Organiser des funérailles en Europe continue de faire couler beaucoup d’encre et de salives. Cela suscite bien souvent de débats très engagés (animés), en général personnalisés et même très violents. Mais, tous ces débats, au lieu d’aider assainir la situation, crée encore plus de problèmes dans les communautés africaines vivant en Europe. Entre autres choses, ce qui attire notre attention ici est l’atmosphère qui entoure l’organisation des funérailles et ce que devient le soutien que reçoit la famille éplorée.
Nous évitons ici d’épiloguer sur l’origine de l’organisation des funérailles. Ce que nous voulons souligner, en passant, est que la manière de « pleurer » un parent défunt varie d’un pays à un autre, d’un peuple à un autre, d’une communauté à une autre, même à l’intérieur d’une même entité.
En mars 2005, dans le journal « Afriqu’Essor », nous dénoncions le fait que l’argent et autres biens réunis pour aider la famille directe (enfants et épouse) du défunt soient très souvent déviés à d’autres fins. Lorsqu’une femme perd son époux, nous déplorions le fait que la belle-famille (cette famille cesse d’être belle et devient la famille ennemie) dépouille la veuve et les enfants qu’elle a eus avec son défunt mari. Après les funérailles donc, ladite belle-famille s’évade avec l’argent et les biens recueillis, tel d’un butin, laissant bien souvent sans rien la femme et les enfants endeuillés. A l’époque nous avions tiré sur la sonnette d’alarme, avec l’espoir que des dispositions plus saines soient prises pour l’organisation de la fête ou de l’aide qui entoure le décès d’un parent. C’était là le point que nous soumettions à nos lecteurs. Des débats avaient suivi. Chacun, on s’en souvient, en avait tiré ses propres conclusions. Mais les choses n’ont pas beaucoup évolué. Voila pourquoi nous nous sentons encore dans l’obligation de revenir sur ce phénomène des funérailles organisées en Occident.
Aujourd’hui encore, avec toute l’énergie possible, nous condamnons tous les malfrats de la pire espèce qui profitent malencontreusement des situations malheureuses pour détourner, à leur propre compte, des aides apportées par les amis du défunt à la veuve et aux enfants. Très souvent, les ustensiles de cuisine, les vêtements, les fournitures, les comptes bancaires et même les photos du défunt sont emportés par des soi-disant parents, ceux-là même qui n’avaient pas pu assister, ni visiter ce dernier lorsqu’il agonisait sur son lit d’hôpital. Une totale razzia est souvent organisée contre ceux que le mort laisse derrière lui. Ces membres de la famille qui sortent de partout et de nulle part, comme des abeilles, lorsqu’un décès se produit, utilisent l’argent et les autres biens du défunt pour se pavaner, avec au menu, les habits et autres objets de valeur. Le pire est que personne ne pense à la situation de misère, ni à l’avenir des enfants et de leur mère. On préfère confier leur sort entre les mains de Dieu. Là ou le bat blesse le plus, l’argent ainsi détourné est souvent utilisé a d’autres fins : on s’achète des vêtements de luxe, les derniers modèles de souliers, une voiture, une villa au pays, etc. La veuve est traitée comme le démon qui a tout mis en œuvre pour éliminer physiquement son époux. La chose curieuse est que la femme est plus accusée dans le décès de son mari que ne l’est le mari lorsque sa femme meurt. Certaines fois, les enfants sont accusés de tout ce qui est mauvais, à tel point que les églises les récupèrent pour les « laver » de l’esprit malfaiteur qui les habitent et qui « a emporté » leur père. Les églises, c’est un autre débat auquel nous inviterons certainement nos lecteurs dans nos prochaines parutions. Pour l’instant, tenons-nous en a l’organisation des funérailles en Occident qui est devenu un véritable casse-tête et qui, surtout, a défrayer la chronique plus que jamais ces derniers temps.
Nous parlons de casse-tête pour stigmatiser le fait de la puissante, humiliante, stupide et déshonorante concurrence, répandue partout en Europe, qui se déroule chaque samedi entre ceux qui organisent les funérailles de leurs parents défunts.
