mardi 30 mars 2010

Du Cinquantenaire des Indépendances africaines

Comme nous le savons tous, c’est en 1960 que la plupart des pays d'Afrique sub-saharienne ont obtenu leurs indépendances. Et donc, en cette année 2010, un demi-siècle plus tard, nous devons célébrer, à sa juste dimension, le cinquantenaire de cet événement d’importance capitale et de résonnance particulière pour nous Africains.

Pour ma part, je conviens avec nombre d’Africains et d’amis de l’Afrique que ce cinquantenaire doit être l’occasion pour nous de faire le bilan des cinquante années passées, de faire l’état de nos lieux à cette étape de notre Histoire, de poser la question de notre autonomie économique et politique, de trouver les moyens de mettre en place une monnaie commune à nos États hors du giron français, de réfléchir sur les stratégies à mettre en œuvre afin que le demi-siècle à venir soit celui d’une indépendance vraie pour l’Afrique.


A ce propos, quoique la situation de l’Afrique ne soit pas ce qu’elle était en 1960, quoique l’année 1960 soit vue dans les discours officiels comme un moment faste pour la liberté des peuples constitués en Etats neufs, ayant leurs attributs spécifiques (drapeaux, hymnes, constitutions, etc.) au même titre que les puissances coloniales d’hier, quoique la Coupe du monde de football qui aura lieu, en été 2010, en Afrique du Sud, soit tout à l'honneur du continent africain, nombre d’Africains, pour le moins éclairés, lorsqu’ils parlent des cinquante années des « soleils des indépendances » africaines, n’hésitent pas à appeler de tous leurs vœux « une deuxième indépendance », pour dire qu’il nous reste à conquérir notre vraie indépendance, y compris notre indépendance économique, sans laquelle notre souveraineté politique demeure aujourd’hui encore et toujours une pure illusion, on le sait.

Ces Africains se réfèrent sans doute au fait que le chômage des jeunes, diplômés, qualifiés ou non, demeure une épidémie, entre autres maux,. Ils mettent sans doute en avant, et je souscris à cette thèse, le fait que plus de 80% des populations africaines vivent sous le seuil de pauvreté, peinent à s'assurer un repas convenable par jour, à se soigner convenablement, à bénéficier des conditions adéquates d’éludes et de promotion. Ils estiment, et je souscris à cette thèse, que, de ces faits, le moment est venu de nous réapproprier et de maîtriser notre propre destin, de trouver en nous-mêmes et par nous-mêmes les moyens et les ressources de faire face à notre humaine condition, de lever la tête et de sortir du calvaire infernal de l’esclavage permanent insinué et institutionnalisé par le « Code noir » promulgué par le roi Louis XIV, en 1685.

Ces Africains préconisent, et je souscris à cette démarche, que l’année 2010 soit vue et vécue comme le point de départ d’une nouvelle ère pour nous Africains. Ces Africains considèrent, et je souscris à cette vue, que, cette année, l’opportunité nous est donnée de nous atteler à élaborer un projet sérieux de décolonisation et de développement, à induire avec intelligence les moyens de notre libération totale, à réviser tous les contrats léonins passés avec les pays occidentaux qui ont soin de penser et de décider en notre lieu et place, etc.

En tout cas, il nous faut reposer le problème crucial de nos indépendances : des indépendances ankylosées par la misère et le déficit moral dans la gestion des affaires publiques ; des indépendances empestées par des génocides, des rebellions et autres conflits plus ou moins ouverts où des Africains n’ont ni honte, ni scrupule à se révéler les « pires ennemis de l’Afrique », à étaler leur barbarie et leur inconscience ; des indépendances confisquées par une armée étrangère sur nos territoires pourtant dits souverains ; des indépendances mises à mal par des assoiffés de pouvoir et autres gouvernants irresponsables aux pratiques d’arrière-garde ; des indépendances dévidées économiquement par une monnaie dont la maîtrise nous échappe , etc.

Ce sont ces états de fait ou ces constats ont, je pense, inspiré le président Laurent Gbagbo à proposer de faire, de cette année 2010, une année exceptionnelle, ainsi que de donner une grande envergure et une version distincte à la fête traditionnelle de notre indépendance. Et, pour atteindre cet objectif, le président Laurent Gbagbo a nommé, comme « Président de la Commission Nationale Préparatoire » de cette commémoration, M. Pierre Kipré qui est, à nos yeux, censé incarner à la fois un grand historien, un distingué universitaire et un éminent homme politique de notre pays.

En nommant M. Pierre Kipré comme « Président de la Commission Nationale Préparatoire », le président Laurent Gbagbo vise, je pense, à ce que soient proposées et organisées des manifestations et des activités qui sortent, absolument, du folklorique, du tintamarresque et qui se situent au-delà du cadre routinier habituel de l’«Indépendance Cha Cha Cha… ».

En nommant M. Pierre Kipré comme « Président de la Commission Nationale Préparatoire », le président Laurent Gbagbo s’attend, je pense, à ce que l’on fasse émerger cette manifestation de ce que Blaise Pascal appelle le « divertissement », à savoir : les bals populaires, les soirées dansantes, les défilés de mode, les matches de gala, etc., c'est-à-dire tout ce qui atteste que « l'homme africain n'est pas entré dans l'Histoire » (Nicolas Sarkozy), tout ce qui réduit l’Africain à sa plus simple expression : le « nègre Banania », préoccupé et occupés à s’amuser, à danser, à jouer, à rire ou à rigoler, au lieu de mener sa propre introspection. En vérité, il nous faut, saisir l’occasion de nous élever au-dessus des contingences immédiates et de nous comporter en êtres pensants » (Houphouët Boigny).

