lundi 4 octobre 2010

L’échec de l’aide internationale

Les pays africains ont été contraints, au lendemain des «indépendances», d’hériter des dettes que les anciennes puissances coloniales avaient contractées pour les exploiter. A peine « libérés », ils ont été considérés insolvables par les agences de notation financière. Exceptés l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, dirigés par des autorités blanches, ils ont été quasiment interdits d’accès au marché des capitaux et ont donc été contraints de sous-traiter leur « développement » auprès des institutions de Bretton Woods.

Depuis, une source très importante de l’endettement des pays d’Afrique subsaharienne provient des prêts du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale (BM), mais également de la Banque Africaine de Développement (BAD), bras armé africain de ces institutions internationales.

Alors qu’ils s’adressent aux pays les plus pauvres de la planète, les prêts octroyés sont soumis à des taux d’intérêt scandaleux et à des conditions draconiennes pour les bénéficiaires qui se voient contraints, par ces institutions, à des politiques économiques austères devant, en théorie, assurer leur développement : privatisations massives des secteurs-clé de l’économie, désengagement de l’État des programmes sociaux (santé, éducation, etc.). Cependant, selon le propre constat de ces institutions, l’essentiel des programmes imposés ont été des échecs. L’Afrique se retrouve donc avec ces dettes, sans avoir bénéficié du moindre recul de la pauvreté.

Le revenu réel par habitant dans l’Afrique subsaharienne est inférieur à ce qu’il était dans les années 1970, plus de 700 millions d’Africains vivent avec moins de 1 dollar par jour. L’espérance de vie stagne, un enfant sur sept meurt avant l’âge de 5 ans, l’alphabétisation est inférieure à ce qu’elle était en 1980. Le secteur agricole a été décimé par les programmes d’ajustements structurels, au point que la sécurité alimentaire est très gravement menacée ; situation d’ailleurs reconnue par M. Zoellick, Président de la Banque

Mondiale, qui a fait un mea culpa public.

En ce qui concerne la Côte d’ivoire, un Ivoirien sur deux vit aujourd’hui avec moins d’un dollar par jour, soit environ 600 CFA. Le montant de la dette représente 60% de son produit intérieur brut (PIB). Et, situation totalement surréaliste, le pays peut rembourser plus qu’il ne reçoit de ces institutions si bien que, pour la seule année 2008, la Côte d’Ivoire a dû rembourser 251,8 milliards alors qu’elle n’a reçu que 60,14 milliards. On est en droit de se poser la question : Qui aide qui ?

Adjé Kouakou,
Producteur et Présentateur de l’émission AMANIEN.
Voice of Africa Radio à Londres

Paru dans la rubrique Amanien du Filament N°8

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