mercredi 18 janvier 2012

Enfer ou purgatoire ?

Depuis l’an 2000, la Côte d’Ivoire est entrée dans une autre phase de son histoire, avec des morts, beaucoup de morts, du fait que certains nationaux ont tourné le dos au dialogue et à la voie des urnes, pour ne s’exprimer désormais que par les armes pour accéder au pouvoir.

Ce comportement qui consiste à utiliser la violence au quotidien nous donne à voir aujourd’hui que des milliers d’Ivoiriens sont déplacés, exilés ou morts ; des biens meubles et immeubles ont été sauvagement saccagés dans les villes comme dans les villages, dans toutes les régions sans exception ; des structures sociales et familiales ont été inutilement démantelées ; l’économie nationale se trouve complètement en ruine ; les institutions de la république et les instruments de l’état, même s’ils existent encore, ne fonctionnent pas comme il se doit, etc.

Cette situation tragique que nous vivons en Côte d’Ivoire n’est pas le fait du hasard. Chacun ou chacune de nous, à tous les niveaux, a une part de responsabilité. Cette responsabilité, nombre d’entre nous refusent de la reconnaître. Et pourtant, nous sommes responsables de ce qui est arrivé. Voici quelques raisons.

1°/ Il y a eu des comportements négatifs de la part de nos forces de l’ordre : ces agents ont failli à leur devoir, en n’assurant pas la sécurité et la protection des populations ; bien au contraire, ils étaient plutôt préoccupés par leurs propres intérêts, au détriment de l’intérêt général.

2°/ Les étudiants et élèves ont abandonné le chemin du savoir pour s’adonner a la facilite, à la violence, à l’alcool, au désordre public, etc.

3°/ Les intellectuels, les écrivains, les universitaires, les médias..., qui auraient pu nous prévenir des dangers à l’horizon se sont laissés corrompre et n’ont pas joué leur rôle d’éclaireurs de la population.

4°/ Les dirigeants des partis politiques ne se sont pas montrés responsables. Ils ont adopté des positions partisanes, parfois futiles ou absurdes, là où on devrait se mettre ensemble pour défendre une cause nationale commune.

5°/ Les ressortissants du Nord ont soutenu la rébellion armée, de façon naïve ; au point que, aujourd’hui, ils sont eux-mêmes victimes et pris au piège de l’anarchie qui règne partout et dont eux-mêmes ignorent l’issue.

6°/ Il y a eu le comportement négatif et irresponsable de quelques barons et ministres du FPI. En lieu et place de dévouement à l’intérêt général du pays, ils ont utilise, tells des délinquants, les budgets de l’Etat mis a leur disposition a des fins personnelles.

7°/ Les militants du FPI et pro-Gbagbo sont coupables d’avoir soutenu, vaille que vaille, certaines décisions du président Laurent Gbagbo, même des décisions compromettantes ou suicidaires, comme par exemple la nomination d’un chef rebelle comme Premier Ministre et chef du gouvernement ; comme l’usage abusif de l’article 48 pour valider toutes les candidatures à la magistrature suprême ; comme la décision d’aller aux élections sans désarmement, etc.

8°/ Les religieux sont coupables d’avoir détourné les Ivoiriens de la voie de la lutte sociale et politique, en cultivant la naïveté et l’ignorance, en faisant croire que les Ivoiriens ne seront sauvés que par un miracle de Dieu ; j’informe que la France, pour se libérer, a dû lutter contre le clergé pendant plus de 100 ans, parce que la religion tue l’esprit critique et nuit à tout épanouissement social.

Au vu de tout cela, j’appelle chaque Ivoirien et chaque Ivoirienne à se défaire de ces comportements négatifs et à trouver les voies et moyens pour, comme avait dit le sage, nous élever au-dessus des contingences et des bassesses, pour nous comporter en êtres intelligents et pensants, pour aller vers l’unité nationale.

Ce que nous vivons, plutôt que d’être vu comme un enfer, doit être pris, d’un avis franc, comme un purgatoire. 

Le doyen Thomas Oholli Niamké

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