En nommant M. Pierre Kipré comme « Président de la Commission Nationale Préparatoire », le président Laurent Gbagbo s’attend, je pense, à ce que nous ne nous laissions ni séduire, ni distraire par l’idée du grand folklore que prépare la France et dont l’objectif inavoué est de nous détourner de poser les vraies questions, nous entrainer à ne pas rechercher les vrais remèdes à nos maux, nous encourager à continuer de nous préoccuper des choses viles, terre à terre, et non essentielles à nos vies. En vérité, la France s’apprête à célébrer, en grandes pompes, la Françafrique ou la Francophonie comme étant notre seul et unique salut, pour continuer à nous chosifier, à nous instrumentaliser, à nous expolier, à nous exploiter ; il s’agit de continuer à écrire notre histoire avec la même encre noire... A preuve, selon le programme officiel, « la France va honorer, cette année, ses anciennes colonies, notamment en faisant défiler des troupes africaines sur les Champs-Elysées, le 14 juillet, et en recevant, en invités spéciaux, des ballets et chefs d’Etats africains pour les festivités ».

Et donc, bien évidemment, il ne s’agira pas de parler du contenu de nos indépendances. Comme on peut s’en rendre compte, on ne tirera pas le bilan politique, économique, social, culturel de nos cinq décennies d’indépendances ; on ne posera pas le problème de notre libération totale ; on ne célébrera pas les grands acteurs de nos indépendances, ni les savants et créateurs africains ; on ne dégagera pas les perspectives d’avenir pour nous-mêmes et pour les générations à venir. Non ! Et pourtant, ce sont là, de mon point de vue, les vraies préoccupations qui doivent, en ce moment, être les nôtres et qui doivent être au cœur de la célébration du cinquantenaire de notre indépendance.

Eu égard à ce qui précède, je voudrais, par-dessus tout, savoir gré aux autorités ivoiriennes et les féliciter, d’avoir mis au cœur de cette commémoration un Colloque international et pluridisciplinaire. En tout cas, je suis fier et fort heureux qu’une telle initiative soit venue de notre pays et que les moyens conséquents en aient été mis à disposition, du moins autant que je sache. J’ose espérer qu’il ne s’agira pas d’amuser la galerie, mais qu’on réunira, des experts, mais des vrais, autour du thème suivant : « Les 50 ans des indépendances africaines : bilan et perspectives d'avenir ». Je forme le vœu que soient invités tous ceux des Africains et outes celles des Africaines et autres scientifiques, intellectuels…, - et ils sont légions- à même de conduire cette réflexion, d’alimenter positivement et sereinement les débats de ce colloque dont les actes devront être édités, publiés et largement diffusés.

Outre ce colloque dont le bien-fondé n’est plus à démontrer, il serait bien à propos de dégager les moyens pour organiser des activités et des manifestations pour « distinguer » les œuvres littéraires, artistiques, scientifiques et politiques publiées entre 1960 et 2010 et ayant profondément, du moins significativement, marqué nos esprits et nos vies dans la lutte anticoloniale, coloniale et postcoloniale. Il serait bien aussi de donner les moyens et l’opportunité à nos talentueux artistes de se faire connaître, de faire la promotion de leurs œuvres, au plan national et international, de donner l’occasion aux jeunes, de découvrir par le cinéma, par le théâtre, par des expositions…, nos savants et inventeurs, les héros des indépendances et autres grandes figures de notre histoire…, afin que cela leur serve de modèles, et surtout pour révéler au monde entier le génie créateur et inventif africain, pour combattre le complexe d’infériorité et les préjugés de tous genres.

Il serait également bien pensé d’organiser partout des table-rondes et des conférences sur les thèmes suivants porteurs et d’actualité…
Il y va du devenir de l’Afrique… c’est ce que je pense.

Léandre Sahiri.


Un article paru dans la rubrique Ce que je pense du Filament N°1

lundi 22 mars 2010

Cheikh Modibo Diarra


Astrophysicien malien en service à la NASA (USA). Navigateur interplanétaire. Un des rares scientifiques africains à jouir d’une réputation mondiale reconnue…

Sur Terre, ils ne sont qu’une poignée à exercer le fascinant métier de “ navigateur interplanétaire ”. Au nombre de ceux-ci, un Africain, le malien Cheick Modibo Diarra, une figure de proue du monde scientifique africain, qui fait la fierté de toute l'Afrique et qui est un exemple à suivre pour la nouvelle génération. En tant que navigateur interplanétaire à la NASA, il a acquis notoriété mondiale, force et pouvoir, en ce monde, sans passer par la politique : Une belle leçon pour nos politiciens qui s'entretuent et qui ne pensent qu'a leur poche.
Cheick Modibo Diarra, tout droit arrivé de son pays natal, le Mali, entame ses études universitaires à Jussieu (Paris). Détenteur d’une licence de mathématique et de mécanique analytique en 1976, il parcourt le monde et s’inscrit à l’Université d’Howard, aux USA. C’est là que la NASA (National Aeronautics and Space Administration) le remarqua, alors qu’il y enseignait, entre autres, la mécanique spatiale. Sa carrière professionnelle est des plus remarquables. Ancien directeur du programme d’éducation « Mars exploration » et « Public Outreach Project », navigateur interplanétaire et investigateur de la NASA, il collabore avec l’Association africaine de l’Astronautique aux USA et s’investit, depuis 1999, dans des projets éducatifs en Afrique, prenant la tête, jusqu’en juillet 2003, de l’Université Virtuelle Africaine, située à Nairobi au Kenya, en vue de favoriser l’accès des jeunes à des ressources de qualité supérieure. Directeur de l’organisation The African Group for Basic Space Science, initiateur des « Sommets Annuels Africains pour la Promotion des Sciences et des Technologies » auprès de la jeunesse, en collaboration avec l’Université de Nouakchott et la « Fondation Pathfinder pour l’éducation », dont il préside le comité scientifique, le Docteur Diarra n’a de cesse de promouvoir l’apprentissage des sciences de pointe en Afrique, de propager l'éducation scientifique comme une base solide du développement durable, affirmant que « l’Afrique peut dépasser les pays les plus avancés pour peu que nous comprenions l’importance des sciences et de la technologie ».
Aujourd’hui, à travers les activités de l’UNESCO, le docteur Cheick Modibo Diarra fait bénéficier la communauté tout entière de sa grande expérience et de ses exceptionnelles compétences. Cheick Modibo Diarra est auteur de « Navigateur interplanétaire », publiée aux éditions Albin Michel.

