samedi 26 février 2011

A propos des ambassadeurs nommes par M. Alassane Ouattara.

Vendredi 28 janvier 2011. Palais de l`Elysée, Paris (France). Le nouvel ambassadeur de Côte d`Ivoire, nommé par le Président Alassane Dramane Ouattara, a présenté au Président Nicolas SAarkozy, les lettres de créance l`accréditant auprès de la République Française


La crise qui secoue la Côte d’Ivoire, depuis le second tour des élections présidentielles du 28 novembre 2010, fait couler de l’encre à flots. Les médias s’adonnent à cœur joie dans les différents soubresauts des populations ivoiriennes. L’un des faits les plus marquants des diverses péripéties de cette crise, et qui, à plus d’un titre, retient ici notre attention, est la désignation d’ambassadeurs par Monsieur Alassane Ouattara.

Nous référant à ces « ambassadeurs » nommés par Monsieur Dramane Ouattara, un petit tour dans le passé nous éclaire que, en Afrique, l’on a toujours eu recours aux échanges diplomatiques, soit pour régler des conflits, soit pour établir des relations commerciales, soit pour créer ou sauvegarder une fraternité entre deux villages, deux empires, deux royaumes ou tout simplement entre des familles. Derrière cette pratique se profilait le souci de la bonne cohabitation ou du bon voisinage. Ainsi, par exemple, pour annoncer un décès, un homme appartenant au même village maternel que le défunt, est envoyé en mission... De cette manière, l’envoyé jouait le rôle d’ambassadeur et concourait, par la réussite de sa mission à consolider la paix et l’entente... Lorsque nous allons sur les autres continents, on remarque que, dans les cités grecques, l’on échangeait des orateurs et, à Rome, des légats. Dans la majorité des cas, les missions de ces envoyés étaient limitées dans le temps, généralement selon qu’elle est urgente ou pas.

La mission diplomatique dans sa forme occidentalisée a été originellement pratiquée par l’Empire byzantin. C’est plus tard, au 15ème siècle, que les Etats italiens, qui se trouvaient très faibles et divisés, ont établi, de façon permanente, des représentations auprès des états puissants comme la France et l’Angleterre, puis dans le but d’éviter des confrontations fratricides ou des conflits avec l’extérieur. Cet exemple a été suivi par François 1er, en 1522, en Suisse, puis à Londres, à Vénice.

Partant de là, les échanges diplomatiques ont connu une grande ampleur, notamment à partir du Congrès de Vienne, en Autriche, en 1815. Une Charte des relations diplomatiques a alors été adoptée ; elle a été appliquée après sa mise à jour qui a précédé la Convention de Vienne de 1961. Depuis lors, les Etats dans le monde, fussent-ils petits ou grands, nouveaux ou anciens, tissent des liens diplomatiques entre eux et échangent des ambassadeurs.

Quel est le rôle de l’ambassadeur?

L’ambassadeur « est un chef d’un autre Etat » dans l’Etat qui l’accueille. C’est pour dire qu’il a, dans ses mains, la plénitude des pouvoirs de son Etat respectif au poste où il a été affecté. Il est celui qui défend les intérêts de son pays d’origine dans le pays qui l’accueille. Son chef hiérarchique est le Ministre des Affaires Etrangères qui, en général, agit de façon autonome dans le gouvernement, tout au moins en ce qui concerne les nominations des ambassadeurs. Voici donc le rôle classique de l’ambassadeur. Sur cette base, on distingue deux types d’ambassadeurs :

a) Le premier type comprend les diplomates de formation et de carrière. Pour comprendre ce qui précède, prenons le cas des pays francophones. Les diplomates, sont des administrateurs qui sont passés par l’Ecole Normale d’Administration (ENA) où ils ont fait des études conséquentes. Ils sont des hauts fonctionnaires et ne sont pas directement impliqués par les activités et les considérations politiques de leurs pays d’origine, c'est-à-dire par exemple agissant en tant que militants d’un parti politique. Censés être « neutres » ou « indépendants », leur mission est la défense des intérêts de leur pays. On constate malheureusement que ce rôle, a priori noble, est corrompu par certains politiques.

Le second type d’ambassadeurs comporte des « politiques », car ils sont choisis sur une base politique, généralement en rapport de leurs relations avec le pouvoir. Autrement dit, c’est le président qui, usant de ses prérogatives et pouvoirs discrétionnaires, les nomme dans des ambassades où leur poste ou mission est prioritairement politique, parfois sans rapport avec leur bacground. Dans ce sens, on retrouve dans cette deuxième catégorie n’importe qui, souvent sans aucun rapport avec la diplomatie.

A propos de ces “ambassadeurs” nommés par Monsieur Dramane Ouattara

Alors, dans le cas ivoirien, peut-on dire que les “ambassadeurs” désignés par Monsieur Alassane Ouattara respectent les critères sus soulignés? Tout de suite, nous disons : non ! Et, suivez-nous pour comprendre pourquoi. D’abord, celui qui désigne quelqu’un d’autre pour être son représentant dans une autre nation pour la défense des intérêts nationaux, doit être en possession du pouvoir étatique. En clair, il doit être le président ayant les pleins pouvoirs dans le pays d’où les ambassadeurs partent pour leurs postes à pourvoir à l’étranger. Or, ici, Monsieur Alassane Ouattara, en raison du contentieux électoral et de la crise postélectorale, ne contrôle jusque-là rien ; d’où, ses nominations d’ambassadeurs sont nulles et sans effet, même si, les pays occidentaux les « acceptent ».

De plus, dans la mesure où les ambassadeurs nommés par Monsieur Alassane Ouattara, notamment M. Ali Coulibaly en France et Mme Mama Touré, en Angleterre…, ne sont pas des diplomates de formation ou de carrière, ils ne savent pas ce qu’il faut faire dans un bureau d’une ambassade. A ce que nous savons, ces personnes n’ont jamais posé le pied là où il faut pour avoir le niveau requis pour occuper de telles fonctions.

Par ailleurs, on constate curieusement que les personnes nommées sont toutes issues de la même région que Monsieur Alassane Ouattara. Et là, personne ne crie au scandale... Bien au contraire… Et, comme le ridicule ne tue pas, et comme ils ne connaissent pas la honte, nos nouveaux « ambassadeurs » signent des documents qui ne sont reconnus nulle part, même pas en Côte d’Ivoire où les visas qu’ils délivrent n’ont aucune validité. Et, comme personne ne peut être privé de rêver, nos nouveaux « ambassadeurs » continuent de caresser leurs rêves factices et vides de sens, qui ne sont que pure folie et qui deviendront bientôt des cauchemars.

Sacrifiés sur l’autel de certains intérêts et, agissant en inconscients, ces nouveaux « ambassadeurs » sont utilisés pour fouler au pied les règles régissant les rapports d’Etat à Etat… Le monde entier regarde tout cela, fort amusé... par nos pitreries, et autres nègreries…

Sylvain de Bogou

Directeur de Rédaction

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