mardi 15 mai 2012

Au tableau d'honneur : Madame Nyamko Sabuni

Mme Nyamko Sabuni est une femme d’origine congolaise, née en exil au Burundi, arrivée en Suède en 1981, à l’âge de 12 ans, avec sa mère et ses frères et sœurs, pour rejoindre son père, un opposant politique plusieurs fois emprisonné au Zaïre (actuelle RD Congo) et refugié dans ce pays nordique, grâce à Amnesty International : « Mon père et ma mère sont immédiatement entrés dans la vie active (...) ; ce qui fait que, pour nous, il n’y a rien eu de bizarre. Les parents travaillaient, et nous, nous allions à l’école et la vie suivait son cours. A Kungsängen (20 km de Stockholm), nous étions la seule famille d’immigrés visible. 

L’apprentissage du suédois m’a suffi pour me fondre dans mon pays d’accueil. Et puis, le marché du travail et la société suédoise permettaient, dans les années 80, aux immigrés de s’intégrer plus facilement qu’actuellement. Aujourd’hui, la création d’emplois, des cours de langue adaptés et la lutte contre la discrimination sont les clés de l’intégration». « Je me sens congolaise, et fière d’être suédoise » Diplômée en droit et en sciences de l’information et de la communication, Mme Nyamko Sabuni dont l’intégration semble exemplaire et dépourvue de traumatisme, affirme : «Je suis très fière de mes racines, je n’ai jamais eu de problème d’identité». 

Aujourd’hui, Mme Nyamko Sabuni se retrouve Ministre de l'Intégration et de l'Égalité des genres de la Suède, en fonction depuis le 6 octobre 2004. Elle reçoit, dans son bureau coquet et sans luxe apparent, avec respect et attention, mais pas en «gentille maman»… Au-delà des différences de sexe, de couleur de la peau ou d’âge, au-delà des clichés, c’est sur le terrain des idées que Mme Nyamko Sabuni se situe et se bat : «Je ne pense pas faire mon travail très différemment de quelqu’un d’autre simplement parce que je suis noire, mais peut-être plutôt à cause de certains points de vue que j’ai (...) ; cela est plus déterminant», affirme-t-elle en suédois, la langue qu’elle parle parfaitement, tant au travail qu’en famille, parfois en alternance avec le swahili. Toujours sur le terrain des idées, Mme Nyamko Sabuni, avant d’être nommée au gouvernement, avait déjà beaucoup fait parler d’elle, en proposant, alors qu’elle siégeait au parlement, un ensemble de mesures pour combattre la "culture de l’honneur" et la politique d’assistanat : interdiction du port du voile pour les filles de moins de quinze ans, examen gynécologique obligatoire au collège permettant de prévenir et détecter les mutilations génitales, arrêt du financement par l’Etat des écoles religieuses et criminalisation des mariages forcés, etc. « J’ai du mal à voir ou à vivre des injustices sans essayer d’intervenir ». On sait que ces propositions, parmi tant d’autres, lui ont valu des critiques parfois acerbes et même d’être qualifiée d’«islamophobe». 

A ses détracteurs, Mme Nyamko Sabuni répond : «je dis avec honnêteté comment sont les choses : je crois toujours en ces propositions… J’ai joué mon rôle, j’ai initié un débat. En tant que ministre, je fais appliquer la politique sur laquelle nous sommes tombés d’accord... En tout cas, le plus important, pour moi, est que nous ayons un dialogue, un débat, et que nous décidions ensemble de ce qu’il est possible de faire... Pour moi, il est très important que les gens sachent et prennent conscience du fait que, ici, ils ont des possibilités et des avantages, mais aussi des obligations et des exigences… ». 

On comprend, par de telles propositions, que Mme Nyamko Sabuni est farouchement opposée aux pratiques culturelles ou religieuses, notamment lorsqu’elles ne respectent pas la Constitution, ni les droits de l’Homme. On note que, à l’heure actuelle, environ 100.000 filles en Suède subissent "la culture de l’honneur", une notion qui englobe, pour elle, les examens de virginité, le port du voile pour les petites filles, l’excision, les mariages forcés ou encore les violences physiques, etc. Comme vous voyez, de par la qualité et l’originalité de son parcours, de par son engagement social et politique, Mme Nyamko Sabuni mérite de figurer au tableau d’honneur. 