Vous comprenez donc que cet homme exemplaire, fier de ses origines, un des rares scientifiques africains à jouir d’une réputation mondiale reconnue…, mérite, bel et bien, de figurer au tableau d’honneur, afin de « contribuer à enlever, de la tête, de notre jeunesse, le doute et toutes sortes de complexes parce qu’ils viennent de l’Afrique. De ce point de vue, Cheick Modibo Diarra affirme : « Venir d’Afrique, en fait, est un plus et pas un moins à mon avis. Dans la mesure où, moi-même, j’ai grandi dans un environnement africain où le rêve et l’imagination n’avaient pas de limite ».

Paru dans la rubrique Tableau d'Honneur du Filament N°2



La « fuite des compétences » en Afrique

Par Magdalena Tekely, Avocat, diplômée de l'IEP de Paris.

L’essai de Magdalena Tekely (spécifiquement un document broché) comprend 3 parties. La première partie présente la problématique de la migration internationale des ''cerveaux'' africains de la migration internationale des ''cerveaux'' africains et nous révèle ce phénomène connait une réelle ampleur. La seconde partie analyse les causes des ces déplacements et la troisième présente les conséquences sur le développement des pays d'origine.

Résumé : la « fuite des compétences » ou « Brain Drain », est une forme d'émigration favorisée par, d’une part les situations socio-culturelles, politiques et économiques en Afrique ; et d’autre part, par les politiques de séduction menées par les pays du Nord pour attirer les travailleurs qualifiés. Aujourd'hui, ce phénomène mondial frappe durement le continent africain, où il pose un grave problème de développement. C’est un des éléments qui permet d’expliquer peut-être, pourquoi l’Afrique dans son ensemble, au cours des dernières décennies, n’a pas fait sa révolution scientifique et économique, parce que les résultats des activités et des recherches des compétences africaines ne profitent pas a priori aux Africains, sur plusieurs plans. Il faut noter que les principaux pays de départ sont l'Afrique du Sud, l'Éthiopie, le Nigeria, le Ghana, l'Égypte et le Soudan. L'Afrique subsaharienne a le taux le plus élevé de mobilité vers l'étranger, soit 5,9%. Ceci représente environ trois fois la moyenne mondiale. Dans cette région, un étudiant sur seize étudie à l'étranger. Le Zimbabwe, par exemple, compte le groupe le plus important d'étudiants à l'étranger (17 000), avant le Nigeria (15 000), le Cameroun (15 000) et le Kenya (14 000), etc. Quant aux pays d'accueil, notamment les pays développés du Nord (États-Unis, Canada, Australie, France, Royaume-Uni), ils sont principalement convoités par les populations africaines qualifiées, néanmoins les grands pays émergents tels que la Chine, l'Inde et le Brésil exercent, de plus en plus, leur pouvoir d'attraction sur les élites africaines. Dans le même ordre d’idées, on pourra lire avec grand intérêt, la contribution de M. Taladidia Thiombiano, Professeur à l’Université de Ouagadougou, à la conférence régionale d’Addis Abeba, du 22 au 24 Février 2000. Ce texte, intitulé « L'EXODE DES COMPETENCES
AU BURKINA FASO », quoiqu’il date, demeure encore d’actualité, du moins pour nous ; et puis, ce qui vaut pour le Burkina Faso, vaut pour tous les autres pays d’Afrique, ne serait-ce que dans ce domaine. Nous le proposerons dans nos prochaines éditions.

Un article paru dans la rubrique livre à lire du Filament N°2




vendredi 19 mars 2010

Les funérailles organisées en Occident : Un véritable casse-tête

Organiser des funérailles en Europe continue de faire couler beaucoup d’encre et de salives. Cela suscite bien souvent de débats très engagés (animés), en général personnalisés et même très violents. Mais, tous ces débats, au lieu d’aider assainir la situation, crée encore plus de problèmes dans les communautés africaines vivant en Europe. Entre autres choses, ce qui attire notre attention ici est l’atmosphère qui entoure l’organisation des funérailles et ce que devient le soutien que reçoit la famille éplorée.
Nous évitons ici d’épiloguer sur l’origine de l’organisation des funérailles. Ce que nous voulons souligner, en passant, est que la manière de « pleurer » un parent défunt varie d’un pays à un autre, d’un peuple à un autre, d’une communauté à une autre, même à l’intérieur d’une même entité.
En mars 2005, dans le journal « Afriqu’Essor », nous dénoncions le fait que l’argent et autres biens réunis pour aider la famille directe (enfants et épouse) du défunt soient très souvent déviés à d’autres fins. Lorsqu’une femme perd son époux, nous déplorions le fait que la belle-famille (cette famille cesse d’être belle et devient la famille ennemie) dépouille la veuve et les enfants qu’elle a eus avec son défunt mari. Après les funérailles donc, ladite belle-famille s’évade avec l’argent et les biens recueillis, tel d’un butin, laissant bien souvent sans rien la femme et les enfants endeuillés. A l’époque nous avions tiré sur la sonnette d’alarme, avec l’espoir que des dispositions plus saines soient prises pour l’organisation de la fête ou de l’aide qui entoure le décès d’un parent. C’était là le point que nous soumettions à nos lecteurs. Des débats avaient suivi. Chacun, on s’en souvient, en avait tiré ses propres conclusions. Mais les choses n’ont pas beaucoup évolué. Voila pourquoi nous nous sentons encore dans l’obligation de revenir sur ce phénomène des funérailles organisées en Occident.


