samedi 17 juillet 2010

Côte d'ivoire : FPI, tragédie d'un parti qui incarnait l'espoir

On a parfois besoin de vivre les faits pour y croire. Ou encore, la vie quotidienne, comme qui dirait, se révèle souvent la meilleure des écoles, voire le meilleur apprentissage. Sans cette expérience, on croit bien souvent que ce que certains disent ou racontent autour de nous n’est que du pur idéalisme ou simple utopie ou encore des fantasmes. Descendons sur terre et disons les choses plus simplement pour nous faire mieux comprendre ; n’est-ce pas là l’une de nos nombreuses missions à travers « Le Filament » ?

Ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire et tout précisément au sein du parti du Président Laurent Gbagbo, nous oblige à parler, sans tabou, du futur du FPI et de la Côte d’Ivoire après l’ère Gbagbo et surtout à revenir quelques années en arrière pour réviser les leçons de philosophie pure, de philosophie politique, de science politique et même de droit que nous buvions, avec volupté, et sans penser que, un jour, nous serions des témoins et acteurs de ce que nos différents maîtres ( que, au passage, nous saluons de nous avoir ouvert les yeux et les oreilles) tentaient, contre vents et marrées, de nous faire comprendre.

Il est très important de rappeler que le Front Populaire Ivoirien (FPI) est né d’une révolte contre les pratiques politiciennes du temps du parti unique ; des pratiques socialement et économiquement dégradantes et inhumaines de l’ancien régime, le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire) dirigé alors par le « bélier » de Yamoussoukro, M Félix Houphouët-Boigny. Le FPI est né aussi de la volonté et dans le but de « gouverner autrement la Côte d’Ivoire » (Lire à ce sujet « Propositions pour gouverner la Côte d’Ivoire» de Laurent Gbagbo). Et donc « gouverner autrement la Côte d’Ivoire », tel est le slogan qui, comme le « Yes we can » de Barack Obama, a conduit le peuple ivoirien à prendre le risque de porter M. Laurent Gbagbo au pouvoir, en acceptant ou en faisant les sacrifices exigés, allant de la perte du gagne-pain jusqu'à la perte de la vie (Kpéa Domain, par exemple). Tout le monde le sait, des foyers ont été disloqués ; des légions remplies d’espérance ont été brisées, des ressortissants de certaines régions du pays ont été frappés d’ostracisme, purement et durement, de la part des dirigeants du PDCI ; et ce, parce qu’ils avaient épousé les idéaux véhiculés ouvertement par le discours nouveau ou inédit de Laurent Gbagbo et ses camarades.

En effet, Monsieur Laurent Gbagbo promettait de changer, radicalement et positivement, la condition de vie des Ivoiriens et des Africains. A ce propos, il disait : « J’ai les hommes et les femmes pour gouverner la Côte d’Ivoire autrement » ou encore « Je mets les pieds là où je connais », autrement dit, je viens en homme d’expérience, j’ai un programme pour gouverner, contrairement à mes prédécesseurs, etc. Nous ne croyons pas qu’il ait une seule fois dit qu’il venait au pouvoir pour empirer la situation des Ivoiriens. C’est pourquoi au vu de la situation exécrable, déliquescente et nauséabonde qui prévaut aujourd’hui au sein du FPI, et partant en Côte d’Ivoire, nous ne pensons pas que M. Laurent Gbagbo devrait être, n’en déplaisent à certains, épargné de nos critiques. Il est le chef du village, il est donc entièrement responsable, comme l’étaient hier M. Houphouët-Boigny et M. Konan Bédié, de l’ivresse et de la folie devenues quotidiennetés de la part de ces hommes et de ces femmes en qui il a placé sa confiance. N’est-ce pas lui qui répétait que, pour guérir une plaie, il faut percer l’abcès ? Alors pourquoi s’émouvoir lorsque son nom apparaît dans une quelconque analyse ou une critique ? Simplement, arrêtons de donner raison à Senghor qui avait du mal à supporter la couleur de sa peau et qui, sans conscience, disait : « La raison est hellène et l’émotion est nègre ». Dépassons le culte de la personne, battons-nous pour la dignité du Noir, et de l’Africain en particulier. Que les « Gbagboïstes » voient plus loin que le bout de leur nez et qu’ils placent la Côte d’Ivoire au centre ou au-devant de leur vision politique.

Aujourd’hui, lorsque nous jetons un regard froid sur la situation qui prévaut au sein du FPI et sur celle de toute la nation ivoirienne, nous sommes obligés de conclure, sans ambages, que le train des rêves sur lequel des millions d’Ivoiriens ont embarqué, s’est transformé en un minuscule wagon de cauchemars, voire en un coma politique et socio-économique. Au FPI, de l’idéalisme socialiste prometteur, l’on est tombé dans un « matérialisme » vagabondant, nauséabond , du moins dans une aristocratie éhontée qui écrase l’Ivoirien, qui conforte la pauvreté et la misère, au point de contraindre les autres Ivoiriens à vivoter ou à se prostituer dans les écoles, sur les lieux de travail, voire dans les toilettes des immeubles aux murs verdâtres et lézardés d’Abidjan et d’ailleurs.
C’est vrai que la France fasciste continue de livrer une guerre farouche d’intérêts à la Côte d’Ivoire, depuis que Laurent Gbagbo a décidé de « gouverner autrement ». Mais, nous disons : assez ! « La guerre de la France contre la Côte d’Ivoire », pour parler comme le Président de l’Assemblée nationale, le professeur Mamadou Koulibaly, ne doit pas cacher la gangrène dans laquelle la nation ivoirienne est plongée, purement et simplement par les agissements des hommes et des femmes du FPI. Leur attitude renvoie à l’idée, du moins porte à convaincre qu’ils sont venus au pouvoir pour voler, pour piller, pour détourner les deniers publics, pour se bâtir des châteaux, pour faire de leurs enfants les seuls méritants du pays et les seuls aptes à faire de bonnes études, et ce, dans les écoles et institutions les plus prestigieuses et non moins coûteuses dans les pays occidentaux.

Pour conclure cette première partie, nous disons que la Côte d’Ivoire est très riche et que sa modeste superficie ne constitue pas un obstacle pour son développement, ni pour le bien-être des Ivoiriens. Le seul problème ou l’un des obstacles est la course effrénée et illégale vers l’enrichissement rapide qui fait fi de toute loi morale et de toute logique, qui nous éloigne des promesses d’hier, qui nous pousse au désespoir, plutôt qu’à l’espoir. (A suivre)

Sylvain de Bogou, Directeur de la Rédaction, Le Filament. sylvaindebogou@yahoo.com

Un article paru dans la rubrique Actualité oblige du Filament N°6

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