lundi 4 octobre 2010

Trop cher, le livre ?

A un ami, je me suis permis de demander ce qu'il pense des pages littéraires dans nos quotidiens nationaux. Voici ce qu’il m’a répondu : « Ne crois tout de même pas que je lis ce genre de trucs ! ». Est-ce parce que ces pages littéraires sont d'une indigence à faire rougir ? Pas du tout. Mon ami poursuivit : « Mon cher ami ! La plupart du temps, vous parlez de livres qui coûtent… trop cher. Des gens comme moi ne peuvent pas dépenser autant d'argent pour un livre ». Et voici la rengaine !

Les livres coûtent-ils vraiment trop cher ?
Cette idée selon laquelle le coût du livre est hors de portée de l'individu moyen est très répandue dans notre pays, et partout ailleurs en Afrique. C'est l'une des questions auxquelles les éditeurs doivent souvent répondre. Mais, pose-t-on la même question à propos d'automobiles, de téléviseurs, de réfrigérateurs ou de tous les autres gadgets que nous achetons à prix d'or ? Et pourtant, un simple exemple pour nous édifier. En valeur, un fumeur moyen (10 cigarettes/ jour. 35 F la cigarette) brûle en cigarettes (350x 30 jours = 10500 F CFA) trois bons livres par mois. Autant dire que, avec cette comptabilité, un fumeur modeste vaut un gros lecteur. On pourrait continuer la comparaison avec la consommation nationale d'alcool, évidemment supérieure, en termes de budget, à celle des livres. Or, quel que soit le prix d'un livre, il ne vaut pas la valeur de ce qu'il nous apporte. Si notre rapport au livre reste distant et fait que notre consommation en livres reste faible, c'est juste parce que nous pensons que la lecture est un passe-temps moins passionnant, moins utile que le cinéma, la télévision, les sorties, etc. Et non parce que le livre coûte trop cher. Notre rapport au livre relève ainsi d'un simple fait de représentation.

Tout dépend de notre rapport au livre.
Quelle est notre représentation du livre ? Quel est notre rapport au livre ? Quelle place occupe-t-il dans notre vie ? Une fois qu'on aura réglé ces questions, on ne pourra plus concevoir notre vie sans y inclure le livre et la lecture.

C'est-à-dire la représentation que nous avons du livre est de le considérer comme un bien inutile dans notre vie. Par le livre, on acquiert les armes essentielles permettant de comprendre le monde et la société dans laquelle nous vivons. Parce que le livre aura fait disparaître notre ignorance et notre incapacité à comprendre les choses les plus banales du fonctionnement des sociétés humaines.

Serge Grah

Paru dans la rubrique sous l'art à palabre du Filament N°8

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