dimanche 26 décembre 2010

Le livre et la paix, quel rapport

Le Livre procède comme d’un lieu vide qui lui a été aménagé pour réaliser ses prouesses. Celles-ci sont variées. Elles ont toutes les dimensions, toutes les formes, toutes les couleurs. L'impact peut être minuscule et mal discernable ou bien brutal. Le livre peut tracer les chemins d'une vocation ou modifier un engagement. Certaines personnes ont ainsi trouvé le courage de persévérer dans leur vie rien qu'en puisant des leçons d'énergie dans le Livre…
Comme on le voit, le Livre que nous lisons n’est pas à proprement parler un livre, mais une personne avec qui nous discutons et, qui nous apportent toujours quelque chose de fabuleux. Ainsi, le Livre nous éduque, nous façonne, nous modèle. Quelquefois, beaucoup plus que l’éducation familiale que nous avons reçue. Pour ainsi dire, Le livre est un ami qui nous prête une oreille attentive quand nous en avons besoin. A quelque moment que ce soit.

L’exemple de l’ouvrage « La Paix par l’écriture »

Oui, trouver la Paix à travers l'écriture
Puisque les larmes n’ont pas suffit à calmer ma peine, j’écris
Ecrire pour évacuer les maux par les mots
Ecrire pour ne pas me laisser empoisonner par ma douleur
Ecrire pour ne pas transmettre ma haine
Ecrire pour canaliser la colère que je sens monter en moi
Ecrire pour réaliser qu'au fond c’était une vilaine parenthèse
Ecrire pour Pardonner
Ecrire pour guérir
Mais écrire, surtout, pour Demain.
Est-ce cela l’intime vocation des ouvrages qui ont été écrits sur la crise ivoirienne ? Nous aider à comprendre la réalité de la crise ? Soulager notre peine… Nous emmener à pardonner ? Comment est-ce possible ? Sinon, comment faire pour que ce couple dans sa relation puisse concourir à la Paix ?
Des jeunes à travers un livre collectif dont le titre évocateur et bien à propos est « La Paix par l’écriture », nous en donnent peut-être un début de réponse. Il faut souligner que ce titre est d’abord le thème de l’édition 2007 du concours littéraire « Les Manuscrits d’Or » organisé chaque année par Vallesse Editions. Un concours qui met en compétition des jeunes vivants sur le territoire national de Côte d’Ivoire dans les genres de la Poésie, de la Nouvelle et du Théâtre. Il s’agissait pour ces jeunes de produire des textes qui soient en rapport avec la situation de crise que nous vivons depuis le 19 septembre 2002. C’est-à-dire, traiter des méfaits de la guerre, promouvoir la paix, la tolérance, le pardon, la fraternité, les valeurs morales, le respect de l'autorité du chef, etc.
Ces jeunes, pour certainement avoir été témoins ou acteurs durant les moments forts de la crise, ont su exprimer les émotions qui les envahissaient et torturaient leur âme. Ainsi, dire les mots qui accompagnaient ces émotions, a permis eux jeunes gens de mettre un terme à leur souffrance, de se libérer, mais aussi et peut-être surtout de libérer tous ceux qui viendraient à lire leur témoignage. Le but étant de faire vivre les témoignages et d'en transmettre la leçon, et dans le cas d’espèce… par
le Livre qui créerait le rempart qui empêche le mal de continuer sa course et de propager son venin.

A travers leur Livre, ces jeunes par le Livre venait de contribuer à la reconstruction d'une Côte d'Ivoire Nouvelle en tirant les leçons de ce passé récent ; ils venaient de déconstruire certaines idéologie d'exclusion, de haine et de violence. Voilà le Livre en plein dans le processus de paix.


Le Livre et la Paix

Il n’y aucun doute que le Livre puisse être non seulement d’un apport essentiel au processus de Paix, mais aussi à maintenir un climat de concorde. Mais se pose à nous une question particulièrement épineuse : comment faire en sorte que le Livre participe effectivement et efficacement à créer cet environnement de Paix ? L’évidence est qu’il faut lire. Que les leaders et autres faiseurs d’opinion créent en eux l’amour du Livre et le besoin de lire… Que les ministres lisent, que les intellectuels lisent, que les Reines, Rois et Chefs traditionnels lisent, que les jeunes lisent. En somme, que le peuple tout entier lise. Le Livre, disons la lecture et plus la Culture, nous donne des outils pour que nous devenions acteur de notre propre vie et nous offre des moyens qui nous permettent d’effectuer des choix judicieux pour nous-mêmes et pour notre Nation.
Force est donc de constater à ce niveau de notre intervention, que le Livre a un rôle fondamental à jouer dans la consolidation de la conscience
citoyenne, dans la promotion d’un comportement civique et dans l'amélioration des relations entre Ivoiriens, mais aussi de comprendre l’urgence de l’intégration des peuples comme solution à beaucoup de nos problèmes africains…

Il faut donc Lire, disions-nous. Et qu’on ne brandisse plus l’argument, de plus en plus fallacieux, de la cherté du Livre. Car si nous n’arrivons pas à développer en nous l’Amour du Livre et le besoin de Lire, même à 500 F CFA le Livre, personne ne viendra l’acheter... Quand vous allez chez certains ivoiriens et même chez bon nombres d’intellectuels, jetez un regard discret dans leur salon. Vous vous rendrez compte que la bibliothèque, si elle existe, ne contient malheureusement que de la vaisselle…des ustensiles de cuisines. Comment le Livre peut-il être vecteur de Paix si ceux auxquels il est destiné s’en désintéressent ? Voilà pour nous la question principale ? Or par le Livre, on pourrait donner aux enfants d’aujourd’hui et à ceux de demain, les armes essentielles pour comprendre la Paix et, la maintenir vivante. Parce que le Livre aura fait disparaître notre incultisme, notre ignorance et notre incapacité à comprendre les choses les plus banales du fonctionnement des sociétés humaines. Levain sur lequel poussent très souvent toutes les formes d’exclusion, de haine, d’intolérance, et finalement de guerres. S’il arrive donc aux Ivoiriens de croire que l’instruction, l’éducation, la Culture coûtent chères, qu’ils continuent d’essayer l’ignorance. Ils verront bien la différence de coût.
Qu’il nous soit donc permis, au terme de notre propos, de saluer l’initiative de l’Université Charles Louis de Montesquieu qui a engagé la réflexion autour du Livre et de la Paix, avec certainement pour ambition d’offrir aux Ivoiriens un nouvel acte civique qu’on pourrait bien intitulé : « Lire pour la Paix »… Ecrivons donc pour la Côte d’Ivoire ! Lisons pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique ! Je vous remercie.


Serge Grah
(Journaliste, Ambassadeur Universel pour la Paix).
(Extrait de Communication au Colloque "Livre et Paix",
Abengourou, le 9 août 2008



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