Aujourd’hui encore, avec toute l’énergie possible, nous condamnons tous les malfrats de la pire espèce qui profitent malencontreusement des situations malheureuses pour détourner, à leur propre compte, des aides apportées par les amis du défunt à la veuve et aux enfants. Très souvent, les ustensiles de cuisine, les vêtements, les fournitures, les comptes bancaires et même les photos du défunt sont emportés par des soi-disant parents, ceux-là même qui n’avaient pas pu assister, ni visiter ce dernier lorsqu’il agonisait sur son lit d’hôpital. Une totale razzia est souvent organisée contre ceux que le mort laisse derrière lui. Ces membres de la famille qui sortent de partout et de nulle part, comme des abeilles, lorsqu’un décès se produit, utilisent l’argent et les autres biens du défunt pour se pavaner, avec au menu, les habits et autres objets de valeur. Le pire est que personne ne pense à la situation de misère, ni à l’avenir des enfants et de leur mère. On préfère confier leur sort entre les mains de Dieu. Là ou le bat blesse le plus, l’argent ainsi détourné est souvent utilisé a d’autres fins : on s’achète des vêtements de luxe, les derniers modèles de souliers, une voiture, une villa au pays, etc. La veuve est traitée comme le démon qui a tout mis en œuvre pour éliminer physiquement son époux. La chose curieuse est que la femme est plus accusée dans le décès de son mari que ne l’est le mari lorsque sa femme meurt. Certaines fois, les enfants sont accusés de tout ce qui est mauvais, à tel point que les églises les récupèrent pour les « laver » de l’esprit malfaiteur qui les habitent et qui « a emporté » leur père. Les églises, c’est un autre débat auquel nous inviterons certainement nos lecteurs dans nos prochaines parutions. Pour l’instant, tenons-nous en a l’organisation des funérailles en Occident qui est devenu un véritable casse-tête et qui, surtout, a défrayer la chronique plus que jamais ces derniers temps.
Nous parlons de casse-tête pour stigmatiser le fait de la puissante, humiliante, stupide et déshonorante concurrence, répandue partout en Europe, qui se déroule chaque samedi entre ceux qui organisent les funérailles de leurs parents défunts.

En effet, chaque samedi, dans le même bâtiment et avec les mêmes amis qui viendront apporter leur soutien, les funérailles s’alignent ou s’échelonnent comme dans un marché où les vendeuses de poisson et d’aubergines se font une concurrence sans merci. Certaines mauvaises langues parlent de la « jungle des funérailles en Europe », pour dénoncer l’esprit mercantile et l’aspect égoïste qui entourent désormais les funérailles. Les organisateurs des funérailles ne pensent qu’à eux seuls. Savent-ils que deux, trois, quatre funérailles le même samedi dépouillent ceux qui viennent « cotiser », sous prétexte de leur apporter leur soutien ? Savent-ils qu’il est pratiquement impossible d’être à toutes les funérailles lorsqu’elles sont organisées au même moment en des lieux différents ? Alors pourquoi organiser tout un paquet de funérailles un même jour, quand on sait que s’absenter à des funérailles crée des inimitiés ?
En tout cas, il est grand temps que l’organisation des funérailles elle-même soit organisée. Il faut se consulter pour faire un calendrier propre. Mais, le problème sera de savoir qui s’en chargera ? De toutes les façons, l’excuse qui revient sur les lèvres des endeuillés est que la pression vient du pays où, généralement, les dates de l’enterrement sont fixées. Nous disons qu’il faut mettre nos parents au pas. S’ils ont besoin de notre aide et s’ils savent bien que les frais de la conservation des corps à la morgue, du transfert à la dernière demeure et du cercueil sont à notre charge, ils doivent absolument tenir compte de notre avis dans le déroulement des obsèques. S’ils ne veulent pas, alors que ce que nous obtenons aille directement et exclusivement à la famille nucléaire du défunt et non à une autre personne.

En considérant que toute culture qui ne s’adapte pas, qui ne se révolutionne pas, qui ne s’épure pas, meurt forcement. Nous faisons les propositions suivantes :
Les funérailles, c’est d’abord et avant tout, un problème strictement familial, donc une affaire privée même si le défunt ou la défunte est une personnalité. Dans ce cas, on ne saurait ameuter toute la terre et contraindre d’une manière ou d’une autre les gens à cotiser de l’argent.
Plutôt que d’organiser des veillées à n’ en plus finir et qui empestent nos vies, les concernés doivent se limiter à demander de l’aide, ouvertement ou autrement, aux amis et proches parents.


Certains soutiennent que les veillées sont les circonstances de rencontres et de manifestation de notre culture. Alors, sommes–nous incapables de créer des circonstances plus viables de rencontre ? Sommes-nous obliges de ne nous réunir que pour célébrer la mort la ou les autres se réunissent pour célébrer la vie, pour entreprendre, pour débattre, pour s’amuser simplement ? Réunissons-nous pour célébrer la vie, réunissons-nous pour une naissance, réunissons-nous pour une nomination, réunissons-nous pour une conférence ou un congrès. Voilà les choses qui permettent d’élever notre niveau de culture et d’éducation, d’agrémenter la vie et le bonheur d’un être humain.

Sylvain De Bogou

Un article paru dans la rubrique Vie en société du Filament N°2

jeudi 18 mars 2010

De la misère de nos comportements

La Côte d’Ivoire est un pays étrange ! Vraiment ! Un pays que tout le monde s’accorde à trouver mal-en-point, un pays qui s’enlaidit… et que toute la nation devrait s’employer à sortir du gouffre, mais qui ne bruit que de comportements qui encensent les sous-valeurs.

