mardi 22 novembre 2011

Le mariage forcé

19 septembre 2002, 3 Avril 2003. Entre ces deux bornes chronologiques, la Côte d'Ivoire a révélé au reste du monde la trame répugnante de ses contradictions internes; ses conflits d'intérêts et ses querelles byzantines. Et, au terme de sept mois de déflagration politico-sociale, le pays de Laurent Gbagbo vient d'inventer un gros gouvernement dit de "réconciliation nationale". Les télévisions françaises et anglaises notamment, ont pris soins, en dépit d'une actualité abondante, de diffuser, à travers leurs chaînes câblées, les images de ce qui ressemble à un “mariage force” entre le Président ivoirien et la rébellion. 

Le mariage forcé

Au dernier Conseil, tout le monde était semble-t-il présent, chacun confirmé dans sa nouvelle posture ministérielle. Le tout assorti d'une invitation à la rébellion de rengainer ses kalachnikovs. Après quoi, on pouvait se tenir dans la trajectoire des caméras et se faire mitrailler par les flashs en vue de l'historique photo de famille. Le énième gouvernement de la seconde République est né. Chacun en connaît la nomenclature, même si, pour tous, sa mission relève de l'énigme. Votre navigateur ne gère peut-être pas l'affichage de cette image. 

Dans cette photo, cette image à la fois irrationnelle et surréaliste, M. Gbagbo rit largement et pour cause : il est finalement resté au pouvoir (ou dans le pouvoir) sans avoir vaincu la rébellion sur le champ de bataille. Au lieu d'une attaque frontale en effet, le Président a préféré donner à manger à ses adversaires dans le grand restaurant gouvernemental. Pour y parvenir, ceux-ci ont tué énormément, enjambé les cadavres de leurs "compatriotes", plongé le pays dans le chaos et revendiqué avec l'appui de forces étrangères, ce qu'ils ne pouvaient obtenir autrement. Quel itinéraire! 

Ils entendent maintenant se gaver du trésor public ivoirien et roter allègrement. L'appétit venant en mangeant, où vont-ils s'arrêter? Vont-ils s'emparer du restaurant?... 

Observons un peu l'équipe de M. Seydou Elimane Diarra. Il est gros comme s'il ne s'agissait pas d'un Gouvernement. Il ne manque certainement pas de faire sourire. On a l'impression, en effet, de voir deux équipes de football à quelques heures d'un derby. Et pourquoi ne pas penser à un club de rugby, quand l’on sait que c'est dans un centre de ce sport qu'a été évoquée, pour la première fois, l'idée de ce gouvernement? 

Le Président ivoirien, lui, demande à ses nouveaux collaborateurs de se mettre au travail et il sourit pendant que ceux-ci ont la mine serrée, voire l'air apeuré. Mais, dites-nous : de quel travail s'agit-il? De la mise en œuvre du programme du FPI?... J'en doute fort. Car, pourquoi et en vertu de quoi le feraient Henriette Diabaté et sa guérilla? 

En tout cas, moi, ma conviction m'incline à réaliser que ces gens ont leur programme à eux. Et, au cœur de ce programme, il y a l'avènement d'Alassane Ouattara au pouvoir. S'ils ont l'impression que la réalisation de ce projet s'avère impossible dans l'actuel gouvernement, ils mettront fin au mariage, plongeront le pays dans une autre guerre qui débouchera, croient-ils, sur la prise du pouvoir intégral.

En attendant, disons félicitation à ces mariés qui n'ont guère la même appréhension de leur union, pour le moins extraordinaire, sinon forcé. 

Bamba Abdoul Karim

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