lundi 26 mars 2012

Appel aux scientifiques africains

Nous les Africains, nous avons souvent tendance à exhiber nos titres. Partout où nous nous trouvons, nous sommes fiers de faire voir et de faire savoir qu’on est docteur en ceci ou en cela, ingénieur en x ou y. Et pourtant, nous n’avons rien produit, ni créé, ni inventé. Ceux qui prétendent être des docteurs en chimie ou en physique ne se sont jamais signalés par leurs découvertes. De même, les soi-disant ingénieurs en agronomie n’ont jamais rien trouvé, ne serait-ce que du simple composte, pour aider l’agriculture africaine.

De même, les prétendus docteurs en économie n’ont jamais tenu de conférence publique, ni écrit des livres, ni inventé des théories économiques. Bien au contraire, ils sont les fidèles élèves du FMI ou de la Banque mondiale pour faire appliquer des « plans d’ajustement structurels » aux dépens et au mépris des populations du tiers-monde. Le pire est que, à côté de ceux qui ont mérité d’avoir fait, effectivement, des études sérieuses dans les plus brillantes institutions occidentales, il y a des « faux monnayeurs » de titres ou des trafiquants de diplômes et autres mécréants qui, avec leurs mensonges et bouffonneries, nuisent à la réputation des Africains de la diaspora…

Pourquoi certains Africains s’attachent plus aux diplômes, aux titres qu’aux réalités de l’école de la vie ? Pourquoi certains Africains pensent-ils que le diplôme fait l’homme ? Pourquoi certains Africains refusent-ils de reconnaître leur ignorance ? Pourquoi certains Africains refusent-ils d’apprendre, de s’instruire, de lire, pour améliorer leur niveau social et intellectuel, pour se faire valoir et avoir des atouts pour mieux servir au développement de nos sociétés africaines ?... Beaucoup d’Africains se font passer pour des savants et pourtant l’Afrique souffre de tous les maux et accuse du retard au développement dans tous les domaines, notamment politique, économique, social, culturel, technologique, etc. Où sont-ils donc ces grands savants qui émettent des grandes théories dans les salons et qui, pourtant, n’ont jamais fait de découvertes ? Où sont-ils ?

Un autre fait est que nombreux sont les Africains qui se font passer pour des « intellectuels ». Et là, le mot intellectuel est galvaudé, torturé, en tous les langages. Et, il se trouve alors que, malheureusement, très peu de gens l’utilisent à sa juste valeur. On ne se rend pas compte qu’on est soi-même ridicule en prétendant être titulaire d’un diplôme qui n’est pas mérité ou qu’on n’a pas. Evitons de nous laisser éblouir par les apparences et les titres ronflants. Contempler un diplômé ne se situe point au niveau du diplôme.

Reconnaître qu’on est ignorant et qu’on a besoin de savoir, ce n’est pas un fléau. C’est plutôt faire preuve d’humilité, de grandeur d’âme qui peut nous inciter à nous enivrer de connaissances en vue de combler le vide que l’ignorance a creusé en nous.

Scientifiques africains, plutôt que de vous faire admirer dans des petits salons et dans des réunions insignifiantes, faites-vous valoir par des écrits susceptibles d’apporter des lumières aux peuples africains, de nous sortir du sous-développement, de nous permettre de mieux réfléchir aux moyens adéquats pour notre épanouissement, pour notre libération, pour la construction de la bâtisse d’une vraie collectivité africaine.

Thomas Oholli Niamké

Paru dans Le Filament N°20

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