Loin de nous réclamer d’un certain puritanisme, autorisons-nous néanmoins à dénoncer avec force le vice et l’insouciance caractérisés qui sévissent dans notre pays et tendent à se perpétuer péremptoirement en cette période post-crise. Et ce, dans le seul objectif de tirer la sonnette d’alarme et de susciter une prise de conscience collective. Car, il faut se rendre à l’évidence, le mal est bien profond et se cache derrière de nombreuses facettes. Les Ivoiriens ont perdu tout repère. Même les dogmes sociaux élémentaires, les rudiments primordiaux au développement d’une Nation tels que la moralité, l’éducation et le respect des mœurs semblent nous échapper.

Que s’est-il passé pour qu'on en arrive-là ? Les Ivoiriens, loin d'être parfaits tenaient quand même sur et à quelques principes. Comment sommes-nous donc arrivés à un tel deuil de l’espérance ? Pourquoi éprouvons-nous cette lassitude à la réflexion ?

De l’appétence paroxystique pour les plaisirs

Un examen sommaire de notre société amène à se rendre compte de l’appétence paroxystique des Ivoiriens pour les plaisirs. Des déviances que nous inspirent le culte de l’argent, de la perversité et du superficiel : beuverie, ripailles, luxure, orgies sexuelles, impunité, corruption, favoritisme. Des comportements vénaux qui ont pris un caractère normal et qui sont en train de passer insidieusement dans les habitudes. L’immoral a pris la place de la morale, l’anormal s’est substitué au normal. Il y a une commutation des valeurs, au fil d’une déliquescence quotidienne incontrôlée de l’éthique. Le vice a fini par se suppléer à la vertu, et ce, dans une indifférence totale et dans la plus nauséeuse des désinvoltures. Visiblement, il n’y a plus dans ce pays de garde-fous, de barrières. Plus d’interdits !

Dans notre pays, tout se passe comme si nous étions dans une sorte d’impasse culturelle, faite d’une affligeante stérilité. Jamais on ne célèbre l’intelligence, celui qui a mieux réfléchi... Nos cerveaux sont si paralysés que nous n’avons rien d’autre à proposer à la jeunesse que les jeux débiles servis en quantité par « Notre Télévision poubelle »… Pour sanctionner les talents et récompenser des bassesses. Quel gâchis épouvantable !

Du prétendu « culte de la beauté »

On a même trouvé des formules pour entretenir, à coup de millions, des viviers… de jeunes filles : les concours de beauté. Ce phénomène occupe désormais une place légitime. « Miss Côte d’Ivoire, Miss CDEAO, Miss Campus, Miss District » par-ci, « Miss Cocody, Miss Adjépessi », par-là... Les « reines » et les « miss » se démultiplient. Il y a une telle folie obsessionnelle à organiser ce genre de compétitions qu’on a fini par y mêler des gamines. Oui ! On n’a pas hésité à faire germer l’idée, ô combien géniale, que dis-je répugnante, d’exhiber des bébés de 7 ans ! « Miss Noël » nous dit-on ! pour voler leur innocence à ces enfants.

Nos enfants naissent et grandissent désormais dans ce climat de médiocrité et de recherche de gain facile, qui fausse leur conscience. Convaincus que la réussite est moins dans l'effort et la recherche de l'excellence que dans la capacité à tirer profit de son corps.

Mais diantre ! Quelle répugnance pénalisante pour la Nation, lorsque les futilités, la vénalité, l’ignorance tentent d’embastiller la Culture ? Franchement qu’on nous dise le type de valeurs que promeut ce genre de compétitions. La beauté ? Mais quel mérite a-t-on à être beau ou belle ? A quel emploi exige-t-on d’être beau ou belle ? Comment pouvons être aussi pauvres culturellement, au point de jeter le voile pesant de notre inculture sur nos propres enfants. Que peut-on espérer de l’avenir d’une Nation dont toute une génération est sacrifiée sur l’autel de vices suicidaires ? Dans quel psychodrame sommes-nous en train de jouer ? Comment s’étonner alors que les jeunes Ivoiriens trichent avec leur vie ? Pourquoi trouverions-nous étrange que le civisme, la conscience professionnelle et l'assiduité au travail sont observés avec mépris. ?...

Baignant dans les paillettes, de tels concours mettent en jeu toute l’image qu’on se fait de la femme dans notre pays. Et ce qui se profile, c’est la sexualisation prématurée des enfants au lieu de la socialisation. C’est aussi la distribution des rôles futurs : « sois belle… et tout le reste te sera acquis ». Plus profondément, c’est la référence au superficiel, aux fausses valeurs, au nu avec ses profils effilés devenus le critère dominant. Le dessous comme vérité du dessus. La coquetterie et la beauté, les seules armes qu’on laisse aux enfants de ce pays… Merveilleux programme ! N’est-ce pas ?

De la responsabilité de nos gouvernants

Et qu’une Institution de la République, tel le Ministère de l’Éducation Nationale accompagne de telles actions, prend le visage de l’effroyable. Et de la révolte ! Le gouvernement ivoirien veut-il entretenir le modèle d’une jeunesse zombifiée ? Veut-on créer le stéréotype de la femme infantile ? Veut-on pour demain des femmes qui n’auront pour seule boussole que d’être « belle » ?

Aujourd’hui, la situation de notre pays est telle que les maux à combattre ne manquent pas. Au lieu de promouvoir des préjugés sexistes du genre « sois belle et tais-toi » à un moment où l’école est quasiment inexistante, un moment où le SIDA décime toute une jeunesse, le Ministère de l’Éducation Nationale devrait multiplier des actions qui exhortent plutôt les jeunes au travail, au civisme, aux valeurs éthiques et morales, etc.

Une enfant à qui on apprend à se réaliser à partir des atouts artificiels, trouvera-t-elle le moyen de croire en ses études ou au travail ? Quelle élite sommes-nous en train de former ? Ne faut-il pas construire pour cette jeunesse une société qui donne avantage au mérite par le travail et l’intelligence ?...

