lundi 4 octobre 2010

Pour une nouvelle image de l’Afrique

Il y a près d’une dizaine d’années, notamment les 19 et 20 avril 2002, s’est tenu à l’Université des Langues et de la Communication de Milan, au nord de l’Italie, un colloque international initié par M. Baye Ndiaye, un ressortissant sénégalais installé en Italie depuis plusieurs décennies, et qui préside le Centre d’Orientation des Etudes Africaines (Cosa) de Milan. Thème du colloque : « De l’image de l’Afrique en Europe ».

Au cours de ce colloque, les participants ont été unanimes à reconnaître que, généralement, les medias occidentaux ne donnent de l’Afrique qu’une vision négative. Les participants ont dénoncé le fait que les agences de presse d’Europe et d’Amérique ne braquent leurs caméras sur le continent africain que lorsqu’une catastrophe se produit, du moins lorsque les Africains sont confrontés à des crises graves, de quelque ordre que ce soit : génocide, rébellion, inondation, coups d’Etat, fraudes, corruption, etc. Dans cet ordre d’idées, M. Mamoune Faye, journaliste au quotidien dakarois Le Soleil, avait fait remarquer que ces médias étaient presque déçus que le Sénégal n’ait pas sombré dans la guerre civile lors de la présidentielle de février-mars 2000. On pourrait dire la même chose à propos de la crise ivoirienne : les medias occidentaux étaient mobilisés et attendaient de donner des Ivoiriens l’image d’un peuple barbare en proie à la guerre civile entre le Nord et le Sud de la Côte d’Ivoire, entre musulmans et chrétiens, etc.

Mais, à mon humble avis, le problème de l’image de l’Afrique dans les medias occidentaux se pose en d’autres termes et ne nécessite pas des colloques où l’on vient, bien souvent, se masturber intellectuellement. Je pense, en effet, que les medias occidentaux ne donnent de nous que ce que nous offrons à voir au monde. En d’autres termes, si nous nous illustrons par des dérapages et des barbaries, il est tout à fait évident que nous ne ferons que les choux gras des medias occidentaux dont la plupart font de la presse à sensation. Mais, si nos actes nous élèvent à un certain niveau, nous forcerons les medias occidentaux à donner de nous une vision positive. De ce fait, il ne faut pas imputer à l’Occident la responsabilité de nos irresponsabilités, de nos manquements, des maux que nous nous imputons à nous-mêmes. Il ne faut pas se baser sur le pseudo problème des images pour occulter les dérapages de quelques dirigeants inconscients, des tares et carences de nos sociétés. C’est une fuite en avant, c’est faire fausse route que d’incriminer, en tout et à toutvent, les Occidentaux, là où nous devons, avec force courage, faire notre mea-culpa, notre autocritique et prendre des résolutions fermes pour qu’une Afrique nouvelle émerge qui contraindra, forcement et inéluctablement, les medias occidentaux, ainsi que nos propres medias, à donner de nous une image nouvelle.

C’est ce que je pense.

Léandre Sahiri, Directeur de Publication

Paru dans la rubrique ce que je pense du Filament N°8

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Brillante reflexion à mon avis. Mise à part quelques manipulations de l'info politique, la presse européenne ne montre que ce qu'elle voie sur notre continent.

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