mardi 27 avril 2010

La nouvelle génération des pasteurs africains : un nouveau mal pour l’Afrique ?

L’Afrique prise en otage depuis des siècles par l’Occident, connaît un autre tournant non salutaire dans son état de continent dit le plus pauvre de la terre. La religion qui a joué un rôle majeur dans la soumission du continent africain, fait un grand retour sur la scène. Cette fois-ci avec une autre couleur, celle des Africains eux-mêmes. Qu’en est-il exactement ? Dans ce qui va suivre, nous allons essentiellement parler de la situation des églises africaines en Occident ou chaque mois qui naît, fait voir le jour à au moins un nouveau pasteur africain.
Un bref rappel sur le rôle joué par la religion dans la soumission, voire dans la destruction de la société africaine.
Dans les écoles, en Afrique, l’on se souvient très bien de ce que les enseignants appellent les « 3M ». A travers ceci, les historiens décrivent à leurs élèves et étudiants la manière dont les Occidentaux ont procédé pour plonger l’Afrique là où elle est restée depuis des siècles, dans la misère totale. Missionnaires d’abord, les Occidentaux ont « pacifié » les Africains en leur faisant admettre que ce qu’ils adoraient chez eux était nuisible et démoniaque. Il fallait donc adopter une nouvelle religion. Une religion aux couleurs de l’Occident. Le démon de cette religion est noir comme l’africain lui-même. D’où, il fallait à celui-ci adopter la nouvelle religion pour être sauvé de l’enfer et pour recouvrer une âme qui lui permettra d’avoir accès au paradis du blanc. Cet état de choses aura eu, par-dessus tout, des conséquences désastreuses sur les Africains. Par exemple, sur la base de ces axiomes, des lois déshumanisantes ont été instituées en Occident, dont entre autres, « le Code Noir » de Louis XIV, le Roi-Soleil. Des théories ont été élaborées, présentant les hommes noirs comme des êtres inférieurs par nature aux Blancs : « Leur nature est semblable à celle des animaux, et ils n’atteignent pas au rang d’êtres humains ; parmi les choses existantes, ils sont inférieurs à l’homme, mais supérieurs au singe, car ils possèdent, dans une plus grande mesure que le singe, l’image et la ressemblance de l’homme ». Et, de ce fait, seul le baptême à l’occidentale les sauvera de leur infériorité. C’est d’ailleurs cela qui a servi de soubassement à la traite des noirs et qui justifie que les Africains ont été baptisés et instruits dans la foi chrétienne. C’est cela même l’origine et la raison fondamentale de la présence du christianisme en Afrique.
Notre enquête nous a conduits aux Etats-Unis d’Amérique et dans cinq pays européens : Allemagne, Italie, France, Belgique et Grande Bretagne. Là, il nous a été donné de constater qu’il n’est pas de mois qui passe sans l’ordonnance d’au moins un nouveau pasteur africain. Ainsi donc, les Africains venus « se chercher », comme dirait l’autre, ont découvert une nouvelle ruche pleine de miel : le métier de pasteur.

Ces nouveaux « sauveurs d’âme » qui, sans vergogne, s’autoproclament : Révérends, Prophètes, Evangélistes, Bishops, visionnaires, etc., poussent comme des champignons. Cependant, lorsque vous prenez un bout de temps pour écouter leurs prières, vous tombez de rire, car en majorité, ils ne savent même pas lire, ne comprennent pas la Bible qu’ils portent toujours sous les bras ; une décoration toute simple. Et, ce fait est identique dans tous ces pays où notre enquête de près de trois ans a été menée. Lorsque vous leur posez des questions, ils vous induisent dans la confusion totale, parce qu’ils n’ont rien à dire et cela parce qu’ils ne savent rien de ce qu’ils prétendent enseigner. Ils font preuve d’ignorance profonde et de manque d’arguments convaincants, à tel point que vous vous demandez sur quelle base les autres Africains les suivent, s’agglutinent autour d’eux à chaque occasion et les vénèrent... Sont-ils aveugles ? Ces nouveaux oiseaux-chantres de la parole sainte sont essentiellement intéressés par la dime représentant les dix pour cent (10%) des salaires de leurs clients qui voient en eux des intouchables envoyés par Dieu pour leur ouvrir le chemin du paradis. Ces pasteurs africains encouragent leurs frères et sœurs à s’adonner à n’importe quel boulot, pourvu qu’ils viennent ensuite verser la « dîme » qui leur permettra d’aller s’asseoir à la droite de Dieu.
Un autre fait est que, chaque dimanche, après leur culte, des candidats-clients s’alignent pour exposer leurs problèmes aux pasteurs. Pour eux, les pasteurs seuls ont les solutions à leurs problèmes et les miracles pour améliorer miraculeusement leurs sorts. Les pasteurs utilisent les confidences faites par leurs disciples comme sources de révélation, pour construire leurs prédications truffées bien souvent de mensonges grossiers qu’ils appellent maladroitement des « prophéties » ou « témoignages » que, à leurs dépens et naïvement, les fidèles applaudissent.
Il faut ajouter que ces échanges ou ces exposés, après ou en dehors des cultes, sont très souvent accompagnés de « gestes » (cadeaux, argent en espèce, services, etc.). Ces candidats-clients dont la plupart sont des désœuvrés, des illettrés ou demi-lettrés, des sans-papiers ou des malades, croient que la bénédiction ou la guérison est fonction de la quantité d’argent donné au pasteur, lequel est perçu comme un être supérieur qui communique avec Dieu : plus l’on donne, plus grande est la bénédiction ou la guérison offerte par Dieu qui veille au grain...