En tout cas, tâchons de faire comprendre à nos jeunes qu’il n’est pas inutile d’aller à l’école et d’être surtout « beau » par l’intelligence. Sinon, un jour, lorsqu’ils auront 20 ans, 30 ans. Et pleins d’espoir, affamés d’avenir, ils se rendront compte que nous leur avons laissé un pays usé et vidé de toute sa substance nourricière. Et, ce jour-là, ils nous haïront de toute leur force. Et, ils auront raison. Car, nous aurons fait le pire qu’on puisse faire à ses propres enfants…

Serge Grah (Journaliste, Ambassadeur Universel pour la Paix).

Un article paru dans la rubrique sous l'art à palabres du Filament N°3



lundi 15 mars 2010

Edito du 15 mars 2010

Tout d’abord, merci pour l’accueil chaleureux et enthousiaste que vous avez réservé à notre journal, que dis-je, à votre journal.

Les articles, les critiques, les suggestions, les propositions, les félicitations et autres témoignages de sympathie que, de vous, nous n’avons cesse de recevoir, par dizaines, nous confortent dans l’idée que nous n’avons pas été mal inspirés, que c’est à juste raison que nous avons lancé ce journal et, surtout, que nous devons continuer.

C’est là aussi des motifs pour nous réjouir de la ligne que nous avons, à dessein, osé choisir, à savoir : la liberté et l’indépendance.

D’abord, la liberté. Elle nous autorise à nous démarquer fondamentalement de cette foison de journaux irrévérencieux et libertins versant, au quotidien, dans l’événementiel et le sensationnel pour nous fendre inutilement le cœur, et fermenter, consciemment ou inconsciemment, les querelles de clochers, sinon de poubelles. En tout cas, nous, au « Filament», nous entendons nous tenir loin et à l’opposé de ces publications auxquelles on nous a, envers et contre nous, si malheureusement habitués et qui, avec titres ronflants et contenu zéro, faisant fi de toute déontologie et non sans faillir à leur mission première d’informer et d’éduquer, ont généré, chez nous, le nouveau phénomène de société que nous connaissons tous, je veux parler de la « titrologie » et son corollaire : la foi en la rumeur.

De plus, la liberté nous prédispose et nous dispose à prendre, d’une part, de la distance vis-à-vis de l’actualité brûlante et, d’autre part, le temps utile et nécessaire pour analyser, à froid et sereinement, les faits et les données.

Quant à l’indépendance, elle nous préserve de toute inféodation à un quelconque parti politique, à un pouvoir d’argent ou à un groupe de pression, dans le souci tout à fait évident de ne pas restreindre notre liberté, du moins pour pouvoir exprimer nos idées et nos opinions sans embargo, et pour pouvoir participer, sérieusement et raisonnablement, au débat démocratique et à la construction de l’intérêt général. Nous y veillerons. Et, soyez assurés que, aussi longtemps que nous le pourrons, et grâce à vos soutiens, que nous saurons toujours apprécier à leur juste mesure, nous continuerons, contre vents et marées, à aller dans le même sens, à garder la même ligne éditoriale, en tâchant de nous améliorer chaque jour davantage, afin que « Le Filament » demeure à votre goût et réponde à votre attente.

Dans les nombreux messages reçus, certaines personnes nous ont reproché d’être restés trop longtemps muets. D’autres nous ont blâmés pour n’avoir pas commencé plus tôt. Aux uns, aux unes et aux autres, nous répondons, fort humblement, que, à chaque jour, suffit sa peine et que, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Nous leur disons également que, même si l’on ne peut rattraper le temps perdu, mieux vaut toujours tard que jamais, n’est-ce pas ?

Merci de venir agrandir le cercle de nos lecteurs. Merci également de nous soutenir, sous quelque forme que ce soit. Par exemple, vous avez été nombreux à nous aider volontiers à diffuser largement « Le Filament». Nous vous en sommes très reconnaissants et nous espérons que vous serez bien plus nombreux encore à l’offrir gratuitement, à vos amis, à vos parents, à vos connaissances, par tous les moyens, entre autres, par email, par fax, par photocopie, par courrier postal…

Bonne lecture et à très bientôt.

Léandre Sahiri

dimanche 14 mars 2010

Philip et Dale Emeagwali

Au tableau d'honneur, je vous présente le couple Philip et Dale Emeagwali. Pour les utilisateurs d’informatique, d’Internet et de multimédia que nous sommes tous aujourd’hui, nous serions impardonnables de ne pas connaître « l’étoile noire de l’informatique de pointe ». Il est noir et d’origine nigériane : Philip Emeagwali. C'est un génie de l’informatique, un génie dans le vrai sens du terme, adulé et respecté par les plus grands esprits de l'univers technologique, et « fier de servir de modèle et de source d'inspiration pour les générations futures de scientifiques ».
Inventeur de génie, multidisciplinaire, Philip Emeagwali détient 6 brevets d’invention en sciences informatiques ; il possède 3 « Masters’s Degree » (en mathématiques, génie maritime, génie civil) et un Doctorat en Informatique.
Inspiré par les formes complexes de la nature, Philip Emeagwali a recouru à la géométrie pour prouver que les abeilles utiliseraient la méthode la plus efficace possible pour construire leurs ruches. Et, Philip Emeagwali, il en a déduit qu'un ordinateur construit suivant le modèle de la ruche pourrait en améliorer l'efficacité. Ce fut bien le cas. Car, vous savez, il a, Philip Emeagwali, reçu en 1989, à San Francisco, le prix Gordon Bell pour avoir inventé « l’ordinateur le plus puissant du monde » (3,1 milliards de calculs par seconde avec seulement 65.536 processeurs). Cette invention a permis de résoudre, dans les milieux pétroliers, certains problèmes complexes liés aux fuites souterraines de pétrole dans les réservoirs...