En effet, chaque samedi, dans le même bâtiment et avec les mêmes amis qui viendront apporter leur soutien, les funérailles s’alignent ou s’échelonnent comme dans un marché où les vendeuses de poisson et d’aubergines se font une concurrence sans merci. Certaines mauvaises langues parlent de la « jungle des funérailles en Europe », pour dénoncer l’esprit mercantile et l’aspect égoïste qui entourent désormais les funérailles. Les organisateurs des funérailles ne pensent qu’à eux seuls. Savent-ils que deux, trois, quatre funérailles le même samedi dépouillent ceux qui viennent « cotiser », sous prétexte de leur apporter leur soutien ? Savent-ils qu’il est pratiquement impossible d’être à toutes les funérailles lorsqu’elles sont organisées au même moment en des lieux différents ? Alors pourquoi organiser tout un paquet de funérailles un même jour, quand on sait que s’absenter à des funérailles crée des inimitiés ?
En tout cas, il est grand temps que l’organisation des funérailles elle-même soit organisée. Il faut se consulter pour faire un calendrier propre. Mais, le problème sera de savoir qui s’en chargera ? De toutes les façons, l’excuse qui revient sur les lèvres des endeuillés est que la pression vient du pays où, généralement, les dates de l’enterrement sont fixées. Nous disons qu’il faut mettre nos parents au pas. S’ils ont besoin de notre aide et s’ils savent bien que les frais de la conservation des corps à la morgue, du transfert à la dernière demeure et du cercueil sont à notre charge, ils doivent absolument tenir compte de notre avis dans le déroulement des obsèques. S’ils ne veulent pas, alors que ce que nous obtenons aille directement et exclusivement à la famille nucléaire du défunt et non à une autre personne.
En considérant que toute culture qui ne s’adapte pas, qui ne se révolutionne pas, qui ne s’épure pas, meurt forcement. Nous faisons les propositions suivantes :
Les funérailles, c’est d’abord et avant tout, un problème strictement familial, donc une affaire privée même si le défunt ou la défunte est une personnalité. Dans ce cas, on ne saurait ameuter toute la terre et contraindre d’une manière ou d’une autre les gens à cotiser de l’argent.
Plutôt que d’organiser des veillées à n’ en plus finir et qui empestent nos vies, les concernés doivent se limiter à demander de l’aide, ouvertement ou autrement, aux amis et proches parents.
Certains soutiennent que les veillées sont les circonstances de rencontres et de manifestation de notre culture. Alors, sommes–nous incapables de créer des circonstances plus viables de rencontre ? Sommes-nous obliges de ne nous réunir que pour célébrer la mort la ou les autres se réunissent pour célébrer la vie, pour entreprendre, pour débattre, pour s’amuser simplement ? Réunissons-nous pour célébrer la vie, réunissons-nous pour une naissance, réunissons-nous pour une nomination, réunissons-nous pour une conférence ou un congrès. Voilà les choses qui permettent d’élever notre niveau de culture et d’éducation, d’agrémenter la vie et le bonheur d’un être humain.
Sylvain De Bogou
Un article paru dans la rubrique Vie en société du Filament N°2
1 commentaires:
Nos frères au pays ne veulent plus tellement dépenser pour des funérailles ou d'autres cérémonies. Ils savent que ceux qui reviennent de l'Europe aiment bien se faire voir. Donc ont leur laisse tout faire. Funérailles pour eux, c'est l'occasion de se montrer, de sa faire voir.
Et pourtant, c'est sur des dcouverts quils rentrent opour ses funérailles.
Que ceux de l'Europe ou Etats Unis n'étonnent pas. C'est leur attitude qui qui fait que les frères restés au pays pensent que l'Europe c'est de l'Eldorado.
Nous avons un travail à faire auprès des nôtres ici en Europe.
J'apprécie cet article. Il stigmatise bien le problème de fond de nos communautés. Il y a des Institutions qui refusent systématiquement de prêter de salles à nos frères africains parceque leur rencontrent se soldent souvent par des bagard, des bouteilles cassés.... Ce qui nous avilie.
Merci Sylvain. L'intellectuel africain a un énorme travail de conscientisation à faire. Il y espoir!!!!!!!!!!!!!!!
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