samedi 10 mars 2012

De M. Henri Konan Bédié, que retiendront les Ivoiriens ? (3ème partie)

La Gestion politico- économique du président Bédié

Ceux qui mangent à  la table du président Bédié sont louangeurs sur son bilan et sa gestion politico-économique du pays sous son régime. Il faut reconnaître le service de la dette de 22 milliards de dollars et une dette intérieure presque équivalente. La dévaluation du franc CFA, la baisse des cours mondiaux du café et du cacao, associé à une dégradation des finances publiques et un reflux des investissements privés…
Le taux de croissance, un peu plus de 5% en 1998, brandi comme un trophée, ne rend que très imparfaitement compte  de la crise de confiance qui s’est installée dans le pays, amplifiée par la détérioration des relations avec les institutions financières internationales.

Les scandales financiers

Il faut ajouter à  tout cela les scandales financiers du trésor et surtout le détournement des 18 milliards de francs CFA d’aide budgétaire de l’union européenne octroyés au secteur sanitaire du pays. Ce détournement fut remboursé  par le trésor de l’Etat alors que les coupables se promènent encore librement aujourd’hui.
La Côte d’Ivoire, sur ce plan, ressemble à un pays bizarre où il n’y a pas de sanctions quand on détourne le bien public. La surfacturation des complexes sucriers en amont n’avait jamais fait l’objet de poursuites judiciaires.
La dernière observation économique, concerne le monopole de l’importation du riz aux membres de la famille du président Bédié et à leur présence dans plusieurs conseils d’Administration d’entreprises.
Tous ces éléments avaient fini par convaincre les Ivoiriens que Konan Bédié s’occupait plus de ses intérêts personnels, au lieu de leurs difficultés quotidiennes.
N’évoquons même pas ici les travaux pharaoniques, qu’il avait entrepris dans son village de Daoukro et du château de son épouse à Koukourandoumi, dans la région d’Aboisso, que les Ivoiriens sidérés ont découvert que le carrelage de la salle de bain, était fait avec des pièces de 250 f cfa.

Le coup d’Etat 

Que ceux qui entourent le Président Bédié aujourd’hui, nous donnent une explication cohérente sur les clameurs de joie et l’allégresse générale qui s’étaient emparés des Ivoiriens à l’annonce du coup d’Etat ?
Les Ivoiriens savaient tous qu’une junte militaire n’a jamais fait le bonheur d’un peuple en Afrique.
Pourquoi le coup d’Etat a-t-il été vécu comme une sorte de délivrance ? Pourquoi certains l’ont-il qualifié de « salutaire » ? Pourquoi la gendarmerie ivoirienne dont la haute hiérarchie était proche du président Bédié n’est-elle pas intervenue dès le début de la mutinerie pour rétablir l’ordre avec ses commandos d’élites?
Pourquoi le PDCI-RDA, a-t-il pris aussi rapidement acte du coup d’état ? Et pourquoi beaucoup de ses cadres se sont-ils empressés de rejoindre le général Robert Gueï et sa transition militaire chaotique ?…
Nous pensons que le président Bédié et son parti ne peuvent pas prétendre revenir au pouvoir en faisant l’économie d’un tel débat devant tous les Ivoiriens.
 
Le fameux  conseil national de sécurité
Beaucoup d’officiers supérieurs de l’armée ivoirienne continuent de dire, avec amertume, que l’idée d’un conseil national de sécurité pour coordonner les actions du gouvernement en matière de sécurité intérieure et extérieure, était une bonne chose, souhaitée par tous. Sauf que le président Bédié en avait fait un outil politique, avec des moyens à disposition pour coiffer l’Etat major général des forces armées ivoiriennes.
La création du CNS, rattaché directement à la présidence, avait suscité  la méfiance entre les officiers compétents ayant une parfaite maîtrise des dossiers sécuritaires et leurs collègues, les courtisans du régime. Cela avait balkanisé les services et les hommes, qui ont finalement travaillé en s’ignorant mutuellement. 
C’est ainsi que les renseignements militaires et les renseignements généraux, sont restés sourds et aveugles, sans voir venir le coup d’Etat de Noël 1999, dont toute la sous région ouest africaine savait qu’il était en préparation.
Rentré précipitamment de Daoukro où il était allé boire, manger, fumer son cigare et fêter son accession à la présidence de la république comme un trophée ou une médaille olympique, le président Bédié s’était retrouvé dans une situation lamentable où ni son ministre de la défense, ni ses officiers supérieurs n’étaient capables de lui dire qui étaient les mutins et de quoi il s’agissait.
Certains parlaient de mutinerie, de primes impayés des soldats, bref à un moment aussi important de la vie de la nation, le président était livré  à lui-même et avait fait le choix de sauver sa vie en allant se cacher chez l’ambassadeur de France.