Puissent son background et sa réussite inspirer les jeunes générations d’Afro-suédois, et de façon générale, toutes les jeunesses africaines sur le continent et partout ailleurs dans le monde. 

Léandre Sahiri 

Source : afriquecentrale.info Paru dans Le Filament N°21

vendredi 11 mai 2012

Présidentielles françaises : le sort de Nicolas Sarkozy


Les écarts de langage et de comportement du Président sortant de la France, monsieur Nicolas Sarkozy, sont tellement nombreux que nous n’oserons pas les énumérer tous.  Les analyser en profondeur serait aussi synonyme de perte de temps.  Or, notre temps à nous est précieux. Mais, rappelons quelques faits.
Simplement, souvenons-nous du discours de monsieur Sarkozy à Dakar à l’Université Cheikh Anta Diop en juillet 2007, en présence de monsieur Abdoulaye Wade et de centaines d’enseignants et d’étudiants qui ont applaudi à grands cris.  Nous pardonnons les professeurs et leurs étudiants parce que nous croyons qu’ils n’avaient pas compris les injures adressées à toute l’Afrique à travers eux.  Monsieur Sarkozy, ce jour-là, et parmi tant d’autres choses, a dit de l’Africain : «Le drame de l’Afrique c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… ».  Est-ce de l’amnésie qui serait en train de guetter monsieur Sarkozy ou une autre façon d’étaler son ignorance ? La réponse à cette question nous a été donnée le samedi 14 avril 2012 dernier. 

Ce jour-là, l’homme politique extraordinaire (tant par sa taille que par ses idées et sa politique) que le monde ait connu, a demandé pardon à l’Algérie, au moment de la cérémonie de partage des médailles aux anciens combattants. Cette cérémonie cache sans doute un seul objectif cynique : la conquête ou reconquête de l’électorat arabe français.  Sinon, jusqu'à ce que le contraire soit prouvé, les Algériens sont des Africains. Or, ceux-ci, selon monsieur Sarkozy, n’ont pas d’histoire.  Nous reprenons ce que le tuteur  des tyrans africains dit: «Le drame de l’Afrique c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… ». 
L’autre point montrant le cynisme de monsieur Sarkozy est que c’est sous sa présidence que la France est devenue un état où seule la chrétienté a de la place.  La France a perdu sa laïcité.  Il a banni le port du voile.  Des femmes ont été arrêtées.  Certaines ont été menacées de perdre la nationalité française. D’autres ont été publiquement humiliées.  Et, le peuple français, très attaché à sa liberté, a regardé les choses suivre leur cours « normal ». 
En France, le prix des denrées, y compris la baguette de pain, ont en ces temps de crise ou le chômage est à son point culminant et la zone Euro durement secouée.  Toute la France se versera dans la rue pour crier : « réparation et arrêt de travail parce que famine ».  Mais, cette France qui chante : « Liberté, Egalité et Fraternité», s’est tue devant l’abus de pouvoir de monsieur Sarkozy qui a pris sur lui la responsabilité de retirer à des millions de personnes leur droit fondamental.  Ou encore, la grande France des libertés, de toutes les libertés confondues, serait-elle restée muette si monsieur Sarkozy avait interdit le port du petit ou du grand chapeau aux Juifs français ou le port de la croix aux chrétiens dans tous les lieux ?...  

Comme les Algériens qui, en majorité sont des musulmans dont les femmes et les filles subissent les reformes de monsieur Sarkozy dans « l’affaire du voile », beaucoup de Roumains et Roumaines ont été humiliés et jetés hors du territoire français, au nom de la politique « d’une France sans déchet humain » de monsieur Sarkozy.  La question est de savoir ce que prépare le « boudeur de David Cameron » pour se racheter auprès de l’électorat roumain ?   Que fera aussi monsieur Sarkozy pour demander pardon aux Anglais résidant en France et qui voteront lors des présidentielles prochaines ?  Le connaissant, nous le voyons en train de réunir quelques « amis » journalistes et cameramen pour « une conférence de presse » pour s’adresser au peuple français dans le souci de « tout régler » comme si celui-ci n’est pas assez fatigué de le voir chaque jour sur le petit écran. 

