apporter un soutien à M. Soro Guillaume, contrairement aux mots d’ordre du boycott préconisé en ces termes par M. Sylvain Miaka Ouréto, le jeudi 8 décembre 2011, au siège du CNRD: « Le FPI a donc décidé de suspendre sa participation au processus électoral, avec pour effet immédiat sa non participation aux élections législatives du 11 décembre prochain. Le FPI ne présente aucun candidat... ».

Si donc M. Koné N'Klo Nasser n’a pas été mandaté par le FPI, il n’a donc pas respecté le mot d’ordre, ni observé la discipline, ni suivi la ligne du parti.

L'expression « suivre la ligne du parti » est un élément historique de la Chambre des communes britannique. Cette expression est employée généralement dans le contexte de systèmes parlementaires de style britannique, comme ceux du Canada et du Québec et fait référence à l'obligation qu'ont les membres d'un parti de respecter la discipline de parti. Celle-ci, notamment la discipline de parti, ou la ligne du parti, en ce qui concerne un mouvement social ou un parti politique, désigne la règle morale ou ligne de conduite officielle à suivre par les militants de cette organisation, sur la base idéologique spécifique à cette organisation, ou dans le cadre de ses prises de position face à certains événements.

C’est au nom de la discipline de parti que, au Front National, M. Christian Bouchet, soutien de Marine Le Pen, a été démis de ses fonctions de secrétaire départemental adjoint de Loire-Atlantique et que Yvan Benedetti et Thierry Maillard entre autres ont été convoqué en commission de discipline le 16 juin.

C’est au nom de la discipline de parti que, en Afrique du Sud, Julius Malema, président de la Ligue des jeunes, a été auditionné en novembre dernier, par un comité de discipline de son parti, l’ANC, au motif d’avoir « semé la discorde dans les rangs du parti ».

C’est au nom de la discipline de parti que, en Algérie, M. Negazi Belkacem, maire de Boukhara, avait été exclu de son parti, le Parti des travailleurs (PT) pour avoir « enfreint le code de discipline ».

C’est également au nom de la discipline de parti que, en France, le Parti Socialiste avait prononcé l’exclusion de Bernard Kouchner : son entrée dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy avait été présentée comme une « trahison » et « une violation manifeste et faisant fi des statuts et des règles du PS ». Toujours au PS, le Conseil fédéral du Puy-de-Dôme avait voté une résolution demandant l'exclusion de l'ancien ministre Michel Charasse et du président du Conseil général Jean-Yves Gouttebel, etc. De telles sanctions ou dispositions visent à instruire les uns et les autres qu’il ne faut pas s’engager au hasard, et qu’il faut exécuter et respecter les engagements qu’on a pris et les lois qu’on a faites.

Eu égard à ces définitions et ces cas de figure, il faut, par une annonce officielle, démissionner ou exclure M. Koné N'Klo Nasser, d'office, du parti, ainsi que d'autres « militants » de la même espèce, pour servir d’exemple fort et assainir le militantisme dans notre pays et ailleurs en Afrique. Ou bien M. Koné N'Klo Nasser s'est trompé de parti ou bien il a jeté le masque. Quoiqu’'il en soit, M. Koné N'Klo Nasser doit arrêter de raconter n'importe quoi au nom du parti. Et, libre à lui d'aller militer au RDR, si telle est son aspiration profonde et au nom de la liberté d’opinion...

Mais, que M. Koné N'Klo Nasser sache qu’il est bien souvent déplorable, voire fatal, de prendre le raccourci de se soumettre ou de s’aliéner au régime au pouvoir pour « manger aussi ». On perd ainsi sa dignité et le respect des autres. Et, en ces temps où les hommes sont trop sollicités pour se haïr et se trahir les uns les autres, la seule valeur qui élève l’homme, c’est de savoir, coûte que coûte, ou malgré ce qu'il nous en coûte, garder toute sa dignité.

Que M. Koné N'Klo Nasser sache également que ceux qui se servent des autres savent, comme nous, qu'il est déraisonné de faire confiance à quelqu’un qui n’est pas en possession de sa propre dignité et qui règle sa conduite sur ses nécessités immédiates et ses intérêts du moment. Un tel individu est une bête humaine qui est indigne de confiance, mais digne de mépris. Un tel individu va vers l'avenir comme un aveugle qui marche sans bâton ou un marin sans boussole. C’est pourquoi, après sa bonne et basse besogne, il est généralement délaissé, purement et simplement délaissé, à moins que l’on n’envisage de le commettre à d’autres forfaitures. Quoiqu'il m’en coûte, c’est ce que je pense... 

Léandre Sahiri
 

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