dimanche 20 novembre 2011

Qui se réconcilie avec qui et pour quoi faire ?

Sous le règne d’Houphouët-Boigny, il y a eu une « réconciliation nationale » parce que le pouvoir s’était rendu compte de ses fautes et erreurs (« Les Faux complots »). C’était, à la limite, une manière de demander pardon au peuple et la traduction en actes de l’acceptation de ce pardon qui a été appelée la « réconciliation nationale ».

Cependant, aujourd’hui, suite à la crise post électorale, on peut s’interroger sur deux points, à savoir : Quels sont les parties en présence qui doivent se réconcilier ? Comment doit-on procéder pour se réconcilier ?

Les parties à réconcilier

Il est très important de savoir qui se réconcilie avec qui, car lorsqu’on a mal au pied et qu’on soigne la tête ou le ventre, il va sans dire que le mal ne disparaîtra pas. Ainsi, quand un pays a mal à sa classe politique, est-il nécessaire de focaliser les soins sur le peuple ? Au temps d’Houphouët-Boigny, une poignée de personnes, faisant du zèle, avaient réussi à braquer le pouvoir contre le peuple, au point que ce dernier donnait l’impression d’une citadelle assiégée.

En 2001, sous Laurent Gbagbo, la classe politique d’aujourd’hui s’était méprise sur les objectifs sociaux et avait entrainé dans sa chute morale, une partie de la population qui en était arrivée à brûler des édifices religieux et autres symboles de la civilisation et de la république. Un forum de réconciliation nationale, s’imposait donc pour recoller les morceaux et rebâtir la nation ivoirienne… A l’occasion de cette réconciliation nationale, les dirigeants s’étaient retrouvés et avaient, devant les caméras, mais surtout devant le peuple reconnu les torts et demandé pardon.

Aujourd’hui, après la crise post électorale, la nation a besoin de l’entente de tous ses fils et filles. Car, c’est en travaillant à l’unisson que le développement national peut s’enclencher. Chacun de nous a pris une part active à la déconstruction du tissu social. Or, la désagrégation de la société mine et fragilise la cohésion nationale. C’est pourquoi le renforcement de la nation est primordial et urgent pour que chacun retrouve sa place dans la société. Mais, comment y parvenir ? Autrement dit, comment doit se présenter le processus de réconciliation ?

Le déroulement des différentes réconciliations

Si l’on se réconcilie, c’est pour un but précis. Malheureusement, l’on confond, bien souvent, les conséquences de la mésentente de la classe politique (pour qui la sagesse est une denrée rarissime) et les problèmes entre les différentes composantes de la population...

Les ténors de la classe politique doivent s’asseoir et vider leurs différends. Ils sont libres de choisir la manière qui sied le mieux en cette circonstance. Mais, en vérité, eux ont d’abord besoin de réconciliation. Cette opération est impérieuse pour aller à une réconciliation nationale. Autrement dit, leur entente entraînera, par ricochet, celle du peuple et non le contraire. Parce que, en général, l’opération de réconciliation est comme la construction d’une maison. Si le terrain choisi n’est que du sable mouvant, l’édifice ne tiendra pas debout longtemps. La première analyse sera d’abord celle du sol. Ensuite, viendra le matériau de construction et la manière de confectionner l’édifice.

Après cette phase, l’on doit s’intéresser au combat d’idées dans le processus d’adhésion aux formations politiques. Sur ce terrain, l’appartenance au parti politique, il faut le dire tout net, est très axée sur le régionalisme. Beaucoup de militants des partis sont plus attachés à la personne du mentor, plutôt par affinité régionale que par attrait idéologique. Cela se remarque par les bastions des partis politiques. C’est un des facteurs dont, avant d’aller à la réconciliation, il faudra tenir compte.

La réconciliation nationale n’est pas et ne peut pas être le début, mais la fin d’un long processus, qui passe par le règlement, le dédommagement et enfin l’acceptation du vocable « pardon ». Sans ce cheminement, il n’y aura pas de réconciliation vraie. Idem de la réconciliation entre les politiques.

Ainsi donc, aussi longtemps que M. Alassane Ouattara s’amusera à se faire peur ou à se mettre de nouveaux habits d’un homme vertueux au regard de son passé de comploteur, il n’y aura pas de réconciliation. Tant que Laurent Gbagbo et ses collaborateurs seront craints, brandis comme les seuls responsables de la crise et maintenus en prison, il n’y aura pas de réconciliation possible. Aussi longtemps que les hommes et femmes politiques n’auront pas vidé leurs différends, il n’y aura pas de réconciliation. Enfin, il faudra que M. Alassane Ouattara comprenne que, c’est l’acte de contrition qui invite au pardon de l’offensé, et donc c’est à l’appui du regret du mal acté et la ferme volonté de ne plus recourir à cet état de fait, que la demande de pardon est bien accueillie.

Le pardon précède la réconciliation, mais à condition que l’auteur de l’offense prenne conscience d’avoir mal agi. Un pardon sans contrition ne vaut rien et ne règle rien en profondeur.

Julius Blawa Gueye

Paru dans Le Filament N°16

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