Enfin, comme la vertu s’échappe par la cheminée lorsque la politique fait son entrée par la porte, nous sommes très convaincus que monsieur Sarkozy, spécialiste des trouvailles, inventera encore quelque chose pour éviter d’être oublié par l’histoire.   Sinon, nous lui rappelons que toutes ses simagrées et ses comédies électoralistes ont été mises à nu, que les électeurs ont déjà décidé de son sort et qu’il répondra de tous les crimes qu’il a commis.   

Sylvain de Bogou

jeudi 10 mai 2012

Nos politiciens sont des ignorants


En attendant de parler plus tard de ceux qu’on appelle «militants» et des abus dont ils sont victimes, intéressons-nous, pour l’heure, à ces personnes qu’on appelle les “politiciens” et interrogeons ce qu’ils savent vraiment. Alors, que savent-ils donc ces animateurs de la vie politique ? Posez-leur de petites questions d’actualité nationale et internationale et vous verrez. Je vous en propose une courte sélection.

a) Questions d’actualité nationale :
Bonjour Monsieur, Madame. C’est quoi une institution étatique? C’est quoi le PIB et/ou le PNB d’un pays? Qu’en est-il de ceux de notre pays ? A quelle réalité se réfère le taux d’intérêt? Comment mesure-t-on l’indice de la pauvreté dans un pays? Quelle est la densité de la Côte d’Ivoire? A quel taux d’intérêt sommes-nous aujourd’hui et quelles sont les prévisions de votre parti pour l’avenir de notre pays?...

b) Questions d’actualité internationale :
Monsieur, Madame, quelle est, selon vous, la solution à terme pour l’Afrique? Quel regard jetez-vous sur le Proche et Moyen Orient? Que faut-il faire pour plus de justice en matière d’échange Nord/Sud?...

 c) Les réponses :
Aussitôt que vous avez posé ces questions, détendez-vous et écoutez les réponses. Vous n’aurez absolument rien comme réponses, parce que ces “politiciens” ne savent rien eux-mêmes. Ils n’ont aucune culture, aucune expérience et ne peuvent offrir aucune réponse correcte, ni aucun bilan en la matière.
 Leur spécialité, c’est la propagande, le mensonge et le culte de la personnalité. Ceci est surtout le problème qui ronge la Côte d’Ivoire. Et, si on nomme ces gens-là des “politiciens” et non des “politiques”, c’est parce que cela convient mieux et comporte tout le sens du raisonnement.  

Bamba Abdoul Karim

mercredi 9 mai 2012

Il pleut sur mon Gbagbo
















En ce début de printemps,
Il pleut sur mon Gbagbo.                      
Pas de giboulée de printemps,
Il pleut  sur mon Gbagbo.                                      
Pas de crachin sur mon Gbagbo,                                                        
Il pleut sur mon Gbagbo.                                                                         
Il pleut ce matin du onze avril,                                                                
Il pleut ce onzième avril.                                                                         
Depuis l’an deux mille,                                                                           
Il pleut, pas d’eau,  mais de mille ;                                                         
Voire de  millions d’éclats de feu.                                                        
Ils tombent des cordes de feu
Traitreusement  lâchées par L’ennemi.
Il tombe du ciel,  à n’en plus finir Des  bombes.
Les poitrines des patriotes comme des tombes,
S’offrent en holocauste au sol.
Des avis émis
A l’unanimité, disent  qu’il pleut sur mon Gbagbo
Il pleut sur Cocody
Il pleut sur la résidence
A cet  endroit mien, bien sûr, 
Mon cœur saigne quand
Sur  ce onze avril 2011, revient
Le funeste souvenir  de  sang
A nouveau ma plaie de sang
S’ouvre et la douleur revient
Parce qu’à ce triste anniversaire
Sous cape,  rit l’adversaire.                                                   

Julius Blawa Gueye 

(Extrait de « Larmes de patriote »)

samedi 5 mai 2012

Au nom de la vérité


Faut-il enfin briser la glace qui, jusque-là recouvrait l’histoire de la reine Pokou d’un pudique et protecteur manteau de Noé ? Et cela, au nom de la vérité devant l’histoire. Pendant deux siècles environs un pan de l’histoire de la reine Pokou a été volontairement ou involontairement coupé. Pourquoi ? En tout cas, beaucoup d’Ivoiriens aujourd’hui se posent la question et, se la posant, montrent indirectement du doigt ces intellectuels qui suscitent et développent dans l’esprit de la population, des allergies face à la vérité.

