lundi 4 octobre 2010

Dambisa Moyo

Professeur, Economiste, auteur de du livre « L’aide fatale »



Au tableau d'honneur de ce mois, je vous présente Mme Dambisa Moyo. Originaire de la Zambie, elle a fait ses études (Harvard) aux Etats-Unis avant de travailler à la banque mondiale en qualité de consultante de 1993 à 1995, puis à la banque d'affaires Goldman Sachs de 2001 à 2008 où elle a été directrice de la recherche économique et de la stratégie pour l'Afrique subsaharienne. Elle est économiste et professeur au Centre for International Business and Management (CIBAM) de l'université de Cambridge (UK) et du Royal Institute of International Affairs (Chatham House).

En mai 2009, la revue Time Magazine a classé Mme Dambisa Moyo parmi les 100 personnes les plus influentes du monde. Auteur de nombreux essais économiques, traduits dans plusieurs langues, entre autres de «Dead Aid: Why Aid is Not Working and How There is a Better Way For Africa », (en français : « L’aide fatale ») publié au printemps 2009 aux États-Unis.

L'essai propose de nouvelles solutions à la dépendance systématique des pays pauvres à l'aide publique. L'analyse de l'économiste offre, de plus, de nouvelles perspectives sur le rapport entre les objectifs attendus et les résultats obtenus de l'aide au développement, en relevant les impasses économiques vers lesquels celui-ci a conduit l'Afrique.

« L’Afrique a des ressources énergétiques et une main-d’œuvre jeune qui ne demande qu’à travailler ».

Pour Mme Dambisa Moyo, l'aide est un problème pour l'Afrique. Et de ce point de vue, le constat est, pour elle, tout simple : « après trente années d’aide au développement à l’Afrique au nom de la pauvreté, le continent africain n'a pas encore effacé ses déséquilibres économiques. En 1970, 10 % de la population du continent vivait avec moins d'un dollar par jour. Aujourd’hui, encore le 70 % des Africains est dans cette situation. Dans le même temps, le niveau de vie a progressé dans le reste du monde. En Chine, par exemple, 300 millions de personnes sont sorties de la pauvreté. Je ne remets pas en cause l’aide humanitaire d’urgence apportée à la suite des inondations, des sécheresses ou des famines. Je critique l’aide au développement pour les dizaines et dizaines de milliards de dollars en provenance des pays riches ou des institutions internationales qui n'ont pas produit d'effet ».

« L’Afrique doit se tenir sur ses jambes ».

En outre, Mme Dambisa Moyo dénonce, dans son livre, l'aide au développement comme un des facteurs essentiels de corruption dans certains Pays : « L’aide au développement pose de nombreux problèmes, dont celui de la corruption. Cet aide dirige les pouvoirs publics africains à se débarrasser des questions nationales très importantes comme l’éducation, la santé, le respect de l’environnement... qui sont là des domaines très stratégiques pour l'avenir d'un pays. Or, ils sont confiés au financement de l’aide étrangère. Beaucoup de gouvernements africains ont été amenés à considérer l'aide comme une source de revenus permanente et sûre. Ces financements dispensent enfin les États africains de lever des impôts. Or, s’il ne revendique pas d’argent à ses administrés, un gouvernement peut s’abstenir de leur rendre des comptes. Dans les années 60, l’aide étranger allait aux infrastructures, dans les années 70 vers la pauvreté, dans les années 80 vers l’ajustement structurel et dans les années 90 vers la démocratie et la gouvernance. Mais, le point fondamental est que cet argent a été toujours utilisé dans de mauvaises directions. Ce système a produit, jusqu'à aujourd'hui, de l'inflation, une dette plus lourde et une nouvelle pauvreté. Nous n'avons pas eu, dans ces dernières décennies, de véritables changements. Il est virtuellement impossible en s'appuyant sur l'expérience de l'Afrique, pour soutenir que l'aide a eu des résultats positifs.

L’Aide Fatale, Editions JC Lattès, 256 pages.

Sur la base de ce constat, Dambisa Moyo propose de remplacer l’aide au développement par des capitaux privés. Pour elle, l’Afrique a en effet enregistré depuis des années le début d’un décollage économique très perceptible. Des nations africaines, comme le Gabon, le Ghana, l’Afrique du Sud et le Botswana, entre autres, ont déjà fait recours aux investisseurs privés et ont pu émettre des emprunts sur les marchés obligataires... »…

Vous avez sans doute compris pourquoi Mme Dambisa Moyo qui s’est engagée pour bousculer le politiquement correct, en dénonçant l’aide à l’Afrique, .mérite, bel et bien, de figurer dans cette rubrique.

Si vous avez lu les livres de Mme Dambisa Moyo, n’hésitez pas à nous faire partager vos impressions et vos avis. Envoyez-nous vos commentaires, analyses et compte-rendu, etc. Nous les publierons dans nos prochaines parutions.

Léandre Sahiri

Paru au tableau d'honneur du Filament N°8



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