Dans leurs prières de dimanche ou à d’autres occasions où ils apparaissent, (funérailles, mariages, fêtes d’anniversaire, match de football, etc.), certains pasteurs profitent du micro et du podium pour faire leurs propagandes, sans se gêner, et sans se soucier de « pomper l’air » à l’assistance, par des discours fumeux, hors propos ou mal à propos.
Un autre fait à signaler est que, les pasteurs, en plus des subventions que leur donnent les états de leurs pays de résidence, ci-dessus mentionnés, sont nourris et blanchis par leurs « brebis » qui, à travers eux, cherchent le chemin du ciel pour avoir la vie éternelle après la mort. C’est le pasteur qui choisit la voiture voulue et les disciples s’exécutent, alors que, de leur côté, pour se rendre au boulot et à l’église, ces mêmes clients-disciples courent après le bus et le train.
Tous ces pasteurs ont les mêmes phrases magiques : « Dieu m’a touché » ; « Le Seigneur a posé sa main sur moi », etc. Le plus étonnant est que leur Dieu ne passe pas par une autre personne pour leur annoncer la bonne et grande nouvelle qui les propulse devant la scène des clients à escroquer. C’est toujours directement que leur Dieu leur parle ; c’est le direct, le face-à-face en somme. Leurs épouses deviennent des « mamans » et ne sont plus appelées par leurs noms et prénoms consignés dans leur état-civil. Certaines d’entre elles bénéficient des services ménagers de la part des femmes des diacres et doyens des églises. Car, la nouvelle « maman » doit veiller aux petits soins du pasteur, pour faire davantage d’enfants que l’église va supporter. C’est elle qui, très souvent, joue le rôle de trésorière-comptable-banque. Nous sommes dans une affaire familiale, un vrai business où rien ne doit échapper au couple « choisi » par Dieu pour dépouiller et appauvrir encore plus les Africains qui souffrent déjà trop en Occident. Certains pasteurs poussent le comble jusqu'à avoir des maîtresses. Ils couchent et font avorter les jeunes filles de leurs églises, bien souvent avec la complicité de certains membres de l’exécutif pastoral, lesquels ne sont pas sans reproches. Les divorces ne manquent pas ou bien la « maman » se tait pour ne pas « mouiller le pain de la famille » ou encore elle se débrouille aussi avec « son petit de l’église et de nuit » qui en public, joue au « commissionnaire ». Nous sommes dans une sorte d’opéra où madame a son petit musicien et monsieur sa petite «choriste», tous les deux propulsés ministres pour faciliter les rencontres. Qui pourrait, pour une concertation impérieuse, empêcher le président de la République de voir son ministre à huis clos et même à des heures indues? Personne ! Car, c’est souvent la nuit que les grandes et graves décisions sont prises pour faire avancer la nation. Le gâteau étant bien partagé, il n’y a pas d’histoire à la maison et la destruction de l’Afrique continue. Lorsque vous leur posez le problème de l’escroquerie et des autres abus dont ils sont les uns maîtres, les autres victimes, une seule réponse tombe dans vos oreilles : « seul Dieu a le dernier mot, les humains ne peuvent pas et ne doivent pas porter de jugement. La Bible dit : Qui es-tu pour juger les autres ? »…