Il y a comme une espèce de complicité nationale sur les limites de ce qu’il faut dire et de ce qu’il ne faut pas dire sur l'histoire de la reine Pokou. Des scientifiques et non des moindres ont déjà donné leur version de l’histoire de la reine Pokou. Mais avec les « pièces » que Brou Jean-Paul verse au dossier, force ne serait-il à ces historiens et anthropologues de (re)poser, sur cette histoire de notre héritage culturel national, un nouveau regard ? Sans clichés politiques. Sans catalogue.

Des faits historiques dont l’authenticité a été mise en doute, ont fait l’objet de polémiques pendant longtemps. Notamment « Les manuscrits de la mer morte », « Le suaire du Christ ». Mais, la vérité a fini par éclater un jour. Sans qu’il n’y ait aucun cataclysme.

Quel est donc alors ce pacte secret sur l’histoire d’Abla Pokou ? Il est temps. Il est même grand temps que les intellectuels Ivoiriens rompent ce long et lourd silence suspect pour dire à la face du monde où la reine Abla Pokou a vécu jusqu’à sa mort. Où a-t-elle été inhumée ? Où se trouve son sépulcre ? Ceci dans un seul objectif : l’éclatement de la vérité. Et la restitution des faits de l'histoire. De notre histoire. Rien d’autre. 

Serge Grah

Paru dans Le Filament N° 21

vendredi 4 mai 2012

Ce jour-là, le 6 avril 1964, Ernest Boka est mort.


Ernest Boka est un homme politique ivoirien, décédé le 6 avril 1964 dans des conditions tragiques non clarifiées.

Diplômé en droit latin, docteur en Droit et avocat, il a été Chef de cabinet du gouverneur général de Côte d'Ivoire en 1957, ministre de l'Éducation nationale en 1958, ministre de la Fonction publique en 1959. En 1960, il a été nommé président de la Cour suprême de la Côte d'Ivoire. Ernest Boka a été chef de la délégation ivoirienne à l'ONU en 1960.

C’est sans doute eu égard à ces distinctions, entre autres raisons, que le président Henri Konan Bédié lui a érigé un mausolée dans son village natal de Grand-Morié, à une quinzaine de kilomètres d'Agboville.
En hommage à sa mémoire, nous invitons nos lecteurs à méditer deux témoignages qui éclairent les circonstances réelles de sa mort et la lourde responsabilité de ceux qui ont tué ou qui ont fait tuer Ernest Boka. Les deux documents qui suivent font la démonstration que, après l'avoir tué, on a lâchement calomnié Ernest Boka.

Vaine tentative de salir à jamais la mémoire d'un homme libre, droit et fier !

Au moment où d'aucuns, qui se réclament disciples de Félix Houphouët, affirment qu'ils veulent en finir avec l'impunité, souvenons-nous et rappelons-leur que le meurtre d'Ernest Boka dans la prison illégale d'Assabou (Yamoussoukro) est resté impuni jusqu'à ce jour.

