lundi 4 octobre 2010

Côte d’Ivoire : La débauche institutionnalisée

Dix-sept pays africains, dans une liesse fiévreuse et hérétique, fêtent les cinquante années de leur indépendance, en cette année 2010. Toute l’Afrique s’embrase aux couleurs « des cinquante années d’indépendance ».En Côte d’Ivoire, comme si l’ivresse d’un seul jour était la solution que le peuple attendait pour enfin bien respirer, des sommes faramineuses, qui n’existaient pas pour réduire la souffrance des peuples, sont curieusement trouvées et dépensées.Et pourtant, le paradoxe est tel qu’on se croirait devant une aporie et une apoplexie au même instant.

Une aporie parce qu’on se trouve totalement désarmé devant ce qui se passe dans ce pays, la Côte d’Ivoire. L’éthique, il ne faut pas en parler. Et cela va du public au privé, en passant par la famille. L’Etat, si on peut le résumer aux trois institutions suivantes : l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, est lui-même le nid de la corruption et de la putréfaction de la Côte d’Ivoire : « il faut corrompre pour vivre ou pour survivre », telle est la nouvelle donne. Et alors, on ne réfléchit plus, on ne pense plus, on n’ose plus poser de questions : « on se tait pour mieux manger ». Des enquêtes farfelues sont engagées sans aucun résultat ou si la chance est au rendez-vous, le résultat est simplement politicien. Le tout, au détriment des « sans voix » qui se contentent d’applaudir ou de défendre le « coupable blanchi » pour une question de géopolitique.

Ainsi va la Côte d’Ivoire où tout était, est et reste pourtant possible pour pousser l’Afrique en avant, au développement.

Ce qui se développe par contre est la Rue Princesse avec ses conséquences : croissance du SIDA et d’autres maladies sexuellement transmissibles (MST).

La Rue Princesse est le lieu de ravitaillement en belles jambes pour les ayant, il ne faut donc pas la toucher. Non !

L’école, il ne faut pas en faire cas. Les résultats de fin d’année vacillent entre 18% et 30%. Cela va du primaire au supérieur. Et, devant cette destruction volontaire de la production intellectuelle par des intellectuels qui avaient, pourtant, promis monts et merveilles, les parents, sans doute désabusés, continuent d’applaudir les « Sauveurs de la République » qui s’enrichissent sur leur dos et qui logent, à grand prix, leurs petites maîtresses écervelées dans les quartiers huppés de Cocody avec des 4x4 flambant neuf comme récompense des coups de rein donnés de temps en temps.

Dans les universités et écoles dites supérieures, la tête ne compte plus. La « raison » des fesses a pris le pas sur le cerveau. Seules les jambes, le visage bien maquillé et « l’approche de l’étudiante » envers son enseignant donnent droit aux bons résultats. Et, pendant ce temps, pour échapper à la règle d’or, la loi des fesses, du passage à la classe supérieure, les intellectuels et leurs amis dirigeant les institutions et les grandes boîtes étatiques, envoient leurs filles étudier en Occident. Et toujours, le peuple applaudit à cœur joie.

Nous parlons également de l’apoplexie, parce que l’état des choses en Côte d’Ivoire donne l’impression que les intellectuels au pouvoir, et cela en provenance de tous les partis politiques, sont tous devenus amnésiques. Ils feignent d’oublier que c’est grâce aux études faites (complétées ou non) qu’ils sont aujourd’hui au devant de l’Etat. Il y a donc lieu de se demander s’ils n’ont pas perdu le fonctionnement de leur cervelle. Ils choisissent d’utiliser les syndicats des enseignants comme des armes politiciennes et servent les Ivoiriens de discours creux qui montrent leurs incapacités notoires à placer la Côte d’Ivoire sur le chemin du développement tant souhaité, tant recherché et tant promis.

Mais, peuvent-ils jamais s’imaginer, du moins savoir que leurs mensonges et leur politique du ventre et des fesses prendront fin un jour et que l’histoire qui est le vrai juge, les condamnera, à jamais, sur l’autel des enfants indignes d’une République aux énormes potentialités.

SYLVAIN DE BOGOU, Directeur de la rédaction
sylvaindebogou@yahoo

Paru dans la rubrique actualité oblige du Filament N°8


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