samedi 13 mars 2010

Larmes d’espoir pour Haïti

Et soudain les ténèbres
un silence assourdissant
pour crever les tympans
du ciel
recouvrir la vie ayisienne
d’un épais nuage de douleur

Un peuple entier enseveli
partout alentour
des cris qu’on entend plus
des morts sans nom
sans nombre
des homme-ombres
mordus par cette terre natale
déambulant vers nulle part
et ces mômes qu’on marchande
sur les corps encore chauds
de l’aube endeuillée

Ici
un bébé tiré
de dessous des décombres
inespérée renaissance
vers le ciel
les bras levés
pour embrasser
de toutes ses forces
la Vie

De mon ailleurs
je reste abasourdi
sans voix
les yeux hagards
ankylosé par ces images
d’une douleur indicible
de tant de meurtrissures

Haïti ! Haïti !
mwen renmen
et je veux t’aimer autrement
que dans mes pleurs
être avec toi dans la joie
pourtant
en ce janvier de pierres
et de larmes
je veux crier au monde
la peine qui me pèse
pourquoi mon Dieu
pourquoi as-tu abandonné ce peuple ?

Deux cents ans
que le malheur a fait son siège
au cœur de Haïti
trente-deux coups d’État
deux guerres civiles
cyclones et séismes
par centaines
bêtises inhumaines
à n’en point finir

Deux cents ans
que les ayisiens souffrent le martyre
premier
aujourd’hui dernier
Ah ! L’ouverture de Toussaint
ce chant guttural
des matins ensoleillés
de la fierté d’être Noir
en écho a retenti dans le firmament
illuminant l’humanité de sa résilience
aux effluves nauséeuses
du Code noir de Louis XIV

Et ce peuple
pris au piège
du meurtrier tourbillon
de son histoire
vidée de sa sève nourricière
ces tristes tontons
emmurés dans une méprise
sanglante
Oh Terre ayisienne
arrête ta colère
retiens tes pierres
tes enfants n’ont que trop souffert

Pour eux
ma plume
aujourd’hui
porte le deuil
son encre en sanglots coule
pour que jamais
personne n’oublie

Ta terre brisée
fait écho à mon âme brûlée
avec toi je suis en transe
chevauché par notre ancêtre commun

Ton Histoire m’enflamme
ces mots incandescents
pour renouer le cordon ombilical
ces mots qui font traînée
de souvenirs
et d’avenir

Haïti
pour toi j’ai senti
le besoin d’écrire
tisser mes mots sur tes maux
étendre ma toile en faim de toi
pour que toutes les rivières
des montagnes africaines
redonnent vie à cette terre

Ecrire notre Histoire à deux encres
qu’elle entrouvre
des chants nouveaux
où se sèment les nouvelles étoiles
qui annoncent les moissons d’espérances
pour que Haïti
tu retrouves ta gloire
et ta splendeur
d’hier.

Serge Grah

Paru dans Le Filament N°1

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