 
Marcel Amondji
 
Document n° 1
L’enterrement d’Ernest Boka

«... Le corps était déjà dans le cercueil placé dans une voiture avec des inspecteurs de police et des gendarmes qui devaient l'accompagner à son village natal, Grand-Morié, dans la Sous-préfecture d'Agboville. La famille est donc partie avec le corps, le 8 avril. Ils ont pris la route de N'Douci-Agboville. Ils se sont arrêtés à Agboville, car on devait renforcer la garde de gendarmes. Ils sont arrivés à Grand-Morié, dans la nuit du 8 au 9 avril. Les inspecteurs ont dit qu'ils avaient reçu des ordres, qu'il fallait enterrer Boka immédiatement, dans la nuit, sans ouvrir le cercueil. Les parents ont argué des coutumes qui exigent que l'on voie le corps avant de l'enterrer, ainsi que les rites de l'exposition du corps, de sa toilette, etc. (…).
 Les gendarmes s'y sont opposés formellement, mais les parents n'ont pas cédé. Ils ont donc ouvert le cercueil. Ils ont sorti Boka qui présentait des écoulements sanglants des narines, de la bouche, des oreilles, le nez très enflé, et, chose curieuse, pour un soi-disant suicidé par pendaison, la langue ne sortait pas de la bouche. Boka avait également un enfoncement des os du crâne vers la nuque, le dos complètement écorché, la clavicule gauche cassée, des fractures au membre supérieur gauche, les dents cassées, les côtes fracturées. Son sexe était œdématié (très enflé), des suites de violences. Il présentait aussi des fractures aux membres inférieurs. Seuls les pieds paraissaient solides, alors que les autres membres paraissaient de caoutchouc. On a d'ailleurs trouvé son corps nu dans le cercueil avec un simple tricot de peau et un drap de lit. D’où, la famille a procédé à la toilette du corps. Ils ont bien voulu l'exposer, mais le sang coulait encore : on l'a donc remis dans le cercueil, et on l'a laissé dans sa maison natale jusqu'au 9 avril à 16 heures, puis on l'a enterré, entouré d'un peloton de miliciens, d'inspecteurs, et de gendarmes qui ont empêché les gens d'assister à l'enterrement, disant qu'ils avaient reçu cet ordre du Président de la république, M. Félix Houphouët-Boigny, et que seul son père pouvait l'enterrer.
 Mais, malgré ça, les gens qui étaient au village se sont rendus quand même à l'enterrement ». 

(Extrait d'un document de source confidentielle daté du 17 mai 1964).
 . 
 La question demeure : Pourquoi tant de précautions pour son enterrement et dans quelles conditions est décédé Ernest Boka ? Samba Diarra a répondu à cette interrogation préoccupante dans son livre « Les faux complots d'Houphouët-Boigny ». Ce sera notre document n° 2. A lire dans notre parution. 


jeudi 3 mai 2012

Le Mali : 50 ans de mensonge, c'est fini : La France redécoupe son empire colonial noir.

La Côte d'Ivoire a servi de laboratoire. On a beaucoup palabré sur la zone de confiance qui a partagé en deux le pays d'Houphouët-Boigny, le monde entier sait maintenant que la partition de ce pays n'est plus qu'une affaire d'opportunité politique. 

Tout comme la Guinée de Sékou Toure. Le Nigeria est condamné, à court terme, à la partition territoriale. La Libye finira en trois Etats indépendants : Tripolitaine, Fezzan, Cyrénaïque. Pour détruire la Libye, vaincre l'armée libyenne et, finalement, faire assassiner Kadhafi, le leadership politique français a souscrit aux revendications séparatistes des Touaregs laïcs ou religieux. 

Le coup d'Etat au Mali est une diversion maçonnique. Il est même savoureux. On voit qu'il n'y a plus d'autorité qui incarne l'unité ou l'intégrité territoriale du Mali. Tous les symboles d'Etat sont violés. La loi fondamentale caduque. Les putschistes l'ont abrogée. Toutes les institutions culturelles, politiques, sociales, administratives et économiques paralysées. 

Le Mali de Modibo Keita est désormais un sympathique souvenir! On peut le dire. Avec sérieux et sans dévoiler un secret d'Etat. Touaregs et autres minorités nationales peuvent alors négocier d'égal à égal la partition du Soudan français ! Kabako! En tout cas, c'est ce que je retiens de toutes les explications lues ici et là. Le jour se lève toujours. 

Lettê naa Lettê  

Paru dans Le Filament N°21

mercredi 2 mai 2012

Les ténèbres et les luminaires d’Alassane Ouattara


Après avoir, avec une brutalité inouïe, cassé les baraques et les locaux des opérateurs économiques au bord des artères de quelques quartiers et villes, sans une campagne de sensibilisation et sans mesure d’accompagnement, le nouveau régime a choisi d’embellir Abidjan, en semant des luminaires. J’en ai entendu parler et j’ai été voir ces luminaires.

