Ernest Boka est un homme politique ivoirien, décédé le 6 avril 1964 dans
des conditions tragiques non clarifiées.
Diplômé en droit latin, docteur en Droit et avocat, il a été Chef de
cabinet du gouverneur général de Côte d'Ivoire en 1957, ministre de l'Éducation
nationale en 1958, ministre de la Fonction publique en 1959. En 1960, il a été
nommé président de la Cour suprême de la Côte d'Ivoire. Ernest Boka a été chef
de la délégation ivoirienne à l'ONU en 1960.
C’est sans doute eu égard à ces distinctions, entre autres raisons, que le
président Henri Konan Bédié lui a érigé un mausolée dans son village natal de
Grand-Morié, à une quinzaine de kilomètres d'Agboville.
En hommage à sa mémoire, nous invitons nos lecteurs à méditer deux
témoignages qui éclairent les circonstances réelles de sa mort et la lourde
responsabilité de ceux qui ont tué ou qui ont fait tuer Ernest Boka. Les deux
documents qui suivent font la démonstration que, après l'avoir tué, on a
lâchement calomnié Ernest Boka.
Vaine tentative de salir à jamais la mémoire d'un homme libre, droit et
fier !
Au moment où d'aucuns, qui se réclament disciples de Félix Houphouët,
affirment qu'ils veulent en finir avec l'impunité, souvenons-nous et
rappelons-leur que le meurtre d'Ernest Boka dans la prison illégale d'Assabou
(Yamoussoukro) est resté impuni jusqu'à ce jour.
Marcel Amondji
Document n° 1L’enterrement d’Ernest Boka«... Le corps était déjà dans le cercueil placé dans une voiture avec des inspecteurs de police et des gendarmes qui devaient l'accompagner à son village natal, Grand-Morié, dans la Sous-préfecture d'Agboville. La famille est donc partie avec le corps, le 8 avril. Ils ont pris la route de N'Douci-Agboville. Ils se sont arrêtés à Agboville, car on devait renforcer la garde de gendarmes. Ils sont arrivés à Grand-Morié, dans la nuit du 8 au 9 avril. Les inspecteurs ont dit qu'ils avaient reçu des ordres, qu'il fallait enterrer Boka immédiatement, dans la nuit, sans ouvrir le cercueil. Les parents ont argué des coutumes qui exigent que l'on voie le corps avant de l'enterrer, ainsi que les rites de l'exposition du corps, de sa toilette, etc. (…).
Les gendarmes s'y sont opposés formellement, mais les parents n'ont pas cédé. Ils ont donc ouvert le cercueil. Ils ont sorti Boka qui présentait des écoulements sanglants des narines, de la bouche, des oreilles, le nez très enflé, et, chose curieuse, pour un soi-disant suicidé par pendaison, la langue ne sortait pas de la bouche. Boka avait également un enfoncement des os du crâne vers la nuque, le dos complètement écorché, la clavicule gauche cassée, des fractures au membre supérieur gauche, les dents cassées, les côtes fracturées. Son sexe était œdématié (très enflé), des suites de violences. Il présentait aussi des fractures aux membres inférieurs. Seuls les pieds paraissaient solides, alors que les autres membres paraissaient de caoutchouc. On a d'ailleurs trouvé son corps nu dans le cercueil avec un simple tricot de peau et un drap de lit. D’où, la famille a procédé à la toilette du corps. Ils ont bien voulu l'exposer, mais le sang coulait encore : on l'a donc remis dans le cercueil, et on l'a laissé dans sa maison natale jusqu'au 9 avril à 16 heures, puis on l'a enterré, entouré d'un peloton de miliciens, d'inspecteurs, et de gendarmes qui ont empêché les gens d'assister à l'enterrement, disant qu'ils avaient reçu cet ordre du Président de la république, M. Félix Houphouët-Boigny, et que seul son père pouvait l'enterrer.Mais, malgré ça, les gens qui étaient au village se sont rendus quand même à l'enterrement ».(Extrait d'un document de source confidentielle daté du 17 mai 1964).
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La question demeure : Pourquoi tant de précautions pour son enterrement et
dans quelles conditions est décédé Ernest Boka ? Samba Diarra a répondu à cette
interrogation préoccupante dans son livre « Les faux complots
d'Houphouët-Boigny ». Ce sera notre document n° 2. A lire dans notre parution.
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