Tenez ! Ce même Philip Emeagwali a inventé, en 1996, un nouvel ordinateur encore plus puissant : une première mondiale. Cela représentait trois fois la vitesse des superordinateurs du moment, à un cinquième du coût.

Et puis, Philip Emeagwali a aussi inventé, pour de nombreuses firmes américaines et européennes, des logiciels permettant de résoudre divers cauchemardesques problèmes techniques et technologiques restés longtemps insolubles. Actuellement, il travaille, entre autres, au développement de superordinateurs capables de simuler les courants climatologiques sur une période d'un siècle, en vue d'enquêter sur le réchauffement de la planète. Je vous dis : ce savant-là, c’est un Noir…

Quant à son épouse, Dale Emeagwali, originaire de Baltimore, elle est docteur en Biologie moléculaire et microbiologie. Pour ses travaux de grande valeur universelle, elle a été élue, en 1996, « Scientifique de l’année » par la « National Technical Association » qui, ainsi, l'honorait pour ses contributions dans les domaines de la microbiologie, de la biologie moléculaire et de la biochimie...
Vous comprenez donc que Philip et Dale Emeagwali méritent, bel et bien, de figurer et d’inaugurer cette rubrique.

Léandre Sahiri (Extrait de « De mémoire de Klaniste », livre à paraitre bientôt).

Un article paru dans la rubrique Tableau d'Honneur du Filament N°1



samedi 13 mars 2010

Larmes d’espoir pour Haïti

Et soudain les ténèbres
un silence assourdissant
pour crever les tympans
du ciel
recouvrir la vie ayisienne
d’un épais nuage de douleur

Un peuple entier enseveli
partout alentour
des cris qu’on entend plus
des morts sans nom
sans nombre
des homme-ombres
mordus par cette terre natale
déambulant vers nulle part
et ces mômes qu’on marchande
sur les corps encore chauds
de l’aube endeuillée

Ici
un bébé tiré
de dessous des décombres
inespérée renaissance
vers le ciel
les bras levés
pour embrasser
de toutes ses forces
la Vie

De mon ailleurs
je reste abasourdi
sans voix
les yeux hagards
ankylosé par ces images
d’une douleur indicible
de tant de meurtrissures

Haïti ! Haïti !
mwen renmen
et je veux t’aimer autrement
que dans mes pleurs
être avec toi dans la joie
pourtant
en ce janvier de pierres
et de larmes
je veux crier au monde
la peine qui me pèse
pourquoi mon Dieu
pourquoi as-tu abandonné ce peuple ?

Deux cents ans
que le malheur a fait son siège
au cœur de Haïti
trente-deux coups d’État
deux guerres civiles
cyclones et séismes
par centaines
bêtises inhumaines
à n’en point finir

Deux cents ans
que les ayisiens souffrent le martyre
premier
aujourd’hui dernier
Ah ! L’ouverture de Toussaint
ce chant guttural
des matins ensoleillés
de la fierté d’être Noir
en écho a retenti dans le firmament
illuminant l’humanité de sa résilience
aux effluves nauséeuses
du Code noir de Louis XIV

Et ce peuple
pris au piège
du meurtrier tourbillon
de son histoire
vidée de sa sève nourricière
ces tristes tontons
emmurés dans une méprise
sanglante
Oh Terre ayisienne
arrête ta colère
retiens tes pierres
tes enfants n’ont que trop souffert

Pour eux
ma plume
aujourd’hui
porte le deuil
son encre en sanglots coule
pour que jamais
personne n’oublie

Ta terre brisée
fait écho à mon âme brûlée
avec toi je suis en transe
chevauché par notre ancêtre commun

Ton Histoire m’enflamme
ces mots incandescents
pour renouer le cordon ombilical
ces mots qui font traînée
de souvenirs
et d’avenir

Haïti
pour toi j’ai senti
le besoin d’écrire
tisser mes mots sur tes maux
étendre ma toile en faim de toi
pour que toutes les rivières
des montagnes africaines
redonnent vie à cette terre

Ecrire notre Histoire à deux encres
qu’elle entrouvre
des chants nouveaux
où se sèment les nouvelles étoiles
qui annoncent les moissons d’espérances
pour que Haïti
tu retrouves ta gloire
et ta splendeur
d’hier.

Serge Grah

Paru dans Le Filament N°1

lundi 8 mars 2010

Côte d’Ivoire : Lettre ouverte au Ministre du commerce

Monsieur le ministre du commerce,

Afin que des responsabilités soient prises dans les meilleurs délais possibles, je viens m’adresser à vous pour attirer votre attention sur les mauvais traitements et les frustrations diverses, souvent en termes de vols et de taxes superflues, que nous, Ivoiriens de l’étranger, subissons, lorsque nous voulons participer au développement de notre pays, la Côte d’Ivoire.

En effet, tout objet, tout colis, tout matériel, que de nos pays adoptifs, nous envoyons par la poste, par le port et par l’aéroport est taxé à plus de cent pour cent (100%). Par exemple, au Port Autonome d’Abidjan, nos avoirs font l’objet de fouille spéciale. Nos affaires personnelles sont surtaxées et volées très souvent à l’aéroport. Les « transitaires » vêtus en pirates nous prennent des taxes plus élevées que les prix des objets. Les patrons de la douane eux, prennent non seulement leurs propres taxes, mais exigent de « mouiller la barbe des chefs », c'est-à-dire soudoyer les responsables de services.

Quant au service de la poste, n’en parlons pas ; car, il fait honte et montre la débauche qui frappe ce secteur important de communication de notre pays : de simples lettres sont éventrées et jetées à la poubelle, lorsque les malfrats n’y trouvent pas le trésor tant recherché ; certains se spécialisent dans le vol et les détournements. Au point qu’il y a une véritable crise de confiance, en ce qui concerne ce secteur important de notre économie. Il en est de même pour l’aéroport et les ports d’Abidjan et San Pedro.