Un acte de cécité politique et de laideur morale
J’ai vu les luminaires d’Abidjan. Ils sont beaux pour les yeux, mais seulement pour les yeux non exercés. Ils paraissent, en effet, beaux pour les yeux profanes ! Mais, ils ne le sont pas pour le cœur et pour l’âme. Car, ils ne riment pas avec le bon et le bien. Parce que le véritable Beau plaît au cœur et à l’esprit. Parce que le véritable Beau est bon et bien. Ainsi, les luminaires d’Abidjan ne sont pas beaux ; n’en déplaisent aux nouveaux flagorneurs et aux plumes converties à la cajolerie des nouveaux princes. Les luminaires d’Abidjan sont laids et c’est ce que je vais démontrer.
Entre électrifier les villages et inonder Abidjan d’un excès de lumière, où se trouve la priorité ? Pour une simple question de bon sens et de sagesse, la priorité, n’est-ce pas d’apporter de la lumière dans ces quartiers malfamés, abandonnés, empêtrés dans la gadoue de l’impécuniosité ? La priorité n’est-ce pas d’apporter un peu de cette lumière dans ces villages plongés dans la terreur des ténèbres où même les lucioles ont peur de s’aventurer ?...
Notre pays a besoin, surtout dans ses entrailles les plus reculées, d’électricité, de lumière. De lumière tout court et tout simplement, pour ne pas « se perdre » dans l’obscurité.  La priorité dans ce pays où pleuvent des milliards, dit-on, à chaque instant, et à contre saison, n’est-ce pas de doter de nombreux quartiers d’eau potable et d’électricité ?
Je vous le dis les luminaires d’Alassane Ouattara sont laids !
Hier, c’étaient Gonzagueville et Adjouffou qui rageaient d’être privés de lumière. Demain, sûrement, ne seront-ce pas les sous-quartiers d’Abobo, de Koumassi, d’Attiékoubé, d’Adjamé qui souffrent des coupures électriques intempestives qui crieront leur soif de reconnaissance ?
Le nouveau pouvoir, si sensible aux pleurs des indigents, lui, a remarqué que Cocody et Plateau souffraient d’un déficit de lumière… (Ah, la cécité de l’âme orgueilleuse ! ) Alors, à coup de milliards, Abidjan vient donc, grâce au nouveau régime d’être parée de luminaires.
Oui ! c’est vrai, ces indigents des quartiers périphériques, de leurs cases obscures, de leurs yeux meurtris, perchés sur leurs estomacs aplatis, se sont extasiés de loin de ce déploiement de lumière, de ce flot de luisance insolente (Ah, le pathétique des yeux non-initiés !) Mais, ils savent au fond de leur cœur que cette lumière n’est pas leur lumière. 