Les pseudo certitudes du président Bédié

En politique, il faut se méfier des laudateurs,  des allégeances d’un jour et surtout de ceux qui vous font croire à longueur de journée que le peuple est avec vous et qu’il vous aime, et qu’il est même prêt  à mourir pour vous. Tout cela n’est que balivernes. Quand on dirige un pays, il faut toujours adopter des positions morales sur les questions relevant du vivre ensemble et de la paix sociale.
L’arrestation des dirigeants politiques du RDR, le mandat d’arrêt international lancé  contre Alassane Ouattara, le refus du PDCI et de son chef à organiser des élections transparentes, avec le bulletin unique,  ainsi que le vote  des électeurs  âgés de 18 ans, le refus des voies de l’apaisement et enfin ce maudit discours du 22 décembre 1999 à  l’assemblée nationale, discours plein de certitudes et qui fut l’illustration d’une vraie myopie politique.
En choisissant la logique de la confrontation au détriment d’un dialogue utile avec le RDR, le président Bédié  avait aggravé le climat de tension dans le pays en faisant de ses propres certitudes un projet politique. C’est certainement ce maudit discours du 22 décembre qui fut l’élément déclencheur du coup d’Etat de Noël 1999. Comme disent souvent nos parents malinkés : « L’arbre que la tempête va renverser ne voit pas l’orage qui se prépare à l’horizon, sa tête altière brave le vent, alors qu’il est près de la fin ».
Ce fut le cas de Soumangourou Kanté,  peu avant la bataille de Kirina, contre les troupes de la coalition que dirigeait, Soundjata Keïta,  en Janvier 1235.  Ce fut aussi l’Etat d’esprit du président Bédié, en cette veille de Noël 1999.

Un mot sur le PDCI-RDA 

Nous voulons rappeler au PDCI-RDA et à ses militants que, que le RDR, est sorti des entrailles de leur parti ainsi que l’UDPCI. Pourquoi sont-ils partis et pourquoi, dès le début, rien n’a été fait pour trouver un terrain d’entente avec eux. Toutes ces divisions ont été  pour beaucoup dans l’affaiblissement général du PDCI et de son président.
Comme nous l’avons dit au début de notre intervention, ce parti avait perdu son unité  dès les premières minutes du décès du Président Félix Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993.
Le regret de tous les Ivoiriens est que le parti qui a conduit notre pays à l’indépendance a été incapable de nous éviter ce fruit très amer qu’est le coup d’Etat. Pourquoi le bureau politique n’a-t-il pas fait bloc autour du successeur constitutionnel dès le décès du Premier président ivoirien ?
Pourquoi le PDCI-RDA, a-t-il cautionné la cabale de l’ivoirité ? Pourquoi les négociations entre les mutins et le président ont-elles si tardé  et échoué aussi facilement ? Si l’affaire Ouattara était un contentieux sur la nationalité, pourquoi n’avoir pas laissé  la justice trancher ? Car cela relève de la justice et non du politique.
Est-ce  vraiment sérieux aujourd’hui pour le PDCI et son chef d’aller encore solliciter les suffrages des Ivoiriens sans un début de réponses, d’explication de toutes ces questions importantes de société ?… 

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce parti et ces dirigeants auront des comptes à rendre un jour.Car Bédié a bradé le bel héritage que le patriage lui a remis sur un plateau d'or.De surcroît Bédié s'est allié à des sanguinaires pour tuer des ivoiriens,rendre malheureux des ivoiriens,pour cela Bédié et ces sbires doivent rendre comptent aux ivoiriens.Aucun désir de pouvoir,justifie ces meutres et on peut servir un peuple de mille manières,en ce faisant aimer par ce peuple,non en les divisant,en les tuant.Henri Konan Bédié est une déception,une tare pour les ivoiriens.Un égoîste qui a pensé qu'à sa personne,et,à son clan.C'est à la jeunesse du PDCI de se prendre en charge,d'éléver denouveau ce parti.Après les dire de l'Ambassadeur de France,du choix de Bédié d'avance de ne pas être au2ième tour,pour permettre au poulain des occidentaux,de l'etranger de s'installer.Oui bédié nous a vendu,le vin est tiré.Nous lui disons merci,merci,merci....

Anonyme a dit…

Bonne analyse! Disons que Bédié n'a jamais fourni d'effort pour arriver à la tête du pays de Feu Félix Houphouet; conséquence donc il n'a fait aucun effort pour le préserver sérieusement. Cependant, avec la crise qu'à connue notre pays nombre d'ivoiriens croient et considèrent Bédié comme le seul responsable de cette crise poste-électorale par son pacte de-dupe avec son ennemi d'autre fois.Aussi faut-il ajouter que le PDCI aujourd'hui du point de vue de son électorat a considérablement chuté ( 10 pour cent).

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