Encore un autre fait, c’est que ces pasteurs ont des comportements plus mondains que ceux-là mêmes qu’ils traitent… d’« hommes et de femmes du monde ». Les églises deviennent des lieux de ragots, de dénigrements et de palabres infinis. Les querelles et divisions s’élargissent entre les pasteurs parce qu’untel a pris les clients d’untel autre. Certains trésoriers volent le trésor de l’église et, pour ne pas rendre de compte, ils créent leurs églises. Une couverture tout bonnement et c’est tout. On continue les prières sous la protection d’autres pasteurs, comme si de rien n’était. Personne, pas même les victimes, ne critique, ni ne crie au scandale, puisque Dieu est le seul juge suprême et va les juger au moment venu. Des enfants suivent les traces du père, premier pasteur de la famille. Ainsi va l’église fondée par le père, gagnant en ampleur, au grand dam de l’Afrique qui a besoin de ses enfants pour sortir la tête des eaux de la misère. Si le pasteur meurt, son épouse, dorénavant appelée « maman », continue l’œuvre et cela pour dire que ce n’est plus seulement la main de Dieu qui est la seule condition pour accéder au trône. Le rôle de pasteur est devenu un héritage, zut !...

Ces pasteurs nouveaux ont aussi une dérangeante particularité. Dans leur majorité, ils ont servi les dictatures les plus féroces que l’Afrique ait connues. Ils étaient les hommes et les femmes de main qui d’Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), qui de Mobutu au (RDC, ex-Zaïre) ; qui d’Eyadema (Togo), qui de Kérékou (Bénin), qui d’Abacha (Nigeria), etc. Ils se réfugient donc aujourd’hui derrière le paravent de pasteur, sans doute pour échapper aux poursuites judiciaires, si ce n’est pour ne pas exercer d’activité professionnelle et vivre à la sueur du front des autres. Ils aveuglent même les parents des victimes et certaine de leurs victimes, avec leur « innocence comique » qui cache à peine leur tartufferie et leur criminalité. Leurs enfants qui deviennent souvent des pasteurs ont aussi la bouche bée sur les atrocités commises par leurs parents. En un mot, au lieu de se terrer, ils continuent d’assassiner l’Afrique, et cela, loin du continent. Ils oublient que la violence économique, le vol, l’escroquerie appellent la violence et la vengeance physique.

Nous disons que c’est un crime d’obnubiler la conscience d’une race avec des litanies dans le seul souci de l’exploiter et de l’exproprier, tout en sachant que, depuis des siècles, cette race se retrouve au bas de l’échelle du développement mondial. C’est aussi un crime de prétendre qu’on est muni d’un pouvoir saint capable de libérer de leurs maux ces nuées d’Africains désespérés. C’est encore un crime de voler le produit du dur labeur des pauvres femmes et hommes qui, en dépit de leur intelligence et de leurs diplômes, sont condamnés à faire les travaux de dixième degré pour survivre. C’est encore un crime d’exploiter ses semblables et ses proches en leur promettant les documents légaux pouvant leur permettre de résider en Occident, tout en sachant que l’église n’est pas le service de l’immigration et donc ne peut rien pour eux. C’est encore un crime d’user de sa position de pasteur, donc de prétendu « homme de Dieu » à qui l’on vient se confier, pour enceinter les innocentes filles qui viennent chercher le salut promis. C’est encore un crime, de la part des clients qui, même désemparés, s’offrent et offrent en victimes résignées leurs corps, ceux des membres de leurs familles, ainsi que leurs avoirs à des escrocs de tout acabit qui prolifèrent chaque jour.
Là-dessus, nous demandons aux états et autres institutions qui soutiennent financièrement ces églises d’instaurer un système de moratoire, de contrôle plus rigoureux, afin d’éviter les dérapages que nous venons de souligner. Dans le cas contraire, ces états eux-mêmes seront rendus coupables et condamnables pour complicité de vol et de viol, de fraude, voire de crime contre l’humanité ; car, ils se cachent derrière les églises pour détruire la race noire, autrement dit le continent africain.

Enfin, nous disons que c’est un crime de se faire entretenir par ses semblables, en utilisant le mensonge délibérément construit sous l’auspice du concept de pasteur. Le débat est ouvert. Exprimez-vous !

Sylvain de Bogou, Directeur de Rédaction, Le Filament.

Paru dans la rubrique Le débat du mois du Filament N°3

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