Les luminaires d’Alassane Ouattara préservent les ténèbres
Cette lumière qui gicle effroyablement des luminaires, cette lumière qui éclabousse arrogamment les rues et les murs des abidjanais frustrés de leur soif de liberté de sa luisance blafarde…, c’est la messe fade des nouveaux princes grisés, c’est la bamboula insipide des experts de l’apparence, c’est la danse frénétique des virtuoses du tape-à-l’œil,  c’est l’exhibitionnisme pervers de ceux qui sont incapables de comprendre et de savoir où se trouve la priorité.
Contrairement à la rhétorique des encenseurs et autres complimenteurs du nouveau chef d’Etat, Abidjan, avec ces luminaires impudiques, Abidjan vient de tomber dans les ténèbres. Avec tout le pays d’ailleurs. Les luminaires et la lumière qu’ils prétendent produire ne mettent pas fin aux ténèbres qui nous causent tant d’effroi et nous paralysent de frayeur. Bien au contraire.
Oui, nous sommes de plain-pied dans les ténèbres. Et pour cause.
Les ténèbres, ce sont ces ignares galonnés qui hantent les nuits abidjanaises, les nuits des provinces et des hameaux en quête d’âme à écraser, de bourgeon de vie à piétiner, des billets de banque à chaparder. Les ténèbres, ce sont ces chasseurs rustiques sortis des profondeurs de la géhenne, armés de fusils qui jouent à jouer aux gendarmes et aux policiers sous les yeux effrayés de nos pauvres paysans. Les ténèbres, ce sont les journalistes qu’on jette en prison, les écrivains qu’on bastonne (Bernard Dadié, Serge Grah), les écoles qu’on bombarde à coups de canon. Les ténèbres, ce sont ces universités fermées, ces bibliothèques fermées, ces livres fermés, ces étudiants désemparés réduits à infester les salons des leurs par leur oisiveté contagieuse.
Et la lumière, ce ne sont pas des luminaires aux formes géométriques grossières et suspectes, ensemencées ou accrochées, ici et là.
La lumière, la véritable, ce sont ces villages qui après quarante ans d’indépendance ont été électrifiés par les soins du détestable Laurent Gbagbo. « C’est qu’aucune personne, dotée de bon sens, n’aime l’obscurité imposée. Le laid, tout comme l’obscur, procure inconfort et malaise ». Mais, c’est vrai, mon cher ami ! Et pourtant, des centaines de villages sur lesquels passent les câbles de la haute tension électrique sont encore les otages des ténèbres, pendant qu’Abidjan la prostituée se goinfre comme une truie gloutonne des excès de lumière des luminaires.
Vous convenez avec moi : la Côte d’Ivoire ne se limite pas à Abidjan.
Mais, diantre ! La Côte d’Ivoire, est-ce seulement Abidjan et surtout Plateau et Cocody ? On me dira qu’Abidjan est la vitrine. Oui la vitrine ! Parlons-en ! La vitrine, c’est un espace aménagé dont le rôle est d’exposer ce qu’un magasin par exemple a de plus beau. Et, le rôle de la vitrine, c’est de donner une image publique et favorable. La fonction de la vitrine, c’est de plaire au regard, au regard extérieur. Au regard des visiteurs, des touristes, des occidentaux. Oui ! Plaire à tous ceux-là, à coup de milliards, en sacrifiant les pauvres populations englouties dans l’obscurité.
Mais, la Côte d’Ivoire n’est pas une boutique. La Côte d’Ivoire serait une boutique qu’on saura trouver des raisons de nous consoler. Car, ces derniers temps, la Côte d’Ivoire ne vend plus ; c’est elle qui a été achetée, (que dis-je ?) qui a été prise, cueillie.
L’Afrique a besoin de chefs qui sont aux soins de leurs populations surtout les plus pauvres, et non de ces chefs qui s’évertuent à vouloir plaire aux maîtres du monde. L’Afrique a plus besoin de chefs qui partagent, ne serait-ce que le minimum à la plus grande majorité que de chefs porte-faix d’autres chefs de territoires lointains. Notre pays a plus besoin de chefs qui se soucient de doter les villages d’éclairage public, plutôt que de pseudo chefs qui, au mépris des fourbus, s’évertuent à rassasier ceux qui sont déjà repus.
La fonction des luminaires de Ouattara : aveugler les Ivoiriens
Abidjan, écrit-on, serait devenu Las Vegas par de simples de jets saccadés de lumières. Il faut que je le dise net : Ces luminaires sont une architecture de mirage. Ils luisent, mais n’éclairent pas et ne peuvent éclairer et ne sauraient éclairer. Ces luminaires relèvent du cosmétique inutile, de l’habillage, du maquillage pour voiler les laideurs d’un pouvoir brutal, inimitable en inhumanité, incomparable en sectarisme, intraitable en intolérance.
Il faut ouvrir plus l’esprit que les yeux pour comprendre cette vérité : La lumière qui gicle de ces luminaires est une lumière aveuglante. La lumière, à un certain degré d’acuité, aveugle. Et, c’est la fonction voilée, secrète, ésotérique, obscure, sibylline de ces choses luisantes.
Ces luminaires sont là pour aveugler les Ivoiriens, de sorte qu’ils ne voient pas l’essentiel des choses. De sorte qu’ils ne voient pas le fond des choses. De sorte qu’ils ne voient pas l’intérieur des choses. De sorte qu’ils ne voient pas la profondeur des choses…
La lumière de ces luminaires a pour vocation de séduire, d’envoûter, de captiver aux fins de distraire les Ivoiriens et les détourner de ce qui est essentiel à leur bonheur, de les détourner vers le superficiel : les fadaises, les pacotilles, les niaiseries, les âneries, les fariboles, les inutilités.
Cette profusion de lumière vise à voiler les ombres que ce pouvoir produit, les ombres que ce pouvoir déverse sur le pays.
Abidjan ville de lumière comme Lucifer porteur de lumière
La lumière n’évoque pas toujours le Beau ou la Vérité. Satan se déguise en prince de lumière. Et, le prince de lumière s’appelle Lucifer. C’est l’ange porteur de lumière. Les Francs-maçons se font appeler les « frères de lumière ». Le hasard n’existe pas. Ces luminaires sont la métaphore du mirage que ce pouvoir fait miroiter à ses partisans pour les berner.
Non ! Abidjan n’est pas une fiancée fardée allant à une nuit de noces, mais bien une prostituée fanée qui s’est fardée pour voiler la laideur de ses rides. Des rides qui ne sont pas dues à la vieillesse, mais à une vie de perversion, de compromission, de génuflexion, d’agenouillement, d’abaissement, d’indignité, de pactes mauvais de tout ordre.
Les Ivoiriens ont besoin de consolation, de baume, de paroles et d’actes qui réconcilient, qui rapprochent et non de scintillements maladroits, de miroitements vilains, de feu d’artifice et de mirages trompe-l’œil.