Monsieur le Ministre, vous êtes le chef de ce département très névralgique du développement de notre pays. Vous devez assumer vos responsabilités, en assainissant les ports de San Pedro et d’Abidjan. L’aéroport d’Abidjan ne fait pas honneur à la Côte d’Ivoire. Le vol de passeports et de biens personnels, est monnaie courante. Vous êtes un serviteur de toute la nation, alors ne fermez point les yeux sur ces graves dérives, au risque de nous laisser croire que vous êtes vous-même, Monsieur le Ministre, trempé dans cette magouille qui n’honore personne, même si elle constitue une source capitale d’enrichissement pour certains individus.

Un pays se développe avec la participation de tous ses ressortissants, quel que soit leur lieu de résidence, quel que soit leur apport. Les Ivoiriens de l’étranger ne sont pas moins Ivoiriens que ceux qui demeurent sur place. En plus, les Ivoiriens de l’étranger ne sont pas, non plus, forcement plus riches que ceux qui sont sur le terrain. Alors, pourquoi ces traitements qui vont parfois jusqu’aux humiliations et aux frustrations ?

Une nation qui veut se développer doit absolument compter avec sa diaspora. Nous en avons pour preuves évidentes les lobbys juif, indien, chinois…, qui, je ne vous apprends rien, sont des groupes qui font bouger et avancer les choses dans leurs pays respectifs. Alors, pourquoi pas ne serait-ce pas le cas pour la diaspora ivoirienne ? Pourquoi nos containers, nos voitures, nos camions et autres bagages sont –ils confisqués dans nos ports, bien que nous ayons payé les taxes normalement dues ? Pourquoi la douane et les transitaires exigent-ils impunément et sans vergogne des paiements extras de nous ? Est-ce à dire que vivre à l’étranger fait de nous des gens plus imposables que les Ivoiriens qui résident sur le territoire ? Comment pouvons-nous comprendre et admettre que, dans les activités commerciales de notre pays, les étrangers soient plus protégés par la loi douanière ivoirienne que nous ?

En tout cas, une chose est très claire : de notre exil, nous soutenons et voulons encore et toujours soutenir la Côte d’Ivoire dans tous les domaines de la vie. Nous sommes, certes, géographiquement loin de la Côte d’Ivoire, mais lorsqu’il s’agit de la vie courante de nos concitoyens sur place, notamment nos amis et nos parents, force est de reconnaitre que nos contributions sont bien souvent plus importantes que de raison. Aussi, ne méritons-nous pas d’être traités tels que nous le sommes actuellement.

Le malheur est que, pour ne pas agir, une belle excuse nous est jetée à la figure pour protéger les crapules qui s’enrichissent illicitement sur le dos d’honnêtes gens : la guerre. Mais, ce que l’on fait semblant de cacher et que nous n’ignorons pas, est que ces abus de pouvoir, ces vols, en un mot, ce « sale business » était de mise bien avant la guerre.

Monsieur le Ministre, mon cri est celui sinon d’un grand nombre de compatriotes, du moins de tous les Ivoiriens de l’étranger, las de cette situation, et qui attendent impatiemment que vous preniez vos responsabilités et votre courage à deux mains, pour assainir nos services postaux et aéroportuaires qui sont des secteurs très importants pour notre économie.

Sylvain De Bogou
(Ecrivain, Journaliste)

Un article paru dans Le Filament N°1



lundi 1 mars 2010

Edito du 1er mars 2010

Le mois de janvier nous a apporté, comme d’habitude, son lot de vœux, de résolutions et de décisions.

Quant à nous, il nous a, en plus et surtout, inspiré l’idée de lancer ce journal « Le Filament », dont voici la première parution. Il s’agira, en quelque sorte, de combler le vide laissé par « L’Exilé Africain », et autres journaux indépendants et libres défunts.

Avant tout, précisons que « Le Filament » est un périodique indépendant et libre, paraissant le 1er et le 15 de chaque mois. Sa mission première est de vous offrir régulièrement des informations, des réflexions, des analyses, des témoignages, sur l’Afrique, et singulièrement sur la Côte d’Ivoire telles qu’elles étaient hier, telles qu’elles sont aujourd’hui, et telles que nous souhaitons qu’elles soient demain pour le bien-être des générations d’aujourd’hui et de demain.

De ce point de vue, nous sommes d’avis que, comme le dit Bernard B. Dadié, « il nous faut, inonder les gens de nouvelles, d’informations. Les gens doivent tout savoir. Il faut les tenir en haleine, les obliger à travailler, à s’informer, à se cultiver, à s’impliquer davantage dans la chasse aux abus, aux scandales, à laver les écuries et à flanquer dehors les mauvais chevaux »…

Dans cette perspective, « Le Filament » se veut, par-dessus tout, une tribune où pourront, librement, s’exprimer des opinions diverses, au-delà de nos différences et de nos divergences. Librement certes ! Mais, avec discernement. Et, dans le strict respect des uns, des unes et des autres, avec le souci permanent d’enrichir les débats et les échanges.

Tels sont les motifs et les objectifs premiers qui nous ont déterminés à éditer « Le Filament » et qui, dans chaque parution, nous guideront toujours dans le choix et la publication des textes.

Nous espérons vivement que « Le Filament » sera à votre goût et répondra à votre attente. Nous espérons également que, pour en améliorer le contenu et la présentation, pour en assurer le succès et la survie, vous contribuerez à sa réalisation, par vos écrits, ainsi que par vos critiques et vos suggestions.

Merci de vous joindre à nous et de nous soutenir, sous quelque forme que ce soit.

Merci de nous aider à diffuser « Le Filament », le plus largement possible, en l’offrant gratuitement, à vos amis, parents et connaissances, par tous les moyens, notamment par email, par fax, par photocopie, par courrier postal, etc.

Bonne lecture et à très bientôt.
Léandre Sahiri


 

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