Salomon Akonda, Analyste politique

Paru dans Le Filament N°21

mardi 1 mai 2012

Message à Monsieur Charles Konan Banny


Cher Monsieur Banny,

Vous avez été Premier Ministre sous Laurent Gbagbo. Votre nomination à ce poste avait fait l’objet d'un espoir renaissant  et avait créé dans les cœurs des Ivoiriens un certain enthousiasme, parce que vous êtes Ivoirien (pas d'adoption !), et de surcroît, un fils authentique du terroir akan. Alors, l'on s'attendait à voir agir un nationaliste, un patriote, pour défendre les institutions et les intérêts de notre pays, du moins de votre propre pays. Mais, hélas ! ce fut la déception totale ! Un bilan que tout le monde connaît.

Vous êtes aujourd’hui à la tête de la « Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation » (CDVR) pour, dit-on « réconcilier les Ivoiriens après de longues années de crise, d’atrocités et de barbaries ».
Vous êtes un être humain et partant de ce point, nous attendions beaucoup de vous.

Nous nous attendions à la moindre sensibilité de votre part sur le sort de tous les Ivoiriens, dont certains ont été, bon gré mal gré, contraints à l'exil et d’autres sont actuellement dans les prisons sans raison et sans jugement. Et, vous prétendez réconcilier les Ivoiriens, mais entre nous, n’est-ce pas là une moquerie ?
Nous nous attendions également, de votre part, à une condamnation vigoureuse des rebelles, des assassins, des pilleurs et leurs chefs et commanditaires, qui sont nos pires  ennemis et qui ont fait et continue de faire  tant de mal à notre pays, du moins à votre propre pays. Or, ces gens-là sont vos alliés et vos meilleurs amis.
Nous nous attendions aussi, de votre part, à une compassion pour nos compatriotes innocents qui ont été sauvagement abattus, calcinés, mutilés, égorgés, des jeunes filles violées et des femmes en grossesse éventrées, etc. Mais non ! Vous poursuivez votre « mission de réconciliation », à travers des voyages et des discours, comme si de rien n’était, parce que pour vous, on peut si facilement amener des gens dont les cœurs saignent à embrasser volontiers des criminels, n’est-ce pas ?

Vous êtes un homme politique. Et, comme l’a dit Houphouët-Boigny, « la politique, c'est la saine appréciation des réalités », ce qui veut dire qu'il faut savoir se mettre au-dessus de toute contingence. Or, ça, vous semblez l’ignorer !

Par ailleurs, dites-nous, Monsieur Banny : comment pouvez-vous concevoir une collaboration et une connivence avec des rebelles et avec l’armée française qui tuent vos propres parents pour l'intérêt économique de l'étranger, et puis verser des larmes de crocodile, à la recherche du temps perdu, votre soi-disant réconciliation? 

Monsieur Banny, comment pouvez-vous être confortable avec un tel régime qui fait la promotion des ignorants à la place de personnes instruites pour lesquelles nos parents ont consenti des sacrifices énormes pour leur formation et leurs études?

D’un avis franc, j'ai honte, très honte parce que vous êtes une honte. Je vous transmets gratuitement et sans arrière-pensée la question que se posent bon nombre d'Ivoiriens : « A quoi ont servi vos études et les expériences de la vie, pour en arriver à toutes ces bassesses d'esprit? »
Franchement, vous, Monsieur Banny, et tous les autres de votre espèce de près ou de loin, vous êtes une honte et vous méritez d'être bannis.
Le doyen Thomas Oholli Niamké

Paru dans Le Filament N°21
 

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